vendredi 31 janvier 2014

& Aujourd'hui, si...

Pour lui faire plaisir et la voir sourire,
je lui offrirais aujourd'hui :
- des oiseaux de papier et trois brins de muguet,
- un bouquet de pivoines et un beau tablier,
- des sucres emballés, une balade en ballon,
- une grande palmeraie et de jolis chaussons,
- un chemisier de dentelle et des peignes à cheveux,
- tous nos rires d'enfants et un hortensia bleu,
- des chocolats pralinés, une valse de Vienne,
- des pâtes à mâcher, une pèlerine de laine,
- un crayon à sourcils et un dé tout doré,
- un billet de train, un pot de Ricoré,
- une lime à ongles et un panier d'oranges,
- un étui à lunettes et nos pas dans la neige,
- d'énormes rochers, des mimosas en fleur,
- les étoiles du ciel et aussi tout mon cœur.



Je lui dirais "Bon anniversaire, Mamie!"
et je l'embrasserais...

...si elle était encore là!

Billet déjà publié le 29 janvier 2010.
Aujourd'hui, ma Mamie aurait eu 101 ans! Je pense à elle !


Mamie en belle demoiselle (Photo Epamin')
Vieille photo magnifiquement restaurée par la maman de mon petit-fils, donc ma fille!
Un grand merci à elle!

mercredi 29 janvier 2014

& I'm happy (2)


Je suis heureuse quand ma fille sourit
et quand la lune ronde et blonde éclaire doucement ma vie.

Je suis heureuse quand mon petit-fils me dit "Mamie" et me prend par la main
et quand la rosée glisse des perles d'eau sur les feuilles du mûrier de mon jardin.

Je suis heureuse quand M. Ep' me regarde avec ses yeux d'or
et quand l'horizon s’éclaire de rose et de mauve à l'aurore.
 
Je suis heureuse quand je pense à mes parents au bord de la mer
et quand je tape sur mon clavier de la prose ou des vers.

Je suis heureuse quand j'embrasse ma Cathou, ma sœurette
et quand un petit lutin m'offre un bouquet de pâquerettes.

Je suis heureuse quand l'alouette chante au-dessus d'un champ de blé piqueté de coquelicots
et quand le soleil s'endort en embrasant le ciel de notre monde si beau.

 Je suis heureuse quand je déroule et que je grignote un rouleau de réglisse
et quand l'air embaume l’œillet, le mimosa, le muguet, la violette ou le lys.

Je suis heureuse quand un de mes élèves s'écrie: "Ça y est, maîtresse! J'ai compris!"
et quand le linge qui sent le propre claque sous le vent d'été l'après-midi.
Je suis heureuse quand ses petits bras d'enfant s'enroulent autour de mon cou
et quand l'été, chez mes parents, j'entends chanter lei cigalouns.

Je suis heureuse quand une belle rencontre agrandit le puzzle d'Epamine
et quand je partage ici ou ailleurs des moments emplis de vitamines.

Je suis heureuse quand je trouve une petite surprise sous mon oreiller
et quand les martinets virevoltent sans fin au-dessus des toits ensoleillés.

Je suis heureuse quand j'apprends encore un mot nouveau
et quand j'attrape les insectes, les pierres, les gens, la vie avec mon appareil photo.
 
Je suis heureuse quand je savoure une poignée de framboises
et quand un enfant sourit en levant son ardoise.
 Je suis heureuse quand je lis "Le Château de ma Mère " ou " La Gloire de mon Père"
et quand je mange des pâtes avec des tonnes de gruyère.

Je suis heureuse quand le ciel résonne du "grou" en V des grues cendrées
et quand la lumière du soir dessine de douces ombres allongées.
 Je suis heureuse quand je caresse l'écorce d'un chêne, d'un pin ou d'un bouleau
et quand je rafraîchis mon gosier avec un grand verre d'eau.

Je suis heureuse quand je marche dans l'herbe pieds nus
et quand je croque tout cru le petit cœur blanc d'une laitue.

