lundi 30 juin 2014

& Sur les p'tites rimes départementales... la suite

Les 130 départements sous l'Empire en 1811
Vous avez aimé ma première petite virée départementale...
Voici la suite de ma balade...
D'autres numéros viendront plus tard...
En voiture !

13 - Extrait de "La nuit des Bouches du Rhône"
De tous ses affluents, le Suisse a pris les eaux
De tous ses affluents, il a gobé les flots
Regardez-le bâiller entre Aigues-Mortes et la Crau
De tous ses affluents, le Suisse a pris les eaux
16 - Extrait de "La nuit où le Charente"
Tu as miaulé longtemps après la belle Burmese
Tu as miaulé longtemps après la Miss Tigrette
Ronronne, greffier, lové sur mes charentaises
Tu as miaulé longtemps après la belle Burmese.
17 - Extrait de "La nuit quand le Charente, Maritime"
Hélios, dieu d'or dans son char, hante ma RI-time*
Hélios, dans son char, hante le ciel myticole
Suivez au firmament sa belle course ultime
Hélios, dieu d'or dans son char, hante ma RI-time.
21 - Extrait de "La nuit de la Côte d'Or "
On connaît l'histoire de Saint-Georges et du dragon.
Connaît-on l'histoire de Saint-Georges et de ses Nuits ?
Oyez, brave gens, l'histoire du bon vin nuiton!
On connaît l'histoire de Saint-Georges et du dragon.
22 - Extrait de "La nuit des Côtes d'Armor"
Nous partîmes cinq cents sans aide et sans renfort
Nous partîmes cinq cents sous nos cottes de mailles
Arborez triskel et belle hermine d'Armor
Nous partîmes cinq cents sans aide et sans renfort.
24 - Extrait de "La nuit ...Dordogne"
La lune blanche a lui longtemps dans les sous-bois
La lune blanche a bien guidé le Père Ygueult
Ferme les yeux, Dogne et endors-toi
La lune blanche a lui longtemps dans les sous-bois.
39 - Extrait de "La nuit où il Jura"
Le cygne, survolant Dole, a salué le sage
Le cygne a courbé son col au laboratoire
Promettez, Louis, de sauver l'enfant de la rage
Le cygne, survolant Dole, a salué le sage.
50 - Extrait de "La nuit de la Manche"
Il a confondu Aldonza et Dulcinée
Il a combattu contre des moulins à vent
Pensa, Sancho, c'est là toute sa destinée
Il a confondu Aldonza et Dulcinée.


* RI-time: heure de Rhode Islands

samedi 28 juin 2014

& Séparation



Ah! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pourrait dire...Voyons! ... bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple, tenez:
Voilà ce que j'ai à vous proposer...

Bienveillant: Moi, Monsieur, à votre place,
J'aurais posé la barre bien à sa place.
Autoritaire: Je vous ordonne, Monsieur,
De placer cette barre bien au milieu.
Souriant : Vous n'avez pas mis la barre,
C'est pour payer mes magrets de canard ?
Coquin: Êtes-vous, contre moi, fâché,
Que la barre, vous n'avez voulu poser ?
Concis: Commissions sur tapis roulant.
Barre version Epamine...
Barre pour annoncer le client suivant.
Enthousiaste: Quelle belle invention
Que cette barre de séparation!
Pédant: J'eusse aimé, sachez-le,
Que vous plaçâtes la barre au milieu.
Jovial: C'est cool, cette petite barre,
Quand je la pose, toujours, je me marre!
Timide: Euh... S'il vous plaît... Pardon !
Désolé... Vous pouvez... Séparation...
Optimiste: Cette barre quand on la pose,
Ça fait plaisir, pourtant c'est pas grand chose.
Belliqueux: Si vous mettez pas d'barre
C'est sûr, c'est que vous cherchez la bagarre.
Gourmand : Moi j'en ai vraiment plus que marre!
Tu mets pas la barre: t'as pas d'malabar!
Pessimiste : Quand arrive enfin mon tour,
La caisse ferme, faut que je fasse demi-tour!
Amoureux: Quand j'ai posé la barre, là,
J'ai croisé son beau regard et voilà!
Proverbial : Tapis, sans barre, qui roule
n'amasse ni ne sépare nos courses.
Pratique: Il n'y a pas à dire, c'est sûr,
Cette petite barre, vraiment, elle assure!
Obséquieux: Comme cela est aimable
Vous êtes vraiment très serviable...
Poli:  Merci beaucoup.

