lundi 30 novembre 2009

& Comment leur dire?

PRÉ EN BULLES (hihihi!)
A la lecture de ce billet, certains visiteurs se poseront peut-être des questions sur ma santé mentale. Soyez rassurés, elle n'est pas en danger.
Il est donc inutile de chercher à retrouver ma famille pour la prévenir car
JE VAIS TRÈS BIEN!

Une seule chose me gêne: je ne sais pas comment leur parler...
Non, pas aux membres de ma famille (on cause beaucoup, chez nous!), mais à elles!

Qu'elles soient jeunes ou vieilles, très belles ou très laides, très bien conservées ou la mine plutôt défaite, certaines d'entre elles me parlent. A l'instant où nos regards se croisent, je les comprends et je les lis.
Oh, ce ne sont pas de longues phrases qu'elles m'adressent, non, non! Ce ne sont pas des mots compliqués ni des tournures complexes qu'elles utilisent pour me raconter leur vie.
Elles me lancent juste un petit signe, un clin d'œil, un sourire et je les comprends...
Qu'elles me regardent de leurs grands yeux de ciel ou qu'elles baissent timidement leurs paupières peintes, elles me narrent leur histoire, leurs peines et leurs joies, leurs cris et leurs murmures, leurs espoirs et leurs blessures....

Ici, c'est une date, gravée sur un médaillon avec deux initiales enlacées pour toujours;
là, c'est un rideau de dentelle ouvragée qui s'envole dans le vent du soir;
ailleurs, ce sera un dos un peu voûté ou très droit, une allure bancale ou un port de reine, des couleurs sombres ou des teintes d'aquarelle, une large cicatrice à peine dissimulée par un pansement de fortune ...

Il ne nous faudra pas grand chose pour que la complicité s'installe au détour du chemin, pour que le partage des émotions se fasse dans l'instant... D'un simple coup d'œil, je sais si elle a quelque chose à me dire, si mon esprit peut entrer en communication avec le sien, si des émotions naîtront de cette rencontre.

Le lieu où elle se trouve a aussi son importance. Perdue loin du monde ou perdue au milieu de la foule, solitaire ou solidaire, dans une clairière ou dans une zone ouvrière, au milieu d'un plat pays ou sur un promontoire, chacune d'elle saura me dire ou choisira de taire des pans de son histoire.

Parfois, quand c'est possible, je m'arrête, je regarde chaque détail, je touche, je frôle, je caresse, je fais prendre la pose pour la photo...

Étrangement, beaucoup n'ont pas d'âmes et ne me disent rien. Elles sont neutres, vides, dénuées de toute vie mais je ne saurais vous dire pourquoi elles ne me parlent pas.
Les autres, les bavardes, m'attrapent pas leur allure humble ou hiératique, par un bout de lumière accroché à leurs tuiles, par deux ou trois pierres polies par les vents, par un coin de mur égratigné par les ans, par une petite porte dérobée, cachée derrière des buissons, par la noblesse de leur douce simplicité...

Vous l'avez compris, je parle des maisons qui me parlent.
Non, non, pas question ici d'histoires de revenants, d'âmes errantes qui hantent les grandes chambres ni de fantômes malfaisants qui dansent sous les charpentes. Fi de tout cela!
Non! Simplement des maisons qui, comme une toile peinte ou comme une sculpture d'artiste, me disent leurs secrets.

Le problème, c'est que moi, je ne sais pas leur parler!
Comment leur dire que je les trouve belles, uniques, charmantes, apaisantes, rigolotes, espiègles, étranges, surprenantes, remplies de vie, pétries d'humanité... ?
Je ne sais que les regarder, les lire, les écouter et les aimer.

Mushroomhouse (par plusone)

samedi 28 novembre 2009

& Boi(te)s de nuit

Il arrive, elle le voit, elle le veut
Et ses yeux font le reste
Elle s'arrange pour mettre du feu
Dans chacun de ses gestes
Après c'est une histoire classique
Quelque soit la fumée
Quelque soit la musique
Elle relève ses cheveux, elle espère qu'il devine
Dans ses yeux de figurine

Il s'installe, il regarde partout
Il prépare ses phrases
Comme elle s'est avancées un peu
D'un coup leurs regards se croisent
Après c'est une histoire normale
Le verre qu'elle accepte, le sourire qu'il étale
En s'approchant un peu, il voit les ombres fines
Dans ses yeux de figurine

Pas la peine que je précise
D'où ils viennent et ce qu'ils ce disent
C'est une histoire d'enfant
Une histoire ordinaire
On est tout simplement, simplement
Un samedi soir sur la terre

Ils se parlent, ils se frôlent, ils savent bien
Qu'il va falloir qu'ils sortent
Ils sont obligés de se toucher
Tellement la musique est forte
Après, c'est juste une aventure
Qui commence sur le siège arrière d'une voiture
Il voit les ombres bleues
Que le désire dessine
A son front de figurine

Pas la peine que je précise
D'où ils viennent et ce qu'ils ce disent
C'est une histoire d'enfant
Une histoire ordinaire
On est tout simplement, simplement
Un samedi soir sur la terre

Pas la peine d'être plus précis
Cette histoire est déjà finie
On en ferait autant si c'était à refaire
On est tout simplement, simplement
Un samedi soir sur la terre

Ce texte magnifique de Francis Cabrel raconte avec délicatesse ce qui se passe dans les boîtes de nuit d'ici ou d'ailleurs, certains soirs, sur la Terre.