Je suis heureuse quand j'entends des enfants rire
et quand je regarde ceux que j'aime paisiblement dormir.
 Je suis heureuse quand j'écoute la Toccata, Vivaldi ou les voix de là-bas
et quand je lis les mots de Bobin, de Jacquard, de Reeves ou du Dalaï-lama.

Je suis heureuse quand je marche dans la neige
et quand je regarde de belles images orangées, bleues, grises ou beiges.

Je suis heureuse quand j'ai les pieds dans mes bottes et les mains dans la terre
et quand je songe à Mamie et Pépère.

 Je suis heureuse quand je marche, je cours, je chante et je danse
et quand je me balade en voiture en traversant la France.

Je suis heureuse quand je sifflote le matin dans les couloirs de l'école
et quand je vois des vaches dans les prés qui caracolent.
Je suis heureuse quand je lis vos commentaires
et quand je découvre tout ce que ma belle et grande fille sait faire.

Je suis heureuse de sourire, de rire, de bien vieillir,
Je suis heureuse de vivre!

Be Ep'y !

 La bande annonce d'un film qu'il faut absolument que je vois... ne serait-ce que pour cette leçon de flamenco...

jeudi 23 janvier 2014

& I'm happy (1)


Un matin, dans ma salle de bains, j'ai entendu ça:



Vous savez ce qu'il dit, ce gars sympathique?
Because I’m happy…
Come along if you feel like a room without a roof
Because I’m happy…
Clap along if you feel like happiness is the truth
Because I’m happy…
Clap along if you know what happiness is to you
Because I’m happy…
Clap along if you feel like that’s what you want to do...

Parce que je suis heureux
Viens avec moi si tu as besoin d'air libre
Parce que je suis heureux
Claque des mains avec moi si tu penses que le bonheur est la seule chose vraie
Parce que je suis heureux
Claque des mains si tu sais ce qu'est le bonheur pour toi
Parce que je suis heureux
Claque des mains avec moi si c'est ce que tu veux aussi

Alors, dans ma salle de bains, pourtant toute petite, j'ai commencé à battre des mains et à bouger parce que cette musique m'a rendue toute gaite...

Et en cherchant les paroles de cette chanson, je découvre que l'artiste, Pharrell Williams, dont le clip "Happy" ne dure que 4 minutes, a eu l'idée géniale de faire danser des dizaines de personnes dans la rue, dans des couloirs, dans des ateliers, dans des salles de sports, dans des jardins... pour en faire un clip de 24 heures* !... "24heuresdejoie"  soit 360 fois les 4 minutes du clip original

Jeunes, très jeunes, vieux, très vieux, minces, gros, laids, beaux, noirs, blancs, jaunes, métis, blonds, chauves, roux, bruns, teints, tatoués, frisés, hirsutes, barbus, tondus, rasés, en tenue de soirée, en bleu de travail, en jogging... tous ces humains dansent, bougent, chantent, sourient, s'amusent! 
Du bonheur ! 
Que les danseurs soient des artistes ou de simples passants, peu importe car on les sent tous emportés par la musique et ils nous entraînent avec eux dans leur frénésie. 
Pour certains, faire les fous pendant 4 minutes, c'est naturel, pour d'autres, ça épuise...

Je vous laisse être heureux pendant 24 heures et je vous dirai, dans mon prochain billet, ce qui, à part cette musique, me rend heureuse ...

Be happy!


* et en plus, ce sont des Français qui ont réalisé ce très long clip! Chapeau à eux!

dimanche 19 janvier 2014

& In the box


"Tiens, un paquet!
Ce n'est ni ma fête, ni mon anniversaire; je n'ai passé aucune commande et le Père Noël est passé le mois dernier... Pourtant, il y a un colis dans ma boîte aux lettres! Qu'est-ce que c'est que ce paquet ?" 

Un p'tit coup d’œil sur le tampon : Roanne... Jamais mis les pieds!
Le nom de l'expéditeur ne me dit rien non plus.

Alors, aussi impatiemment que mon petit-fils le soir de Noël, j'ouvre le paquet et j'ai la surprise de découvrir un très grand plumier en bois léger, magnifiquement décoré.

Un plumier en bois pour une instit, c'est plutôt une bonne idée, non ?