Point. Barre| C'est tout.

 





mercredi 25 juin 2014

& Mon plus vieil ami...

Quand j'ai rencontré Rémi,
il était comme moi, tout petit.
On allait à la même école
et on aimait les heures de colle,
celle qui sentait l'amande
et qu'on devait prendre
avec une petite pelle.
Il avait, je me rappelle, 
un jardin et un mécano,
des cubes et un p'tit canot
qui voguait sur l'eau qui bouge.
Il aimait les tulipes rouges
et Colette, sa frangine,
c'était ma copine.
Ils étaient tous deux bien sages,
sages comme des images...
Quand on faisait la lecture,
Rémi et Colette s'installaient sur le mur,
et avec eux, comme le bourgeois gentilhomme,
on prononçait les voyelles et les consonnes.
En feuilletant les pages,
quand je retrouve son visage,
je constate que tant d'années après,
Rémi est toujours aussi frais...
Et moi, mamie Epamine,
je pense au temps où j'étais gamine...


Et je pense aussi
que depuis ce temps béni
où j'appris à lire avec Rémi,
le monde dans lequel je vis
a vécu plus de révolutions
que depuis la révolution...
Je m'explique...

Dans mon livre de lecture, éditions 1965:
Rémi porte des sabots pour bêcher son petit jardin;
Colette a deux énormes flots rouges dans les cheveux;
les deux gamins écoutent le phonographe;
les hirondelles pioupioutent sur les fils télégraphiques;
la mère de Rémi reçoit un télégramme;
 c'est dans une locomotive à vapeur que Rémi et sa mère vont à Paris, chez l'oncle Gaston;
lorsque Rémi tombe dans la cour de l'école, il va se laver à la pompe;
le fermier fauche son champ... à la faux;
le dimanche, Colette met sa robe de linon et ses gants blancs;
Fernand (pas Mathéo ou Benjamin!) coupe l'aubépine;
Rémi va à la foire avec l'oncle Eloi (le bon saint de Dagobert!!) en voiture hippomobile...
Rémi fait un jeu de patience (pas un puzzle!) et Colette brode un bonnet pour sa poupée!!!

Même "modernisé" en 1979 (le phonographe s'est mué en électrophone et la locomotive devint électrique!), le livre de Rémi & Colette semble presque dater de l'Ancien Régime. Les images qui ont bercé mes jours de classe me semblent, aujourd'hui, quasiment anachroniques.
Et je prends conscience, une fois encore, qu'il y a plus de différences entre l'enfance de mon petit-fils et la mienne qu'entre celle de mes grands-parents (voire arrière-grands-parents) et la mienne.

Est-ce le monde qui s'est accéléré depuis ces dernières années ou est-ce moi qui suis vraiment une "vieille mamie", amie de Rémi* ?
Attention à ce que vous allez répondre... ;)

* ne pas confondre avec Saint Remi (prononcer St-R'mi), sans accent, qui baptisa Clovis à Reims. Lui, je ne l'ai pas connu...
 


Pour la Récré du mercredi chez Jill-Bill





mardi 24 juin 2014

& Bertille

Montage d'Ep'
Si vous croyez, Monsieur, qu'en ce temps-là, j'avais le temps de lire, d'apprendre à faire de belles phrases et de mémoriser, voire de glisser dans la conversation, les citations de Voltaire, du genre "Les bavards sont les plus discrets des hommes ; ils parlent pour ne rien dire."  !
Pff! J'avais bien d'autres chats à fouetter…
A cette époque, le petit manoir qui date de 1876 (c'est écrit dans le mur!) resplendissait au milieu des chaumières et des masures construites sur le domaine et lors des soirées mondaines qu'on y donnait, il brillait de mille feux. On allumait des lanternes dans les allées du parc, aux fenêtres scintillaient des photophores miroitants et on installait des candélabres argentés aux bay-windows, aux bow-windows ou aux oriels... Je ne sais jamais la différence mais je me rappelle que ces fenêtres étaient hautes et larges...

