jeudi 30 octobre 2014

& Vous entendez comme ça sent bon ?

La cuisine est immense.
La fenêtre est grande ouverte.
Le soleil d'août entre chaleureusement dans la pièce.
Dehors, les hirondelles des cheminées dessinent sans relâche des V dans le ciel bleu.
Sur la longue table, bien au centre, sur un napperon crocheté au point de Venise, un magnifique bouquet de glaïeuls colore la pièce de ces hampes éclatantes.
Le délicieux parfum d'une tarte aux mirabelles embaume l'air ambiant.
Les mouches de l'été vrombissent inlassablement puis, stupides diptères, se posent pour une petite pause sur le tortillon collant suspendu au plafond.


Devant la fenêtre, la grande pierre à eau.
Devant la pierre épaisse et massive, dans la lumière du soleil d'été, une gamine, le sourire aux lèvres, frotte, frotte, frotte.
Elle frotte de toutes ses forces dans la cuve de pierre.
Elle frotte de toutes ses forces avec une brosse à chiendent.
Elle frotte un tapis et plus elle frotte, plus ça mousse.
Et plus ça mousse, plus elle sourit...


Après, elle fera couler l'eau sur le tapis pour que toute la mousse glisse doucement vers le trou d'évacuation.
Avec la brosse, elle frottera de nouveau pour que tout le tapis soit bien rincé puis, après l'avoir essoré tant bien que mal de ses petites mains enfantines, elle courra vers le jardin pour suspendre le tapis sur la corde à linge.
Les gouttes d'eau dégringoleront le long du tapis bien propre et brilleront comme des diamants dans la lumière.
Elle rentrera et criera, toute joyeuse: " Mamie, ça y est, j'ai étendu le tapis! Tu veux que j'en lave un autre ?"

☺☺☺☺☺

La petite fille a bien grandi mais aujourd'hui encore, quand elle frotte son évier de pierre (pas une large pierre à eau, hélas!) avec une brosse à chiendent, elle entend comme ça sent bon!

La photo de la magnifique dentelle au point de Venise qui illustrait  mon billet et rendait hommage au travail admirable de toutes les brodeuses a été retirée à la demande expresse de son auteur qui a jugé que je m'attribuais abusivement son travail. 
Je le regrette car telle n'était pas mon intention.

mercredi 29 octobre 2014

& So...quoi?

Sculpture originale dans le zoo de Friguia en Tunisie
(l'artiste serait Amar Amarni )

Quand Maîtresse Jill Bill a dit "Sophronue",
Moi, Epamine, je suis tombée des nues!
Quoi qu'est-ce "Sophronue"?
Sans doute une coquecigrue!

Que nenni, c'est presque Sophronie
mais avec beaucoup moins d'habits...

L'histoire n'a rien retenu de Dame Sophronue
On ne sait rien de la belle au prénom saugrenu.
Était-elle reine, marquise ou allait-elle pieds nus?
Portait-elle velours et satin ou errait-elle nue?




 


De Sophronie, par contre, on connaît l'histoire:
Elle fit grand bruit et elle connut la gloire.
En première croisade, la pieuse Sophronie
Déroba une image de la Vierge Marie.
Condamnée au bûcher avec le preux Olinde,
Elle échappa aux flammes grâce à la belle Clorinde.
Le Tasse nous dit tout dans son épique poème
Et nous narre comment Godefroy conquit Jérusalem.
 
Mais revenons à Sophronue...

"Sophro", hmmm, ça commence bien!
L'harmonie de la conscience, ce n'est pas rien!
Elle en avait de la chance, la donzelle
De commencer dans la vie de manière si belle.

Mais pour la fin,
Comme il ne lui restait rien,
La belle ingénue
Se retrouva toute nue!

On l'appela Sophronue.

dimanche 26 octobre 2014

& Il y a pschent et pschittt

Pschent... 
Ce n'est pas parce que le Capitaine Haddock l'a ignoré de sa liste d'injures et lui a préféré "olibrius", "anacoluthe", "apophtegme" et "sinapisme" que vous n'avez pas le droit d'utiliser ce mot comme insulte: "Triple buse, bachi-bouzouk, pschent de carnaval"...
J'aime bien, moi!

Habile mélange de la Haute et de la Basse-Egypte, voici le pschent [pskent].  Je suis quasiment certaine qu’aucun d'entre vous n'a jamais écrit la moindre ligne sur le pschent pas plus que sur le pschitt, d'ailleurs... pas vrai? Et avez-vous seulement réfléchi deux petites secondes au calvaire du porteur de pschent et aux souffrances du pschitt ? Nenni!
Bande d'ingrats!