Sauf que cette jolie boîte colorée n'est pas un plumier mais... une boîte à chapeau de 9x10x32 cm!

A l'intérieur de l'étroite boîte, roulé comme un burrito, un montecristi ! Mais non, pas Monte-Cristo (dommage, ça rime avec "burrito" !) un montecristi !
Le montecristi : un truc en paille, une p'tite babiole sympa qu'on peut rapporter comme souvenir de voyage...

Pour fabriquer vous-même ce petit truc en paille, voici une petite recette transmise de génération en génération dans chaque famille, par la mère, par le père, par Tío Pablo ou par Abuelita Palomita.
Attention, il ne s'agit pas de n’importe quelle paille, c'est de la Paja Toquilla, olé!
Coupez dans votre jardin quelques bottes de jeunes pousses de Cardulovica Palmata. Si vous n'en avez pas, prenez votre âne et allez en acheter au marché le plus proche.





Avec une petite lame, incisez chaque feuille et effilochez-les soigneusement.
Dans une grande marmite, faites blanchir les filaments verts durant 15 minutes dans une grande quantité d'eau bouillante.
Dans votre jardin (ou celui de votre voisin !), étendez la paille au soleil pour la faire sécher.

Votre paja toquilla est maintenant prête à être tissée... Selon la qualité de votre paille, votre talent de tisserand, la finesse du tissage et le temps de fabrication, votre truc en paille aura plus ou moins de valeur.
Commencez à entrelacer le plus finement possible les brins de paille, mais vraiment finement...
Déposez la couronne tissée sur un gros billot de bois cylindrique en l'ajustant avec soin.
Posez un gros morceau de bois sur la couronne. Par-dessus, posez un autre morceau de bois sur lequel vous vous appuierez pour continuer à tisser en suivant la forme du billot du dessous. (Pensez à mettre un petit coussin!) C'est pas clair ? Alors regardez les images...
Entourez votre travail avec une lanière pour le maintenir sur le support.
 
Quand le tissage est fini (le travail peut durer de 1 à 4 mois...!), vous lavez, vous brossez, vous coupez les bords, vous enfumez avec du soufre, vous relavez, vous laissez tremper, vous laissez sécher à l'air libre, vous repassez, vous mettez en forme, vous ajoutez un ruban...

Vous avez compris ce qu'est le truc en paille ?

Jadis, lorsque les impitoyables conquistadores espagnols arrivèrent avec leur redoutable esprit de conquête sur les côtes équatoriennes, ils observèrent les surprenants couvre-chefs des indigènes qu'ils croyaient fabriqués avec la peau des ailes de chauves-souris. Puis ils remarquèrent le talent des indigènes à tisser la paille comme on tisse le jute, le chanvre, le lin.
Beaucoup, beaucoup plus tard, en 1855, lors de l'exposition universelle de Paris, ce "chapeau de paille" fit une entrée spectaculaire dans le monde. Mais c'est lors de l'inauguration du Canal de Panama en 1913 que Teddy Roosevelt a appelé par erreur chapeau de Panama le splendide chapeau fabriqué en Équateur qu'on lui a offert... Quel manque de tact, franchement! Il y a tout lieu de penser que son directeur de la communication s'est fait virer pour cette erreur diplomatique!
 
 
 Bon, ce long billet était juste destiné à vous faire connaître le travail exceptionnel de toutes ces familles équatoriennes qui gagnent une misère pour tisser ces merveilleux chapeaux qui sont vendus au travers du monde jusqu'à mille euros (voire plus) et que l'on ne voit que sur les têtes des célébrités...
Le commerce équitable, ça marche un peu pour le riz, pour le thé, pour le chocolat mais pas pour le panama...



Au fait, je n'ai jamais reçu de paquet expédié par la chapellerie Traclet et pour jardiner, je porte bien un chapeau de paille sur la tête mais ce n'est ni un brisa, ni un cuenca et encore moins un montecristi...
Tissage montecristi à droite : pas possible de faire plus fin !

samedi 11 janvier 2014

& Carrément beau !