Pour recevoir un membre de la noblesse ou quelque personnage de la haute bourgeoisie locale, on préparait les réceptions des semaines à l'avance. Tout était choisi avec soin: la vaisselle, les verres, l'argenterie, les fleurs, les textures, les couleurs, les saveurs, les tenues des uns et des autres…
Même nous, à l'office, nous faisions le maximum pour que tout soit parfait…
Il faut dire que dans cette maison, chaque domestique était respecté non seulement pour son travail mais aussi pour lui-même: on faisait presque partie de la famille.  On avait de la chance car ce n'était pas le cas pour tous les gens de maisons…
Moi, j'avais quinze ans et je nettoyais les carreaux.
Depuis quelques années, les nouveaux propriétaires organisent, plusieurs fois dans l'année mais surtout en période de Samain, de lugubres soirées destinées à divertir les adolescents nantis du quartier.

Un jour, c'est certain, "mon" manoir sera de nouveau mis en vente! Mais moi, la Bertille, serai-je encore là pour le voir?


MIC du 28/04/2014
mot: textures
image:
Manoir 
citation :
Les bavards sont les plus discrets des hommes ; ils parlent pour ne rien dire.  - Voltaire




samedi 21 juin 2014

& Homophonie

Montage photo d'Ep'
"Toutes nos passions reflètent les étoiles." T'as tort, Victor!
Peut-être les étoiles de mer, alors ! Parce que pour ce qui est de celles du ciel, Ac'h!!
Je suis navibotelliste. Rrrhôô, pas botuliste, botELListe ! Ma passion, c’est de mettre, non pas Paris, mais de fabuleux trois-mâts, de vieux rafiots, d’élégants voiliers et de chouettes barquettes dans des bouteilles !

Pendant une de mes escapades à Morlaix, en me baladant à marée basse le long de la côte, j’avais repéré une adorable petite barque et tout de suite, j’ai eu un véritable coup de cœur pour la sémillante MX578984… En un clic d'APN, elle était mienne!
Une fois mise en boîte, j’avais décidé, dès mon retour de vacances, de glisser la belle sous le verre d'une jolie carafe à gentiane, n'ayant pas encore trouvé, à ce jour, la moindre belle carafe à chouchen…


Pour la charmante demoiselle bretonne, il n'était pas question d’utiliser la technique des anciens gardiens de phares et des marins au long cours et de l’affubler de perles blanches, noires, brunes, vertes voire rouges, piquées sur les vieilles couronnes mortuaires. N'eo ket !
Car bien que sans voile, la petite n’en méritait pas moins un traitement de faveur tant je la trouvais jolie. Alors, pendant des heures, des jours, des semaines, je me suis enfermée avec elle dans mon atelier et là, je l’ai dessinée, ébauchée, bordée, percée, assemblée, bichonnée, dorlotée, collée, plaquée, filée, mise en couleurs, décorée… pour enfin l'enfermer et la bouchonner.
Et avant de trouver le support de présentation qui mettrait le plus en valeur mon fragile esquif, destiné à la toute nouvelle "première dame" de mon village, amie et native de Morlaix, j'ai remisé mon travail dans un coin de mon atelier.

~~~~~~~~

Annaïck Labornez, ma très vieille et dévouée nourrice, s'est toujours occupée de moi depuis la mort de ma mère. Elle n'hésita pas à sacrifier sa vie pour ne pas m'abandonner et j'ai pour elle une immense tendresse filiale. Il n'était donc pas question que l'âge venant, je devienne nounoubotelliste et que je l'enferme dans une maison en verre pour les vieux. Elle est donc chez nous pour le plus grand bonheur des enfants qui l'appellent Mamie Naïck!

"Oh! Cʼhwiltouz , qu'est-ce qu'elle est belle ta petite barque!
- C'est la bouteille à la maire, Mamie Naïck!
- C'est une bonne idée, ça! Vraiment une bonne idée!"