La faune nocturne qu'on y rencontre (et dont j'ai fait partie à une époque!) utilise de multiples codes de communication très efficaces en dehors de la parole (heureusement, parce qu'on a un peu de mal à s'entendre dans ces endroits fortement "décibélés"!), établit des liens de durée très variable avec les êtres présent (et parfois avec les choses!), adopte des comportements plus ou moins dangereux, respecte des rituels très précis, consomme, se déplace, échange, bouge selon le fond sonore et souvent s'endort!

En traversant dernièrement un petit bois alors qu'il faisait déjà nuit, je me suis amusée à imaginer la faune (la vraie!) vivant dans cette forêt, un samedi soir, sur la terre.

Là aussi, au plus profond de la forêt, la vie grouille et chacun se débrouille...

Les habitants des bois de nuit, tout comme les usagers des boîtes de nuit, communiquent avec leurs congénères selon des codes séculaires, respectent la loi du plus fort, deviennent victimes ou prédateurs, sont à l'affût des bruits qu'ils connaissent et s'interrogent sur les sons nouveaux, consomment ce qu'ils cherchent ou ce qu'ils trouvent, se déplacent au clair de lune, arrivent et repartent bruyamment ou discrètement, partagent un instant, une heure ou toute la nuit avec d'autres êtres vivants, ont des relations de toutes sortes les uns avec les autres...

Et le jour se lève sur la Terre...

Loups de Lune et de Soleil (par Yuumei)

& Passementerie


"Il faut être juste
avant d'être généreux,
comme on a des chemises
avant d'avoir des dentelles.
"

Chamfort (1740-1794) poète, journaliste et moraliste français

Détail de dentelle de chemise au
Musée du Louvre

jeudi 26 novembre 2009

& Lueurs sous la lune

Tous les ans, au cours de la période qui suit le changement d'heure et ce, de manière récurrente (non, pas récurante, pfff!), de nombreuses personnes pestent et râlent presque quotidiennement contre un phénomène naturel: la tombée de la nuit....
"Et y'en a marre de ce changement d'horaire...
Et y'en a marre de la nuit qui tombe trop tôt...
Et y'en a marre d'allumer la lumière...
Et y'en a marre d'être dans le noir en sortant du boulot..."

Comme il fait jour moins longtemps durant les mois d'automne et d'hiver, il va de soi, me semble-t-il, qu'il fait nuit plus tôt et réciproquement ! Cela est clair (hihihi!), pas vrai... et ça fait quand même un assez grand nombre d'années que c'est comme ça, non? Alors pourquoi maugréer?

Personnellement, j'aime bien que la nuit "tombe" plus tôt en hiver. A cause des lumières!

A la belle saison, il faut être insomniaque pour voir le grand noir profond de la nuit.
Il faut se coucher très tard ou se lever très tôt pour contempler les étoiles et la lune et pour entendre hululer le gros zibou...
Il faut être noctambule pour pouvoir admirer les illuminations autour des monuments, des châteaux, des fontaines, des statues...
Il faut faire les 3/8 pour apercevoir, une fois de temps en temps, les 'tites loupiotes allumées à l'intérieur des maisons.

Alors qu'en hiver, comme le soleil ne brille que durant une petite poignée d'heures, la nuit nous offre de longs et splendides spectacles de lumière.

Certes, les meilleures lumières sont les clairs de lune dans la nuit glacée et les constellations piquetées dans le firmament, car elles ne consomment aucune énergie électrique et ne nuisent pas au développement durable.
Toujours dans cette idée de développement durable, je n'apprécie pas du tout toutes ces enseignes lumineuses qui clignotent ou scintillent toutes les nuits pour rien : c'est pas bien du tout pour not' 'tite planète! A moins que les chauves-souris, les papillons hétérocères et les hulottes aux gros yeux (les copines des gros ziboux) ne fassent leurs emplettes la nuit dans les hypermarchés des zones commerciales...
Je trouve ridicules également, les illuminations de Noël ... en novembre!

Ici, je parle de ces lumières d'hiver qui nous font voir le monde autrement!



- Trop beau, ce palmier, là, avec les projecteurs!
- Tiens, là-haut, sur la colline, je n'avais jamais remarqué les ruines de ce vieux château!
- Ben mince, alors, il y a un mémorial à côté de ce petit village ?
- Regarde comme elle est belle cette statue! Je n'avais jamais vu qu'il y en avait une autre, plus petite, derrière.
- Ah! On voit la cathédrale depuis ici? Je n'avais jamais fait attention!
- Elle est si haute que ça, cette tour?
- Wouaouh, comme c'est beau ce bâtiment éclairé! C'est quoi?
...

De plus, et c'est sans doute une réminiscence du décor de "Bonne nuit les petits!", j'aime voir les lumières aux fenêtres des maisons. Bleutées et mouvantes autour de la télé, vives dans les cuisines, tamisées dans les chambres, les lueurs de la nuit me parlent des gens.
Parfois, mon cœur se serre quand je réalise que derrière certains de ces petits carrés lumineux se dessinent des détresses, des tristesses, des violences, des souffrances, des solitudes, des turpitudes...
...mais j'imagine aussi les histoires du soir au petit enfant qui s'endort, les histoires drôles entre amis accompagnées de bulles de champagne, les histoires d'amour avec les mains et les corps qui se frôlent puis s'enlacent, les histoires de famille autour de la table de la cuisine qui sent bon la soupe de légumes, les histoires à dormir debout, à l'eau de rose, sans fin, inoubliables, nulles, sublimes, qui défilent sur les écrans plats, les histoires virtuelles que les blogueurs du soir (salut à vous tous, amis du oueb!) écrivent en tapotant sur leur clavier dans la douceur intime de leur pièce préférée...