Je laisse aux émérites, éminents et érudits égyptologues le soin de vous initier aux vicissitudes de la vie de Pharaon, de vous expliquer en détail l'union de la mitre et du mortier et de vous faire porter non pas le chapeau mais le pschent.
C'est si seyant, si, si!

Moi, je vais vous parler du pschitt!

Le pschitt, à défaut d'être à l'orange ou au citron et d'être bu bien frais en période caniculaire, est également une onomatopée.

Et quelle onomatopée, me direz-vous?
PSCHIIIIIITTTTTT!
Celle que produit un petit bout de plastique, strié le plus souvent, perforé à l'une de ses extrémités, délicatement concave de l'autre et judicieusement percé d'un minuscule petit trou sur le côté, lorsqu'on lui appuie dessus pour expulser sous forme d'aérosol le mélange contenu dans le récipient sur lequel il est fixé.

Et en été, le bouton qui fait "pschitt", il s'en prend plein la tête.
A peine le libère-t-on du capuchon qui le protège ou plutôt qui l'emprisonne, qu'on l'écrabouille d'une ou de plusieurs terribles pressions du doigt pour lui faire cracher sous forme de postillons légers tout ce qu'il y a dans le ventre de la bête... Pauvre petit bouchon!

Et en été, c'est la fête du pschitt! Brumisateur d'eau, huile de bronzage, lotion anti-moustique, déodorant, mousse à raser, solution désinfectante, désodorisant, crème chantilly, médicaments... Comme il est de toutes les sorties et de tous les voyages, le pschitt est dans tous les sacs, dans toutes les valises, dans toutes les mallettes, dans tous les coffres.

Et puis un jour, comme ça, sans prévenir, quand il en a vraiment assez de se faire aplatir pour un oui pour un non, il cesse ses bons et loyaux services, il rend son tablier sa buse: il se ferme bouche!
Dès lors, on emploie tous les grands moyens pour lui faire crachouiller la moindre gouttelette: on appuie avec un pouce, avec les deux pouces, avec la paume de la main, on l'arrache brutalement de son support et on lui souffle dans les bronches le gicleur.
Damned! Le pschitt ne postillonne plus!  HS le pschitt ! Plus de PSCHIIIIIIITTTTTT! Plus de pich-pich...

Alors, après avoir mesuré l'ampleur des dommages collatéraux en secouant une dernière fois la bombe désormais inutilisable bien que remplie, on se dirige d'un pas las vers la poubelle de tri sélectif la plus proche et sans un mot d'adieu, on se débarrasse à tout jamais du pauvre flacon à pschitt.

Personnellement, je suis comme Bourvil: je préfère le piston,enfin, les flacons à piston! Ils polluent moins avant, pendant et après usage que le p'tit pschitt...

mercredi 22 octobre 2014

& Sept à dire... et il y a à dire

Zut! J'ai manqué la date...  J'aurais dû écrire ce billet en septembre, septième mois de l'ancien calendrier romain... Mais comme vous l'avez lu précédemment, septembre fut plein d'aléas...

Commençons par une énigme:
Dimanche, premier jour de la semaine, jour du Soleil.
Lundi, jour de la Lune.
Mardi, jour de Mars
Mercredi, jour de Mercure.
Jeudi, jour de Jupiter.
Vendredi, jour de Vénus.
SAMEDI: septième jour de la semaine.
Samedi, jour du sabbat, du repos, du recueillement en souvenir de la création divine...
Enfin, ça, c'était avant... c'est vieux comme Mathusalem ou Hérode!
Alors, pourquoi c'est y donc le dimanche qu'on ne travaille pas ?
Sans doute une subtile idée des grands pontes(ifes!) chrétiens pour contourner les textes bibliques à leur convenance, pour reprendre à leur compte le calendrier païen et afficher complet aux offices et pour marquer leur rupture avec le judaïsme... Il n'y a donc pas que le changement des rythmes scolaires qui a été imposé au commun des mortels... Aaaaahhh!

Bon, ça, c'est dit!

Poursuivons sur un ton plus léger: serais-tu capable, l'ami(e), là, tout de suite, de citer les sept arts libéraux... Non ? Rhôôô!
Ben moi non plus, je ne sais plus...

Et pourtant, ils furent le douloureux pensum de générations d'étudiants durant des siècles.

A l'époque des SMS, ayons une pensée émue pour tous ceux qui vécurent à l'ère de la GDR (grammaire, dialectique et rhétorique) et de l'AMGA (arithmétique, musique, géométrie, astronomie).