~~~~~~~~
Ayant enfin mis la main sur le présentoir idéal pour ma bouteille embarquée ou ma barque embouteillée, je monte dans mon atelier mais là, surprise, plus la moindre trace de la petite MX578984!… J'alerte toute la maisonnée et c'est le grand branlebas de combat de la cave au grenier! Tout le monde part en quête de la "Sainte Baarque"…

Mamie Naïck, surprise par cette soudaine agitation, sort de sa chambre et s'inquiète de la situation…

"La bouteille à la mer? Ben, je l'ai lancée hier après-midi depuis la jetée pendant ma promenade avec Suzette et Marie Quillouch!"


MIC du 21/04/2014
mot: rouge
image:
MX578984, photo de SlabeZ
citation :
"Toutes nos passions reflètent les étoiles."  Victor Hugo


jeudi 19 juin 2014

& Fakir en stage...

Pierre Dac et Francis Blanche "Le Sâr Rabindranath Duval"
"Votre Sérénité, pouvez-vous nous dire si cette personne pratique le tri sélectif ?
- Je peux le dire!
- Vous pouvez le dire?
- OUI! Je peux le dire!
- Il peut le dire! C'est extraordinaire!
...
- Votre Sérénité, comment cette personne effectue-t-elle le tri sélectif?
- Elle jette l'argent par les fenêtres et le manche après la cognée. Elle jette de la poudre aux yeux, elle jette sa gourme et traite tout par-dessus la jambe...
- Elle a donc la bonne habitude de jeter ceci par ici et cela par là?
- En effet mais elle vient juste de jeter son dévolu sur moi et je crois qu'elle devra bientôt jeter  l'éponge...
-Très bien!
...
- Votre Sérénité! Comment cette personne se débarrasse-t-elle de ses déchets organiques?
- Elle offre ses déchets organiques aux sympathiques bactéries de sa fosse sceptique ou à la sciure de ses toilettes sèches. Quant à ses épluchures, elle les destine aux vers de terre grassouillets qui se prélassent dans le magnifique lombricomposteur qui trône dans sa cuisine.
- Excellent, votre Sérénité! Et vous-même, pratiquez-vous l'élevage de lombrics?
- Oui, mais moi, je n'ai pas de lombricomachintructeur... Je n'aime pas l'élevage hors sol! Je laisse divaguer mes vers de terre en liberté dans mon jardin et ils font ce qu'ils veulent avec mes épluchures, au gré de leur fantaisie...
...
- Et cet homme? Que fait cet homme avec ses bouteilles ?
- Il les vide!
- Et une fois qu'elles sont vides, Votre Sérénité, qu'en fait-il?
- En bon écocitoyen, de temps en temps ou bien très régulièrement, il les donne en biture pâture aux énormes monstres métalliques du parking le plus proche, à ces énormes gloutons qui ont toujours la gueule grande ouverte et ne vous remercient jamais pour votre grande générosité...
- C'est magnifique, votre Sérénité! Vous avez réponse à tout..."
...

Laissons-là les deux acolytes dans leur célèbre sketch et permettez-moi de vous conter une anecdote qui nous laisse penser que certains de nos congénères sont surprenants d'originalité et ce, en dehors de tout sketch...

Mercredi dernier, alors que la température extérieure atteignait les 35 degrés et que celle à l'intérieur de ma Titine sans climatisation était à peine mesurable et supportable, je passai devant un espace réservé aux bennes gloutonnes et gourmandes de verre. Non, pas les vers de terre, rhhôô, des verres de sable qui n'ont rien à voir avec les vers de farine, quoique dans certaines recettes, on verse un ou deux verres de farine dans la préparation! Mais revenons à nos gloutonnes!