Profitez, profitez, des lueurs sous la lune et nous visiterons ensemble, cet été, les beaux lieux que la longue nuit d'hiver "aura" mis en lumière...

La nuit des palmiers (photo Epamin')

mardi 24 novembre 2009

& Des L pour voler

Alphabet : chapitre 12


L'aile n'ayant qu'un L, elles doivent être au moins deux pour s'envoler....
La libellule a quatre L, elle, et quatre ailes : elle vole!
La coccinelle, la sauterelle et l'abeille n'ont que deux L mais grâce à leurs quatre ailes, elles volent.

Autrefois, on l'appelait "aronde" et l'aronde n'avait pas d'L mais volait quand même grâce à ses deux ailes... Alors, pour plus de sécurité en vol (c'est qu'elle fait le printemps, elle, et qu'elle vient de loin!), on l'a dénommée "arondelle" (mais non, pas "rondelle"!) puis "hirondelle", afin que la belle ait deux L en plus de ses deux ailes.

La voiture appelée 4L a bien quatre ailes (merci à Bizen, le "visiteur carrossier"!) mais elle ne vole pas, elle, elle roule.
La grenouille a deux L mais comme elle n'a pas d'aile, elle ne vole pas.
Le château de Versailles a deux L et deux ailes mais ne vole pas, lui non plus.
L' avion n'a pas d'L mais il vole, lui, grâce à ses deux ailes.

Dans le cieL, la Lune n'a qu'un L pour Luire et le SoLeiL a deux L pour briLLer,
mais le SoLeiL est une étoiLe à un seul L alors que la Lune est un sateLLite à deux L...
Match nul! 3 L partout!

Pour finir, je vous parlerai de lui (non, pas d'elle!) : L. autrement dit Carl Linnæus.
Il a deux L et il est incollable sur les ailes des animaux.
J'ai fait sa connaissance, voilà deux ans, alors que je commençais à m'intéresser aux insectes et que je tentais de les identifier...
En effet, ce brave monsieur von Linné (1707-1778) est à l'origine de la nomenclature scientifique des êtres vivants (vous savez, les fameux doubles noms latins comme Anser anser (= l'oie cendrée), ou Equus asinus (= l'âne commun) ou encore Coccinella septempunctata (= la coccinelle à sept points) et lorsqu'on cite le nom d'un animal qu'il a nommé, on écrit par exemple:
"Homo sapiens, L. 1758"

Epaminondas blogæus, L., 2009
Epamines esperluetas, L., 2009

;o)

dimanche 22 novembre 2009

& Et le monde "s'endore"...

... quand le ciel pleure de l'or.

Presque tous les arbres sont nus dans nos paysages de ville ou de campagne et pourtant, lorsque le soleil d'automne nous offre encore quelques rayons, le monde "s'endore"...
C'est juste un mot inventé pour les besoins du moment:
endorer (s') : v. pr. intr. Se couvrir d'or de manière spontanée, en parlant d'un lieu, d'un objet, d'un paysage..



En balade cette semaine, sous un lumineux soleil d'automne, j'ai vu le monde recouvert de virevoltantes feuilles d'or: les routes et les bas-côtés, les trottoirs et les cours d'école, l'orée des bois et les rives des canaux, les versants des collines et les chemins creux, tout resplendissait sous la légère couverture dorée, miroitante sous les rayons du soleil.
Au moindre souffle de vent, sous le pied léger du passant, au passage de la bicyclette ou derrière chaque véhicule en mouvement, une valse dorée commençait et les pétales d'or, après de joyeux tourbillons allaient doucement se poser, un peu plus loin.

Et, par-ci, par-là, comme les derniers vainqueurs d'un ultime combat contre les bourrasques de vent, contre le givre du matin et les brouillards du soir, les arbres encore jaunes lançaient leur belle et lumineuse silhouette le long des boulevards et des avenues, dans la masse sombre et dénudée des bois et dans les jardins endormis.

Ce jour-là, Dame Nature a déroulé sous mes pas, un merveilleux tapis jaune, un merveilleux tapis d'or et j'ai beaucoup aimé.

Merci Madame, pour cette belle fin d'automne...

vendredi 20 novembre 2009

& Que ne suis-je la fougère ?

Pardon aux amateurs de botanique, mais je ne disserterai pas ici sur les Filicophytae, ces plantes en forme de crosse, qui rêvent depuis toujours d'accompagner le grand Saint-Nicolas dans ses tournées... (hihihi!)


Je ne vous parlerai pas non plus de l'excellent Kavanagh qui se prend pour une fougère dans son sketch sur Lassie. (Je ris encore plus quand il imite "Les Sentinelles de l'air".)

Je ne rédigerai pas de billet sur le parfum très aromatique des "savons fougère" qui sont composés de pleins de trucs odoriférants plus ou moins naturels mais pas trop de fougère...

Pas question ici non plus de décrire Fougères, cette magnifique cité médiévale, qui est un passage obligé si on est dans le secteur du splendide Mont-Saint-Michel... Le mieux, c'est que vous alliez voir par vous même!

Ben alors, de quoi s'agit-il, ici?
De ceci:

Que ne suis-je la fougère
Où sur la fin d'un beau jour,
Se repose ma bergère
Sous la garde de l'amour !
Que ne suis-je le zéphyr
Qui rafraîchit ses appas,
L'air que sa bouche respire,
La fleur qui naît sous ses pas.

Que ne suis-je l'onde pure
Qui la reçoit en son sein !
Que ne suis-je la parure
Qui la couvre après le bain !
Que ne suis-je cette glace
Où son miroir répété
Offre à nos yeux une grâce
Qui sourit à la beauté.