Astronomie... Restez le nez en l'air et regardez les 7 planètes du système solaire, les 7 anneaux de Saturne, les 7 étoiles de la Grande Ourse, les 7 étoiles de la Petite Ourse et les 7 couleurs de l'arc-en-ciel.
Pour le Petit Prince, la septième planète, c'est la Terre...

Et des trucs en pack de 7, j'en ai d'autres en magasin:
- les 7 merveilles du monde (allez, hop, encore un petit test : la réponse est ici);
- les 7 cordes de la lyre du dieu Apollon : je ne suis pas certaine que la gente féminine qui le croisait tombait en pâmoison à cause de ses cordes...
- les 7 branches d'une menorah;
- les 7 têtes de l'Hydre de Lerne (le monstre du Loch Ness n'en aurait qu'une mais il attire plus de monde...);
- les 7 vertus (un "bon" chrétien n'a pas les mêmes qu'un "bon" samouraï... mais quelles sont celles d'un "bon" humain?)
- les 7 péchés capitaux. Pas la peine de les énumérer, vous les connaissez ;o) mais je vous les montre:
 La maison des sept pêchés capitaux à Pont-à-Mousson

- les 7 cieux (ben oui, vous ne connaissez pas le septième ciel... ☺);
- les 7 archanges (Attention! Gabriel, Ouriel, Remiel, Michel, Raphaël, Sariel et Ragouël sont des archanges, "Ariel", c'est juste une lessive!);
- les 7 chakras (Youpi! mon chakra coronal (le violet), le "sasraskesasra"* est activé, tout va bien!);
- les 7 premiers félibres (ne pas confondre avec des fébriles ni défibrillateur!);
- les 7 potes de petite taille de Blanche-Neige;
- les bottes de grande taille dites de 7 lieues + les 7 garçons de la fratrie abandonnée + les 7 ans du Petit Poucet + les 7 filles de l'ogre = 28 kilomètres
- les 7 collines de Rome;
- les 7 collines de Paris (voui, nous aussi, nous avons nos 7 collines : Chaillot, Champ l'Evêque (=Père-Lachaise), Montsouris, Montmartre, la Butte aux Cailles, Ménilmontant et Montparnasse);
- les 7 familles de frises
- les 7 femmes de Barbe-Bleue;
- les 7 fées-marraines  de la Belle au bois dormant;
- les 7 mouches tuées en une seule fois par le "Vaillant Petit Tailleur";
- la somme de deux faces opposées d'un dé (vous pouvez vérifier);
- la décoration naturelle d'une Coccinella septempunctata (plus commune que la Psyllobora vigintiduopunctata);
- le 7 de carreau, le Nain Jaune en somme; 
- Lana Korète**, ascète et Georges à Sète
- et les meilleurs pour la fin : Pierre, Jeannette, Jacques, Babette, Georges, Pam, Colin... l'irremplaçable "Clan des 7";

...et nous, les 7 cousins: Sœurette, Cousin Cow-boy, Cousinette, Cousin Brouette, Cousin Filou, La Petiote et Ep', honorée d'être l'aînée et de les avoir tous vus grandir...

Sept à vous...

* = "ça sera ce que ça sera" mais le vrai nom du chakra de la couronne est le SAHASRARA, lotus aux mille pétales
**Lana Korète n'existe pas... c'est l'anachorète 

mardi 21 octobre 2014

& L'art de rire

Au regard des semaines folles qui se sont écoulées depuis la rentrée du 3 septembre, je me félicite chaque jour de l'immense propension que j'ai à rire de tout et de rien car sans mon goût immodéré pour l'autodérision, l'humour simple et bon enfant et sans mon esprit bourvilien, soit il y aurait du sang sur les murs de mon école, soit je serais morte... voire les deux!

J'ai l'immense chance d'avoir cette année une classe d'élèves motivés et motivants, enthousiastes et enthousiasmants mais en dehors de la classe, Madre de Dios!
¿Que pasa?
Le changement des rythmes scolaires ? 
L'annihilation de nos cerveaux par les inepties qui passent en boucle sur tous nos écrans (le paquet de chaînes à éviter devient impressionnant!) ? 
Les manipulations journalistiques utilisées pour (dés)informer les pauvres gueux que nous sommes ?
Trop de sel, trop de sucre, trop de gras ?
Pas assez de légumes et de fruits moches par jour?

Quelle est la sombre et dangereuse origine des comportements humains surprenants qui sont mon lot quotidien depuis la rentrée ? 