Là, sur l'aire à bennes, j'aperçus un homme qui venait, sans aucun doute, de se débarrasser de ses flacons, bouteilles, pots et autres récipients siliceux, si lisses mais pas silencieux quand ils se cassent dans la grosse benne!
Parce que le verre, voyez-vous, quand ça choit, souvent ça pète, ça s'émiette, ça se brise en mille morceaux voire davantage...
Et comme souvent, les maladroits, les fatigués, les distraits, les "strabismeux" (convergents ou divergents), les "épris de boissons" très amoureux, les "petits matineux difficiles" ne réussissent pas du premier coup à glisser les trucs verreux dans le trou béant de la benne, le verre choit et se brise avant d'être dans la benne... et ça fait du verre par terre!

Faut dire aussi que les créateurs de ces récipients à verre, pour compliquer l'exercice, ont capitonné le trou d'une épaisse couche de caoutchouc, ce qui rétrécit énormément le diamètre de l'ouverture... Et même si leur objectif était de réduire les chocs entre verre et benne, ça rend plus complexe le tir au panier et alors le verre choit au pied de la benne. La preuve : les innombrables miettes de verre, les minuscules éclats de cristal, les microscopiques particules de pyrex que l'on découvre toujours tout autour des bennes à verre... Ici, ce n'est pas Casse-Auto mais auto-casse et on ne peut pas recycler les pièces détachées qui sont en dehors de la benne, hélas!!

Eh bien, mon bonhomme écocitoyen, mon consciencieux jeteur de canettes, mon respectueux du développement durable, mon acteur du tri sélectif était... pieds nus sur l'air à Ben (=l'aire à bennes!). Voui, voui!
Appuyé d'une main sur le bord du coffre ouvert de sa voiture, de l'autre, il tentait désespérément, en alternant légers frottements et petite pince "pouce-index", de retirer les nombreux bouts de verre qui s'étaient fichés dans sa voûte plantaire...
Toujours dans la zone de bris de verre, un pied nu par terre, l'autre en l'air...
C'est sûr, c'était un fakir en stage ou un pénitent qui, ayant perdu son cilice, marchait sur le silice...

Sourire taquin d'Ep'




mercredi 18 juin 2014

& Chère Mademoiselle Adèle

Non, elle n'est pas morte Adèle !
Bon, une fois qu'on l'a faite, celle-ci, il faut trouver matière à billet...

Alors voilà:
Aujourd'hui, jour anniversaire de l'appel, j'appelle Adèle.
Adèle!


1907:
"Portrait d'Adèle Bloch-Bauer" peint par Gustav Klimt
1975 :
Adjani en pleine folie avec Truffaut dans "L'histoire d'Adèle H."
2010:
"Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec", avec Lellouche
2013 :
palmé à Cannes, "La vie d'Adèle" d'un monsieur qu'est chiche*

2014 : 
un billet d'Epamine, "Chère Mademoiselle Adèle" et ça c'est fortiche!


Quand ils la croisent dans les ruelles,
Ils l'appellent encore Mademoiselle,
Adèle!

C'est avec elle 
qu'ils ont découpé des ombrelles
dans les blancs nuages du ciel,
qu'ils ont joué à la marelle
au pied de l'arc-en ciel
et compté les ailes
des bleues demoiselles
et des vertes sauterelles...

C'est avec Mademoiselle Adèle
qu'ils ont chanté "La Mère Michel", 
applaudi Polichinelle
et trempé leurs doigts dans un pot de miel.
C'est avec Mademoiselle Adèle
qu'ils ont fait des dentelles
avec les feuilles sous la tonnelle
et qu'ils ont barbouillé de brimbelles
leurs frimousses de Nicolas & de Pimprenelle.

C'est avec Mademoiselle Adèle
 qu'ils ont appris consonnes et voyelles,
écouté la harpe et le violoncelle,
et gardé le nid de l'hirondelle.
 C'est avec Mademoiselle Adèle
qu'ils ont glissé leurs pinceaux d'aquarelles
sur les plumes des tourterelles
et les points de la coccinelle,
qu'ils ont fredonné comptines et ritournelles
et qu'ils ont construit cabanes et passerelles
aux quatre coins de la maternelle.