Que ne puis-je par un songe
Tenir son cœur enchanté !
Que ne puis-je du mensonge
Passer à la vérité !
Les dieux qui m'ont donné l'être
M'ont fait trop ambitieux.
Car enfin je voudrais être
Tout ce qui plaît à ses yeux.

Un peu ringardes les paroles, hein? Un peu vieillottes, pas vrai? Sachez que jusqu'à aujourd'hui, je ne les connaissais pas, ces paroles. Seule la douce mélodie qui les porte m'était familière et mettait des petites étoiles... et du sable dans mes yeux!

Oui, vous avez bien lu: du sable. A quel moment a-t-on du sable dans les yeux?
- lors d'une aventureuse randonnée dans les sables brûlants du désert du Sahara avec le secret espoir de rencontrer le petit Prince...
- sur les hauteurs de la Dune du Pilat, alors qu'un vent de force x soulève un à un les grains minuscules de roche...
- le long d'une splendide plage ensoleillée, au cours de vacances en famille, sur une île lointaine et qu'arrive au loin, un tourbillon de vent...
- tout près du bac à sable (sauf celui de Wikipédia!), dans ce petit jardin public, au moment où un 'tit gamin qui joue avec sa pelle et son râteau, creuse avec enthousiasme des tunnels sous la manche de son manteau...
- si vous utilisez un sablier comme un réservoir à collyre...

Mais moi, je ne vous parle pas de ce sable-là.
Je vous parle du sable des fées, de la poudre d'or des magiciens, de ce sable qu'on ne voit pas, qui n'existe que dans nos rêves, dans notre imagination d'enfant. Et lorsque j'entends cette mélodie ancienne, je la fredonne et je retrouve, dans l'instant, tous mes rêves d'enfant et ce sable magique...


C'était les débuts de la télévision: du noir et du blanc, une seule chaîne, un poste de télévision pas très grand (et pas chez tout le monde!), peu d'émissions (mais de qualité!), une mire pendant l'après-midi et la nuit, des génériques mémorables, des journalistes cravatés et des speakerines au chignon impeccable et... "Bonne nuit les petits!"

Un énorme ours en peluche avec des yeux tout ronds et une voix grave et chaude; deux gamins déjà en pyjama et en chemise de nuit (j'ai appris plus tard, grâce à un album de coloriage, qu'ils étaient de la même couleur que les petits tabliers qu'on portait à l'école maternelle: rose pour les filles et bleu pour les garçons!) et un marchand de sable, joueur de flûtiau et porteur d'écharpe (comme le Petit Prince de Saint-Exupéry); des immeubles en carton aux fenêtres allumées dans la nuit noire, quelques antennes sur les toits, un nuage... et hop, voilà son échelle.

Lorsque le nuage s'éloignait dans le ciel étoilé, le marchand de sable jouait sur son pipeau la douce mélodie "Que ne suis-je la fougère"... mais ça, je ne le savais pas!

C'était l'heure des câlins, du bisou du soir, et parfois des larmes quand c'était fini... On voyait aussi, à cette époque-là:
- le caneton Saturnin (qu'on imaginait jaune grâce aux livres qu'on nous offrait) ,
- Pollux, Zébulon et Margote dans le "Manège enchanté" du Père Pivoine,
- "Joe et les abeilles",
- "Kiri le Cown" avec la célèbre Pipelette,
- "La maison de Toutou" où Zouzou la minette ménagère , Kiki la grenouille météorologue et Toutou le chien jardinier vivaient des "aventures";
- Pépin le Bulle (je n'aimais pas trop cette série qui, dans mes souvenirs, me faisait un peu peur, je crois!)
- Titus le petit lion (trop mimi avec son ventre à l'air!)

Que ne suis-je encore, parfois, la petite fille d'autrefois!

Crosse de fougère (Wikipédia)
Mire en noir et blanc (Illustration Blogborygmes)

mercredi 18 novembre 2009

& La belle dame

Elle arriva chez nous, un samedi midi, alors que nous étions à table.

Lorsque la sonnette retentit, mon père alla ouvrir la porte. Devant lui se tenaient un homme souriant, habillé simplement et une dame bien emmitouflée et assez distante.
Ils entrèrent et, en suivant mon père, se retrouvèrent dans la salle à manger où nous étions.
Le monsieur, fort sympathique, nous salua poliment. Il nous parlait avec enthousiasme de tout et de rien mais la dame restait désespérément silencieuse. Le monsieur, très galant, aida la dame à retirer son manteau beige et mes parents les invitèrent à s'installer dans le coin le plus agréable de salon.

Peu à peu, on sentait la dame plus à l'aise, plus ouverte, plus chaleureuse mais elle ne disait toujours rien et ma petite sœur et moi étions un peu inquiètes devant cette belle inconnue muette...

Puis, brusquement,
en même temps qu'elle emplissait la pièce de sa voix grave et chaude,
la belle dame recouvrit chacun des objets de la pièce d'un voile
délicatement irisé
et notre vie devint un véritable arc-en-ciel.

La belle dame colora les ailes des papillons, mit du bleu au ciel et aux yeux des demoiselles, habilla de rouge et de jaune les forêts d'automne, éclaboussa de paillettes multicolores la piste aux étoiles...

Enfin, elle était là, chez nous, devant nous, notre première télé couleur...