Au cours des sept semaines qui viennent de s'écouler, pas un jour ne s'est déroulé sereinement, pas un seul!
Entre
les accidents,
les dossiers de plus en plus lourds d'élèves à besoins particuliers,
les appels téléphoniques intempestifs de parents durant la classe,
les "je ne mettrai pas mes enfants mercredi à l'école",
les confusions de plannings des uns,
les problèmes de bus en retard pour les autres,
les erreurs d'inscription à la cantine ou au périscolaire,
les salles de sports fermées,
la photocopieuse en panne,
les WC qui fuient,
les gamins en retard (c'est bibi qui caracole dans les deux étages pour ouvrir aux galopins dont les parents "n'ont pas réussi à habiller la petite sœur" (sic!)),
les longues et injustes diatribes parentales à lire dans le carnet de liaison auxquelles il faut répondre immédiatement avec courtoisie,
les cartables perdus,
les gamins oubliés,
les élèves au comportement et au vocabulaire "inattendus" soutenus par les parents,
les élections de parents d'élèves sans parents d'élèves,
les commentaires désobligeants sur tout et sur rien,
les trois planches à installer devant le portail les jours de grosse pluie pour faire un passage à gué,
les mouches invasives,
les sites administratifs piratés donc inaccessibles mais indispensables,
les personnes ressources absentes,
les incompétences flagrantes,
... (liste non exhaustive!!!!)

je dois faire fasse et faire classe !
Si, si.
Par semaine, j'ai une seule journée sans classe mais ce jour-là, il faudrait que je m'installe une petite caméra sur l'épaule juste pour raconter mon emploi du temps en images.

Mais yé m'en fous!

Quand je perçois dans mon périmètre vital
le lancement imminent d'un gaz abrutissant,
l'approche d'un évènement démoralisant, 
l'arrivée inopportune d'une escadrille de malotrus mal embouchés,
l'atterrissage impromptu sur mon bureau d'un message chronophage,
l'envol de propos diffamatoires sédentaires ou migrateurs,
je dégoupille immédiatement une grenade hilarante et le trait d'humour lancé dédramatise très vite la situation.

C'est donc le sourire aux lèvres que je fais fi des coups bas, des escaliers montés et descendus plus de dix fois par jour, des remarques insultantes, des pauvres gamins mal élevés (ce n'est pas de leur faute!), des pannes d'ordi, des ordres et contre-ordres, des pavés dans la mare, des grains de sable dans les rouages... et comme je ne veux plus gaspiller d'énergie pour rendre intelligents les adultes abrutis (vous avez remarqué, je n'ai pas dit un seul gros mot dans tout mon billet et pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque!), toute seule, dans mon bureau, contre vents et marées, un peu comme en haut d'un phare, je me marre!

Rire, c'est bon pour

Billet amicalement dédicacé 
à tous les directeurs et à toutes les directrices d'école


lundi 20 octobre 2014

& C'est Phora ou pas ?





Il était deux bergères*
Vêtues de belle manière
Qui gardaient les moutons
Comme dans la vieille chanson.
(et ri et ron, petit patapon!)

Jethro était leur père
Et dans le grand désert
Pour leur petit troupeau,
Elles cherchaient un point d'eau.

Près du puits salvateur,
Se tenaient des pasteurs
Qui, las, les repoussèrent
De vilaine manière.

Sous leurs mèches rebelles,
Les belles demoiselles,
Toutes ornées de cerises,
Étaient bien dans la mouise.

Ayant quitté le Nil,
Il arriva tout pile
Le grand sauvé des eaux,
Le sauveur des agneaux.

D'un bon coup de houlette
En pleine margoulette,
Il vainquit les affreux
Qui rentrèrent chez eux.

Il défendit les belles,
Libéra la margelle,
Puisa au fonds du puits,
Abreuva les brebis.

De retour vers leur père,
Elles contèrent leurs misères…
Et Jethro, tout ému,
Remercia l'inconnu.

Il n'était pas question
D'agir par omission:
A Moïse, il donna
La belle Séphora!


* Botticelli en a oubliées cinq car les filles de Jethro, paraît-il, étaient sept en tout et non deux! Une chose est sûre: Botticelli ne pouvait, à l'époque, toucher le moindre dividende sur la célèbre chaîne de parfumerie... D'où vient donc ce parti pris? ;o)


MIC du 19/05/2014
mot: omission
image: Les filles de Jethro par Botticelli
citation : Dans toutes les larmes s'attarde un espoir. - Simone de Beauvoir
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