Et lorsque la belle Adèle,
fermera ses yeux vert pastel
pour son repos éternel,
on verra, marchant derrière elle,
une immense ribambelle
de vieux Nicolas et de vieilles Pimprenelle
parlant de leur Mademoiselle
et essuyant leurs yeux ruisselants d'étincelles.

* Abdellatif Kechiche
 










dimanche 15 juin 2014

& 1/1

M. Giò de Slidedesign
Elle, c'est le rapport entre la mesure d'un objet réel et la mesure de sa représentation. Elle, on l'exprime généralement sous forme de fraction...

Je ne la leur ai absolument pas présentée comme ça, ben non, voyons! Et c'est bon, youpi, tralala: presque tous mes loulous ont intégré la notion d'échelle! Je dis bien "presque"...
Pour ceux qui ont le vertige mais pas la bosse des maths, j'ai fait la courte-échelle dès le premier barreau! Et ces loulous-là n'ont pas réussi à monter plus haut...

Je dirai donc que parmi mes élèves, il y a des Echellois et d'autres qui ne le sont pas!
Comment ça, je dis n'importe quoi?
Que nenni!
L’Échelle, ça existe! Il en existe même plusieurs en France et tous les Echellois qui vont avec!

Imaginez un peu:
"T'habites où?
- J'habite à l’Échelle!
- A quelle échelle ? "
  • Si vous vivez à Grande Échelle, vous êtes légèrement en-dessous de la réalité des choses et vous êtes probablement pompier de père en fils (fille) depuis les premiers sapeurs.
  • Si vous vivez à l'échelle Dun-sur-Ain*, autrement dit d'1/1, vous êtes vous-même, dans la vraie vie et tout ce qui vous entoure est de taille normale. 
  • Par contre si vous vivez à Petite Échelle, prenez garde de ne pas attraper la grosse tête et veillez à ne pas souffrir de la folie des grandeurs... Tout étant plus petit que vous, vous risquez d'être atteint d'un profond complexe de supériorité car votre univers ressemble à celui des Lilliputiens pour Gulliver....
  • Si vous avez le sentiment d'être en haut de l'échelle, soit vous habitez dans la partie élevée de la commune soit vous logez dans le château du lieu (qui n'est pas toujours en hauteur, d'ailleurs!).
Partout, un château à l'échelle...!
A Leschelle(s) dans l'Aisne, il y a un château.

A l’Échelle dans les Ardennes, il y a un château.

A l’Échelle dans la Somme, il y avait un château mais ça, c'était avant 1914...

A Léchelle en Seine-et-Marne, il y a une mairie-école qui fut admirée autant qu'un château...
 

  • Par contre, si selon vous, votre place est davantage au bas de l'échelle, c'est que géographiquement, votre isoplèthe d'altitude (pour faire simple, votre courbe de niveau) est plus près du niveau de la mer que celui des autres ou bien que votre niveau de vie n'est pas celui d'un châtelain...

  • Vous pouvez également décider de vous installer sur l'île de Riche-Terre mais là, attention, le sol n'est pas stable et il est préférable de ne pas placer son échelle au centre de ses isthmes.
 Mais tout ça, en fait, c'est uniquement une question de point de vue car tout dépend de l'échelle...

Bonne nouvelle: à L'Echelle, à l'une comme à l'autre, il est facile de devenir maître du barreau car il suffit d'avoir une bille de bois et de l'ascendant sur autrui...
Et si vous voulez changer d'échelon, inutile de faire une lettre circonstanciée à votre supérieur hiérarchique : posez le pied sur le barreau qui est juste au-dessus de celui sur lequel vous êtes et élevez-vous par votre seule force musculaire... Vous voyez bien que vous n'avez pas besoin de piston pour grimper sur une échelle!

*Dun-sur-Ain n'existe pas!

Petit clin d’œil amical aux habitués des profondeurs urbaines...



vendredi 13 juin 2014

& Et je suis fière...

...d'être Bourguignonne, Morvandelle & Yconnaise...