Vanessa cardui - la Belle dame (photo My Uncle)

samedi 14 novembre 2009

& Mot de dot

Un jour, quelqu'un déposa dans le couloir de nos vacances, de très gros sacs, d'énormes ballots (non, non, pas des abrutis, des sacs!... hihihi!).
Intriguées, la bande de cousins et cousines que nous étions (et que nous sommes toujours, d'ailleurs!), n'avaient de cesse que les susdits sacs ne s'ouvrissent (waouh! un imparfait du subjonctif... fallait le faire, hein?).
Le sac, ouvre-toi!
Et les sacs s'ouvrirent ...
et nous nous sommes retrouvés dans la caverne d'Ali-Baba!

Des kilogrammes et des kilomètres de tissu, de voile, de dentelle, de tricot, de toutes couleurs, de toutes tailles, de toutes textures, de tous motifs... Certes, tous avaient un défaut, plus ou moins visible, mais pour une seule maille filée ou manquée, pour un dessin mal marqué, pour un biais trop droit ou un droit-fil de biais, toutes ces pièces allaient au rebut...

Par un fabuleux hasard, toutes ces merveilles étaient désormais à notre disposition: nous pouvions en faire ce que nous voulions...
Grâce à ses talents de couturière, ma grand-mère eut tôt fait de couper, de tailler, d'ajuster, d'assembler les pièces de tissu et de nous offrir gilets, pulls, ponchos, capes, écharpes et bonnets, chemises de nuit, "combines" et jupons...

Et nous?
Comme ces enfants qui trouvent au grenier une malle en osier pleine de vêtements d'autrefois, de gibus de dandy, de longs gants d'élégantes, de chapeaux à plumes, de robes du soir, de souliers de satin et de cannes à pommeau, nous vivions un conte de fée...
Les longs voiles roses, blancs et bleus, à plumetis, à franges, à paillettes, nous transformèrent en princesses des mille et une nuits, en mariées de l'an II, en impératrices des neiges...
Les tissus plus sombres réapparurent sous forme de drapeaux de pirates, de capes de Zorro, de manteaux de rois...
Les grandes pièces de tissus devinrent des tentes touaregs ou des tipis au fond du verger, les rideaux de nos scènes de théâtre, les voiles de nos radeaux de fortune, les cloisons mobiles de notre cabane, les linceuls et les suaires des fantômes de notre château hanté...
Les petits coupons de tissu habillèrent de lumière, de douceur et de chaleur nos poupées mannequins (non, non, pas celle-là, mais des autres dont l'initiale n'était pas un B...) et décorèrent la splendide maison de poupée en carton fabriquée par... moi, l'aînée! Des petits édredons moelleux sur les lits tout doux, des nappes, des rideaux, un canapé et des fauteuils confortables...

Mais ce qui nous fascina sans doute le plus, nous les filles, ce furent les dentelles.

Pendant des heures, on les démêla, tous ces mètres de dentelle (ça devait sans doute faire plusieurs kilomètres, j'en suis presque certaine!), on les tria puis on les enroula sur des bouts de cartons pour les ranger soigneusement dans "notre mercerie".

Comme elles étaient belles ces dentelles! Comme elles étaient belles!

Très fines ou très larges, vieillottes ou modernes, très ringardes ou décorées de petites perles, ces blondes, ces guipures, ces festons, ces passementeries, ces franges, des rubans, ces broderies, ces dentelles de Cluny ou de Chantilly nous donnaient l'illusion d'être des fées, des princesses, des reines. On en a cousu un peu partout, on en a habillé nos poupons et nos poupées, on les a dessinées, on les a décalquées, on les a admirées...

Et j'apprends aujourd'hui, en rédigeant ce billet, que le mot "dentelle " apparut pour la première fois dans l'inventaire de la dot de Marguerite de Valois-Angoulême, la sœur de François 1er qui fut reine de Navarre et qu'on appelait parfois Marguerite d'Alençon... comme la reine de la dentelle!

Quand je vous disais qu'on était des reines!

Dentelle de feuille (Photo Hervé)

& Rat de bibliothèque


"Quand je pense à tous les livres
qu'il me reste à lire,
j'ai la certitude d'être encore heureux!
"

Jules Renard (
1864 - 1910) écrivain français

Détail d'une statue du Musée de Cluny

mercredi 11 novembre 2009

& Du sucre vanillé

Un jour, alors que je venais de lui proposer un bol de chocolat chaud pour nous réchauffer des frimas de l'automne, elle me lança:
"Assieds-toi dans le salon, c'est moi qui fais notre p'tit chocolat, aujourd'hui!"

Et je la vis, grande dans notre petite cuisine, s'affairer entre le placard, le réfrigérateur et la cuisinière...
Les minutes passèrent et une délicieuse odeur de chocolat envahit peu à peu la maison.

Avec ce parfum si particulier, de nombreux souvenirs me revinrent aussitôt en mémoire :
- les lointains goûters de Noël à l'école, où la mandarine et la papillote avaient un goût de conte de fée;
- les retours de balade en forêt, en plein hiver, avec mon grand-père, lorsque ma grand-mère, qui avait mis nos chaussons devant le four de la cuisinière à bois, pour réchauffer nos pieds refroidis, nous attendait avec un chocolat chaud et de la brioche;
- ces quelques soirs en famille où l'on a remplacé le dîner par un chocolat chaud et grosses tartines de pain avec du beurre et de la confiture;
- les goûters avec mes élèves, dans ce petit village, lorsqu'on rentrait d'une partie de luge et qu'une maman d'élève nous apportait du lait de la ferme et des crêpes;
- les petits déjeuners du mercredi avec ma sœur, lorsque j'avais la grande responsabilité d'allumer la vieille Sauter pour faire chauffer le lait;
...