Bijoux originaux de la Mneemusine
Avant d'habiter avec lui, j'ai réussi, à plusieurs reprises, à apercevoir furtivement d'autres beaux costauds comme lui par des portes entrebâillées et lorsque l'occasion s'est présentée, j'avoue que j'en ai admiré d'autres, sans chercher à être discrète, surtout lorsqu'ils étaient brillants ou encore humides sortant de la douche...  

Il faut dire qu'ils ont un charme certain et que quelque soit leur gabarit, ils savent séduire! Certaines les trouvent un peu ringards sur les bords et critiquent leurs imperfections, leurs petits défauts mais moi, je les adore et ils me réjouissent.

De plus, malgré leur abord très froid voire glacial, ils apportent à l'endroit où ils se trouvent une certaine chaleur, une touche personnelle parfois un peu désuète mais qui ne peut laisser indifférent, pas même ceux ou celles qui les regardent de haut. 

Malgré les ans, ils savent préserver l'éclat de leur jeunesse car ils aiment s'entretenir pour garder la forme et leur joli teint coloré.

Celui qui partage mon quotidien est simple mais très agréable à regarder. Il a, comme moi, quelques rides dans les coins de ses yeux et par-ci, par-là quelques petites taches de vieillesse et des cicatrices, mais qu'importe !
Il a traversé les ans et je l'aime pour tout ce qu'il porte en lui!

Il a été fabriqué à partir d'un moule dans lequel on a versé plusieurs pâtes colorées. Par-dessus, on a fini de remplir le moule avec du sable et du ciment puis on l'a compressé.

Qui est-ce ?
Non, non, il ne s'agit pas de Monsieur Ep', bien que de nombreux détails de mon billet puissent le décrire...
Il ne s'agit pas non plus des ravissants pendants d'oreilles présentés ici juste pour vous induire en erreur...
Il s'agit des carreaux de ciment de mon couloir, datant, comme la mémère de ma salle de bains, d'une centaine d'années.
Ils sont décoratifs, aussi beaux que des tapis d'Orient et leurs rosaces, leurs coloris d'autrefois comme leur douce patine donnent à mon vieux couloir un petit charme d'antan et j'avoue que j'aime les histoires qu'ils me racontent à commencer par leur fabrication....

Cliquer pour voir
Fabrication de carreaux de ciment 

vendredi 3 janvier 2014

& Un doux brin de fantaisie

L'allure élancée et très féminine, vêtue d'une légère mais seyante tenue blanche, ornée de boucles, de broches et de fermoirs finement ciselés, la taille élégamment corsetée,  je viens juste de débarquer dans cette forêt... mais je ne sais ni où je suis ni où je vais. 
Cheveux au vent (bien que courts!), je cours en tous sens dans cet univers que je ne connais pas mais qui m'enchante à chaque pas.

Tout est magnifique dans cette gigantesque forêt qui m'accueille mais dont je ne parviens pas à sortir. De la moindre brindille à l'arbre roi de la forêt, de la profonde couleur des feuillages aux délicats coloris des fleurs, de la lumière de l'aube à celle du soir où les ombres s'allongent, chaque détail est un plaisir pour les yeux. Souvent, je m'arrête pour admirer la magnificence du lieu et pour la fille de la forêt que je suis, tout m'est ravissement.

Hélas, malgré la beauté du lieu, force m'est de constater que je suis complètement perdue. Pas âme qui vive, pas la moindre indication... Je commence à désespérer...