Le Morvan, c'est comme la Laponie: il est un pays à lui tout seul. La Laponie est le pays des Sami et s'étend dans le nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et au nord de la presqu’île de Kola. Le Morvan est le pays des Morvandiaux et s'étend sur quelques cantons de la Nièvre, de la Côte-d'Or, de la Saône-et-Loire et de l'Yonne.
Je n'ai pas le style de ces célèbres auteurs régionaux qui ont, d'un trait de plume et de génie, si bien raconté le Morvan (bon sang, ce que j'aurais aimé écrire certains de leurs paragraphes!), mais comme eux, touchée par je ne sais quel esprit paysan, j'ai une certaine façon de concevoir les hommes, les paysages, la nature et le temps. J'aime mon pagus, j'aime le Morvan et tout ce qui s'y rattache. Quoique, si on réfléchit bien, cet esprit paysan, ce Saint-Esprit de la Terre-Mère, c'est ce qu'on reprochait aux païens, non? Serai-je donc une adepte du paganisme? Hou, là, là! Changez vite de crèmerie avant que je ne vous convertisse... ☺☺☺

Je suis native d'Avallon (avec deux l donc je ne connais pas Merlin!) mais n'y ai vécu que les toutes premières années de ma vie. Pourtant, quand j'entends "Morvandelle" et "Morvandiau" (je préfère ce mot à "Morvandeau"!), j'entends terroir, biaude, maquignon, charretier (certains diront avec dédain "galvacher"), nourrice, sabots de bouleau, mouchoir de cou et croix Jeannette... J'entends l'antan...

Si l'on en croit les notes de mon pote (Rhhôô! Mon pote, le Vauban! Vous le savez depuis le temps!), les trois-quarts de ses contemporains Morvandiaux  n’étaient vêtus, hiver comme été, que de toile à demi pourrie et déchirée et chaussés de sabots dans lesquels ils avaient le pied nu toute l’année. Mal nourris, mal vêtus, mal logés, pauvres bougres... Pas facile la vie au pays des hautes collines ! Mais ce qui ne tue pas rend plus fort, pas vrai?

Aussi, de générations en générations, ils ont travaillé la terre, construit leurs pauvres chaumières, ferré, attelé et aiguillonné leurs bœufs, allaité les Petits Paris sur place ou sur lieu, fait flotter le bois, lié les margotins, taillé les sabots...
Oui, ils firent tout ça mes ancêtres du Morvan. Et si l'on en croit MILLIEN, DUVIVIER et BAUDIAU, "ethnologues" du dix-neuvième siècle, les Morvandiaux ont toujours été de fameux gaillards.
Et comment ne pas aimer ces phrases où les r roulent comme des petits galets polis dans les torrents d'eau claire?
Comment ne pas savourer du regard les haies vives qui donnent aux troupeaux des chambrettes ombragées et de petits pâturages et qui offrent aux hérissons des couloirs pour se promener sans danger ?
Comment résister au charmes des collines, des ruisseaux, des rivières, des petits ponts de pierre arqués, piquetés de gouttes de soleil au travers des feuillages ?
Comment ne pas apprécier ces innombrables petits hameaux éparpillés qui font qu'à chaque détour du bocage, on se retrouve dans un minuscule village ?
Et que dire de ces vieilles maisons et de ces vieux lavoirs, de ces vieilles places aux fontaines clapotantes qui nous offrent, le temps d'une pause, un retour vers l'avant ?



 Nourrices morvandelles
Hélas, les individualités locales, régionales, voire nationales disparaissent au profit de cette uniformisation mondiale qui, selon moi, accentue certaines inégalités et détruit inexorablement les richesses de chaque identité.
Courage donc à ceux qui œuvrent pour la préservation de leur patrimoine qu'il soit d'ici, d'ailleurs et de plus loin, qu'il soit de pierre, de terre, de bois ou d'eau, de chants et de danses, de mots et d'accents, de contes et de légendes, de gestes et d'outils, de lieux et de champs, de ponts et de chemins, de croyances et de cérémonies, de proverbes et de fêtes...
Et que vive le Morvan! Et que vivent les pagus!
  

Billet dédicacé à tous les amoureux du Morvan

Vieilles cartes postales trouvées sur le net.
Village de Bazoches-du-Morvan. 
Pont à l'escargot: photo d'Ep'


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