Elle arriva dans le salon avec un plateau. Deux bols fumants et une boîte de "Sablés des Flandres".
Je félicitai la "serveuse" pour la qualité de son travail et tandis que je dégustais le chaud et velouté breuvage, je la voyais, attentive à la moindre de mes réactions.

"Vraiment délicieux, ton chocolat, ma grande fille! Comment as-tu fait?
- C'est mon secret : j'ai ajouté un sachet de sucre vanillé!", me répondit-elle avec un regard rempli de fierté.

Bon, je sais exactement ce que vous allez faire, là, maintenant...
Et n'oubliez pas le sucre vanillé!

Bol (Peinture de Murielle Bresteau)

dimanche 8 novembre 2009

& Terra incognita

Le vent d'hiver est glacial et transperce sans difficultés les épaisseurs de laine dont elle a emmitouflé son corps transi; c'est qu'elle est frileuse la p'tite dame!
Ses gants de laine, pourtant fourrés et qui lui font des énormes mains de boxeur, n'empêchent pas les bouts de ses doigts d'être glacés...
Sur sa tête, elle a enfoncé un de ces gros bonnets à poils qu'on appelle chapka et en a rabattu les oreilles: c'est à peine si on lui voit encore les yeux...

Quelques heures plus tard, chaussée de toboguis, longues cuissardes en peau de rennes et transformée en épouvantail tout raide par la longue et lourde tunique en peau de renne avec gants et capuchon intégrés (c'est la clim locale!), la dame aux yeux clairs évolue sur le sol de la toundra gelée au milieu de quelques tchoums (valeur immobilière sûre dans ces contrées...) et de centaines de rennes...
Non, cette petite bonne femme n'est pas la Mère Noël qui a pris ses quartiers d'hiver pour aider son auguste époux dans ses tâches de fin d'année, non, non!


Cette femme s'appelle Charlotte de Turkheim... et ça y est, je vois certains d'entre vous qui sourient et opinent du bonnet, euh, de la chapka...

Oui, comme Murielle Robin chez ces admirables femmes rouges de Namibie ou Bruno Solo chez ces fiers et courageux guerriers mongols, Charlotte est partie à la rencontre des Nénètses, peuple d'éleveurs d'une lointaine contrée inhospitalière : le nord de la Sibérie!

Quel moment d'humanité! Quelle leçon d'humilité!

Chacune des émissions de "Rendez-vous en terre inconnue" diffusées me bouleverse, illumine mon quotidien et m'enthousiasme. Bien sûr, la noblesse, la sagesse et la beauté des peuples qui nous sont présentés me fascinent énormément. Mais c'est également l'attitude des visiteurs qui me réjouit.
Ces hommes et femmes célèbres dans notre société, qui ne peuvent aller acheter trois courgettes et un camembert au marché sans avoir à signer des dizaines d'autographes, redeviennent le temps d'une émission, de simples humains aux yeux des peuples qui les accueillent. Pas de privilèges, pas de tapis rouges hypocrites et intéressés: juste le respect mutuel de l'hôte et de l'autre dans ce qu'il est.

La dimension philosophique que la célébrité glisse dans ces rencontres me plaît beaucoup. Ces artistes repixelisés en première de couverture ou maquillés sur les plateaux pour supprimer le moindre petit bouton sur le nez se retrouvent à l'état brut, sans fards, sans prompteur, face à la vie des autres et à leurs exigences, et sont même mis parfois en difficulté.

Même si on se doute qu'au montage, un certain tri est fait avant la diffusion des images, ces émissions m'apportent une bouffée de bonheur de vivre. Les réactions des vedettes à l'annonce de la destination, leur gestes du quotidien dans des contextes si différents du nôtre, les émotions qu'ils expriment sans retenue le plus souvent me réconcilient avec le genre humain. Et mes yeux se brouillent devant les paysages, les coutumes, les regards, les gestes, les mots de ces hommes lointains si différents et pourtant, si proches de nous par leur humanité.

Télé réalité?
Oui mais celle-là me plaît car on y voit la vraie vie des peuples au travers des yeux de nos concitoyens. On y voit des hommes et des femmes qui s'adaptent à leur environnement pour survivre avec leurs familles... et l'humain sort grandi de ces épreuves difficiles et séculaires.
Aucune comparaison avec tant d'autres émissions de télé réalité où l'homme (peut-on encore l'appeler ainsi?) accepte de manger son popo du matin ou de mettre sa vie en jeu (et tant d'autres choses abjectes, humiliantes, dangereuses, in-humaines...) pour gagner de l'argent à condition qu'on y mette le prix!...

De plus, à l'occasion de ces si beaux rendez-vous, Frédéric Lopez est l'animateur par excellence pour ce genre de défi: une tête de globe-trotter (pas vilain du tout, le monsieur, d'ailleurs!), beaucoup d'humanité, le sens du partage, de l'humour et une certaine capacité à s'émouvoir...

Pour résumer: à l'inverse des frayeurs ressenties autrefois par les hommes dès qu'ils évoquaient la "Terra incognita", les "people" d'aujourd'hui qui s'embarquent pour un rendez-vous en terre inconnue éprouvent d'inoubliables et sensationnelles émotions qu'ils nous offrent en partage.

A bientôt donc, quelque part sur la terre...

jeudi 5 novembre 2009

& C'est un K celui-là!

Alphabet : chapitre 11

Il serait long, verbeux voire soporifique de vous raconter ici l'histoire du K d'autant que certains spécialistes ont très bien traité ce K .

Une jambe et deux barres oblikes: fastoche à ékrire la lettre K en kapitales d'imprimerie...
Par kontre, en anglaise, la 'tite boukle est komplikée pour les élèves ki débutent l'ékriture.