C'est alors que, comme dans un conte, une petite fée, ma marraine, apparaît à mes côtés. Elle me rassure, me raconte ce que je dois savoir et me prenant par la main, guide mes premiers pas dans cet univers fantastique. Avec patience et bienveillance, elle m'apprend à marcher droit, à me servir d'une carte, à emprunter le bon chemin, à parler aux bonnes personnes et à éviter les pièges. Pas à pas, elle m'entraîne vers d'autres mondes tous plus beaux les uns que les autres.
Elle me fait découvrir des lieux magiques, des paysages enchanteurs et des rivages scintillants; elle me fait sauter dans les ruisseaux et les fontaines claires, marcher sous une pluie d'étoiles et emprunter des ponts de lumière; elle me conduit dans des forteresses imprenables et des villages au charme désuet; elle me présente d'étranges créatures aux noms venus d'ailleurs et ouvre devant moi des portes secrètes...
Échoppes, moulins, tours gigantesques, palais impériaux, cascades, ruines, clairières, embarcations, déserts, brumes, éclairages, cristal magique... je n'ai pas assez de temps pour tout voir. Dans ces mondes inattendus où je croise de temps en temps de surprenants équipages, tout me fascine : les personnages, les animaux, les costumes, les textures, l'architecture, les reflets...
Et ma petite fée répond sans se lasser à mes questions naïves tout en veillant à ce qu'il ne m'arrive rien de fâcheux.
Soudain, devant une immense et splendide bâtisse, je croise un personnage qui me salue fort courtoisement; sans doute une connaissance de ma marraine qui a la gentillesse de me souhaiter la bienvenue ! En suivant les consignes de ma fée, je réponds avec amabilité au salut de l'inconnu qui retourne sans tarder à ses occupations...
Tout est incroyablement mystérieux ici mais même si je ne sais pas encore quelle y sera ma vraie place, je m'y sens vraiment bien.
Un jour, j'espère, je pourrai vagabonder seule dans cet univers, sans l'aide de ma bonne marraine.
Je prendrai le temps de regarder, d'admirer, de visiter ces mondes si beaux et peut-être, y rencontrerai-je certains d'entre vous...

Il y a longtemps, c'est moi qui ai appris à marcher à ma petite fée, ma marraine; c'est moi qui lui ai montré comment choisir le bon chemin, comment parler aux bonnes personnes, comment être polie; ensemble, nous avons franchi des ponts et sauté dans les flaques; ensemble, nous avons déballé notre premier ordinateur; ensemble, nous avons découvert Versailles et le Mont-Saint-Michel; ensemble nous avons contemplé les arcs-en-ciel, la lune et les étoiles et nous avons découvert le monde...

Ma petite fée, ma marraine, aura 29 ans dans une semaine. Elle est et restera pour toujours ma toute petite mais il y a quelques jours, c'est elle, ma toute petite fée, qui m'a tenu par la main pour faire mes premiers pas dans l'univers fantastique et merveilleux de Final Fantasy XIV...

Petite fée, merci !
Marraine, je t'aime !
Un membre de la guilde des Tanneurs

mercredi 1 janvier 2014

& Etrennes riboulantes

Que j'aime cette photo!

La petite pépette en charentaises montantes, pointure 18/20, c'est l'Ep', voilà 50 ans!

Pas mal comme carte de vœux, n'est-ce pas ?

Ambiance de Noël, enfance heureuse, grand sapin sans doute coupé par mon grand-père, cadeaux simples mais qui émerveillent, regard confiant, étonné mais plein de tendresse, moment partagé en famille, sans oublier la chaleur d'un pyjama en Rhovyl (j'en mettrai ma main au feu!) et des pantoufles fourrées... 

Tout, dans ce cliché, raconte le bonheur...
... et je n'en ai aucun souvenir ! 

C'est moi, là, et pourtant, malgré mon excellente mémoire, je ne me souviens pas de la couleur de mon pyjama et si je me doute que le petit cheval blanc derrière moi était blanc, je n'ai aucune idée du coloris de mes chaussons...

Physiologiquement, il semble normal que l'on ne puisse pas se souvenir de notre toute petite enfance.
Le traumatisme de la naissance, la torture des poussées dentaires, les atroces coliques du nourrisson, les couches pleines... finalement, un hippocampe pas mûr avant trois ans, ce n'est pas si grave !
Par contre, ça m'enquiquine vraiment :
  • de ne pas me souvenir de mes premiers pas d'Homo erectus entre la banquette et le fauteuil (un petit pas pour l'Ep', un grand pas pour... pas grand monde!), 
  • de ne rien avoir retenu de mes premières émotions d'Homo habilis : "Oh, elle a réussi à attraper sa Sophie!"
  • de n'avoir rien gardé du plaisir de mes premières lectures d'Homo sapiens : Ré-mi a cou-pé la tu-li-pe rou-ge de ma-man.
  • de ne plus rien savoir des réactions des heureux témoins de mes "exploits"...