Mais kelle lettre sympathike ke ce K! Kand on la voit, on la dit et kand on la voit pas, on la dit pas.
Ce n'est pas komme ce "Q" ki fait des fantaisies selon les mots: cinQ, coQ, ça va komme ça mais pour quinze, quatre et quatorze, il faut lui ajouter un "u" au "q" (et pourkoi pas une plume, pendant k'on y est?)

Kant au "C", lui, c'est le pire:
- un koup ça fait [s],
- un koup ça fait [k],
- avec un h, ça fait "ch" ki se dit parfois [k].
Grrrr, ça m'énerve! komme diraient certains du show biz...

Ah si seulement on n'avait ke le K pour tous les mots!
Non seulement on aurait toujours le kimono, un kyste, le kangourou, le kiosque, le karaoké, le kilogramme et le kilomètre, le kiwi, le koala, le klaxon, le kouglof, le kapok, le kayak, le kiki, le kinkajou et le kir ...
mais on aurait également le kakao, le chokolat, le kafé et le sukre, le kamembert, les kloches du klocher, des kahiers et des krayons dans les kartables, le krabe, les krevettes et les ékrevisses, un klavier d'ordinateur, la konsole de jeux, le kamping, les kouches pour bébé, ...

Le K rapporte des points au sKrabble kar il est peu kourant dans notre vokabulaire.
Pourtant, nous aurions grand intérêt à l'utiliser davantage kar c'est une lettre sans malice et ki glisse un certain exotisme dans les mots k'il habite...

Bonne nuit, je suis KO!
A demain, OK?

mardi 3 novembre 2009

& Peaux d'Anne...

C'est un génie, celui du pousse-pousse, qui m'a permis de rencontrer Anne Romby.

Avec ce splendide ouvrage entre les mains, je pensais que j'avais tout vu et tout compris des techniques, de l'art et du talent de cette illustratrice... Que nenni!

J'ai ouvert ensuite le livre de "Peau d'Âne", puis " la Belle et la Bête", puis " le Prince de Venise", puis "le Fou des Fleurs" et "Zhao, l'enfant-peintre"...


Page après page, livre après livre (et je n' ai pas encore lu tous les ouvrages qu'elle a illustrés!),
je suis redevenue une petite fille qui rêve devant des chaussures en nacre, des robes en ailes de papillons, des manteaux en dentelle de feuilles, des chapeaux garnis de doux pétales de roses, des cheveux couronnés de graines qui s'envolent au vent, des feuillages d'automne incrustés dans les fibres du papier...



Chaque page est unique de beauté, de finesse, de délicatesse...
D'inspiration souvent orientale, les décors sont raffinés jusque dans les moindre détails, les paysages ressemblent à des estampes colorées et les personnages de toutes ses histoires sont dignes, gracieux et élégants.

Anne Romby dit :
"J'appelle les tissages, les étoiles, les éclipses, les chemins, les parcelles de terres inconnues, les petites maisons aux caresses du vent."

Ce qui est merveilleux, c'est qu'elle y parvient!...

lundi 2 novembre 2009

& Ainsi voyageait Nils...

...ou encore:
Heureux qui, comme Nils, a fait un beau voyage!

Non, non, il ne s'agit pas de Nils Arestrup, talentueux comédien aux rôles souvent ambigus mais de Nils Holgersson...

Quoi? Comment? Vous ne connaissez pas Nils Holgersson, "the" Nils?!

Lorsque j'ai découvert ce petit gamin, je devais avoir huit ou neuf ans et j'ai été immédiatement et à tout jamais contaminée par son extraordinaire aventure !
Non, rassurez-vous, il ne m'a pas transmis le virus de la grippe espagnole, de la grippe W0K0 (lire w zéro k zéro et non WOKO!) ou de la grippe intestinale, non, non,!
Il m'a fait découvrir, apprécier et admirer le peuple des oies migratrices...

Direction la Suède!
- Le pays des Krisprolls dont j'adore les pubs!!!,
- le pays des noms propres interminables qui roulent et roulent dans la bouche,
- le pays des petits ronds et des trémas au-dessus des o et des a,
- le pays (peut-être !) du Père Noël,
- un des pays traversés par le cercle polaire (autrement dit, on se les gèle, là-haut!),
- un des pays occupés aux origines par les Lapons (qui préfèrent qu'on les appelle les Samis mais pas Davis Jr!),
- le pays fondé en partie par Gustave Ier Vasa (la boucle est bouclée: des petits pains suédois Krisprolls, on arrive aux pains diététiques Wasa!)

Et c'est dans ce décor scandinave, sous la plume de Selma Lagerlöf, que vit le jeune Nils...
Il habite avec ses parents dans le sud de la Suède et se comporte en galopin, en polisson, en chenapan, en fripon, surtout avec les animaux de la ferme familiale.
Un jour, un tomte, petit lutin domestique des pays nordiques et très bon pédagogue, souhaite corriger Nils et le transforme en nain qui peut parler avec les animaux.

Nils se retrouve alors sur le dos de Martin, un jars qui rejoint des oies migratrices conduites par la vieille Akka, et il va, du haut du ciel, découvrir la Suède et le peuple des oies.

Les oies... mes oies...

Depuis la lecture de cette œuvre (et peut-être même avant, j'y pense maintenant!), j'aime les oies, toutes les oies qui sont un doux mélange de canard et de cygne...

J'aime l'oie joueuse du jeu qui porte son nom et qui nous fait avancer plus vite dans les cases du plateau;
- les oies historiques qui sauvèrent le Capitole (bien sûr, celles-là, on ne les a pas farcies pour Noël puisqu'elles avaient sauvé la cité et en plus... c'était en 390 avant J.-C.!);
- Amélie et Amélia Jacasse (ha! ha! qui sont-elles, ces deux jumelles?);
- les oies et leur duvet (dans un édredon ou un anorak, rien de tel pour avoir bien chaud dans les frimas de l'hiver);
- les oies et leur foie gras (j'avoue!);
- et toutes ces oies domestiques ou sauvages, blanches ou grises que l'on retrouve dans les œuvres symboliques, dans les légendes ou les historiettes.

Si j'en ai trois en terre cuite dans mon petit jardin et quelques-unes dans ma cuisine, j'aime surtout les oies du ciel.

Pour rejoindre leurs quartiers d'hiver en Espagne ou ailleurs, les oies migratrices traversent parfois mon ciel...
Comme j'aime les entendre venir de loin et reconnaître leur chant très spécifique qui annonce le spectacle...
Comme j'aime les deviner au bout de l'horizon, une Akka à la tête de la patrouille...
Comme j'aime les admirer, dans un V magnifique et bruyant, puis scruter le groupe pour repérer celles qui planent quelques instants pour se reposer...
Comme j'aime assister à la relève du "chef d'escadrille" lorsque l'une prend la place de la première pour fendre l'air à son tour et faciliter ainsi le vol de ses compagnes...

Les oies s'arrêtent peu chez nous en automne, mais parfois elles nous offrent un cadeau...
Il y a deux ans,
alors que je me baladais près d'une zone marécageuse,
j'ai entendu les cris des oies
puis je les ai aperçues,
puis je les ai vues!

Longtemps et bizarrement, elles ont tourné au-dessus de cet espace humide au lieu de poursuivre leur route vers des cieux plus cléments...


C'est alors que j'ai compris la beauté du spectacle auquel j'assistais...
Quelques oies, discrètes, avaient fait une halte dans la roselière.
Brusquement, après maintes et maintes conversations "oiseuses", les oies du marais se sont toutes envolées et elles ont rejoint en ordre parfait le groupe d'oies en vol.
Sur la photo, ce sont les trois dernières de chaque côté du V...

J'avoue que mes yeux se sont mouillés devant un tel spectacle et que j'aurais aimé, à cet instant précis, m'appeler Nils Holgersson...

Vol d'oies (photo Epamin')

dimanche 1 novembre 2009

& Maître Cornille, tu dors?

"Meunier, tu dors,
ton moulin, ton moulin va trop vite,
Meunier, tu dors, ton moulin,
ton moulin va trop fort…"


Sur les petites chaises de la crèche ou sur les bancs de la maternelle, les bambins tournicotent leurs menottes en chantonnant cette ritournelle...
Un peu plus tard, en ouvrant de grands yeux et en restant bouche bée, ils écouteront l'histoire extraordinaire du "Chat botté" et du Marquis de Carabas...
Mais cela m'étonnerait fort qu'ils croisent jamais un jour un meunier en chair et en os.
Et pourtant!

Le meunier tout comme les belles meunières sont très présents dans le répertoire des chansons traditionnelles et dans la littérature. On les trouve dans les berceuses, dans les histoires coquines, dans les images d'Épinal et dans les chansons d'amour.
Personnage important par son savoir faire, le meunier ne fut d'abord "que" celui qui savait transformer le grain en farine mais il était au service d'un plus riche que lui.
Puis, les meuniers devinrent propriétaires de leur moulin et furent enviés, respectés, craints et on les appelait "maître". On leur attribuait même certains pouvoirs magiques et on n'osait pas trop entrer dans leur moulin...

Le moulin!
Réel sujet de ce billet, le moulin, comme le pont, le puits et le château, fait partie de ces constructions humaines que j'aime beaucoup car elles mettent la science et l'art au service des humains.

A aubes (on verra ça plus tard!), à vent ou mu par la force animale ou humaine (hélas!), le moulin est une merveille de technologie. J'admire ces vieux mécanismes de transmission de mouvement qui transforment la force du vent, de l'eau ou de l'animal... en farine, en huile ou qui produisent de l'énergie.

Si mes lointaines origines flamandes (Epamin' Van den Meerdaerburrenbeckelynck) ont glissé dans mes gènes un certain goût pour la beauté esthétique des moulins à vent (j'aurais dû m'appeler Van den Demeulenaere...), je me rappelle très bien l'émotion que j'ai ressentie lorsque j'ai compris la complexité technique d'un moulin.
Elève, alors que je visitais avec ma classe le Moulin "dit de Daudet" à Fontvieille, j'ai compris... J'ai compris que les moulins à vent ou à eau servaient à quelque chose, qu'ils n'étaient pas là que pour faire beau et que les énergies naturelles qu'ils utilisaient étaient pratiques car on n'avait pas besoin de les acheter (en ce temps-là, la pollution et le développement durable n'étaient pas d'actualité!).
J'ai appris que le toit des moulins tournait pour "attraper" le vent et j'ai appris combien les meuniers avaient souffert de l'apparition des minoteries industrielles.

Tout ça pour vous dire que, contrairement à Don Quixote de la Mancha, les moulins, même les petits moulins à vent qu'on achète pour les enfants et qui tournent quand on souffle dessus... j'aime!

P.S.: Lisez ou relisez "Le secret de Maître Cornille " d'Alphonse Daudet, cela donnera encore un meilleur goût à votre pain...

Le chat botté (Le Pictographe)
Moulin grec (Photo Epamin')
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