Certes, on m'a dit de très belles choses sur mes très jeunes années et je crois volontiers tous les "on" qui m'ont connue petite.
Les photos N&B, carrées, dentelées, sorties du Semflex de Papa sont autant de preuves de ces instants vécus mais quand même, y'a des pièces qui manquent dans le puzzle de ma vie !

Heureusement, mon hippocampe fut mature assez tôt car j'ai en tête quelques souvenirs de mes quatre ans qui ne sont pas le résultat de récits entendus mais de vraies sensations retenues...

  • le piano : le bruit de mon petit piano, celui de la photo... Je me souviens de ces sonorités métalliques qui vous entraînent immédiatement au pays des rêves d'enfance... Allez jouer ...

  • le rotin : le bruit que faisait le rotin de mes petits fauteuils quand je m'asseyais dessus pour jouer à la dînette avec mes poupées (à gauche, deux demoiselles dont je recherche désespérément les noms; à droite, mon Patou!);
  • Patou : la texture du corps tout doux mais pas tout mou de mon Patou. Patou ? Mon baigneur, mon poupon! Mais était-ce vraiment un Patou de la S.F.B.J ? A cette époque, il y avait aussi le Jacky et le François de la SNF, le Nano de Convert et le Petit Colin de chez ... Petitcollin ainsi que toutes les poupées Made in Ailleurs! Il était tout en matière plastique, sans doute en vinyl car son corps était dense, ses bras et ses jambes étaient articulées et il avait des yeux riboulants. Ses cheveux bruns étaient peints et la couleur de sa peau n’était pas rose mais beige. Je crois qu'on pouvait glisser un petit biberon de lait factice dans sa bouche mais il ne mouillait jamais sa couche !
Je n'ai retrouvé que ce Patou sur la toile... et sa frimousse, pourtant mignonne ne me dit rien.
Je me souviens très bien du terrible chagrin ressenti quand Patou est sorti de ma vie quelques années plus tard mais je ne sais plus du tout pour quelle raison il a disparu !
Etait-ce bien lui, mon Patou ?
  • l'épicerie : les petits trous du comptoir et l'odeur de ma petite épicerie, avec son store coloré que je pouvais fermer ou ouvrir avec une petite manivelle; quelques coquillettes, quelques grains de café et un peu de lessive, gracieusement offerts par ma maman, remplissaient les petites boîtes et parfumaient mon "magasin";

  • le porche : la "hauteur" de la bordure du trottoir sous le porche d'entrée de ma maison d'enfance et la résonance du lieu;
  • la DS : le confort d'une DS Citroën dans laquelle je ne suis montée qu'une seule fois, je crois,  mais qui fut pour moi, le temps d'un trajet, une voiture de princesse;


  • le magasin : au bout de la rue, si on tournait à droite, juste au coin, il y avait un petit magasin (je crois que c'était les Économiques Troyens!); si on tournait à gauche, on allait chez mes grands-parents... J'ai le souvenir d'y être allée plusieurs fois avec ma grand-mère. C'est là qu'on achetait, je crois, les yaourts au chocolat dans des pots en carton ciré.


  • le ventre de ma maman : un peu avant l'arrivée de ma petite sœur, j'ai eu quelques explications sur "l'embonpoint" de ma maman et je me souviens d'avoir senti "bouger ses poumons";
  • des rideaux : dans les pièces de ma maison d'enfance, je revois des motifs de rideaux, des "patterns" comme on dit aujourd'hui...  Il faudra que je les dessine et que je demande aux "grands" où étaient ces tissus...
  • la statue: bien que très haute et imposante, je n'ai jamais eu peur de cette statue, érigée sur la place de la ville, au bout de belles promenades ombragées car je me souviens très bien lui avoir toujours trouvé "une bonne tête"...


Mon petit-fils vient d'avoir quatre ans : son hippocampe est donc en pleine maturation !

Mamie Ep', sois désormais vigilante pour la fabrication de souvenirs car maintenant, petit Clément se souviendra de tout, toute sa vie !



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