vendredi 7 août 2009

& Spleen

Non, non, pas pour moi, je vous rassure tout de suite... C'est un état qui m'a pris tant de temps et tant d'énergie, qui m'a fait tant de mal et qui m'a tant nui que je fais le maximum pour qu'il n'entre plus chez moi...

Je parle du spleen que je rencontre par ci, par là, au fil de mes lectures de blogs.
Je parle de cette profonde mélancolie souvent inexplicable qui engendre de si beaux textes, de si beaux mots, de si belles figures de rhétorique, de si beaux poèmes.
Depuis que je découvre l'Autre par le biais de son blog, au travers des espoirs, des regrets, des peurs et des manques qu'il dévoile sur la toile, je confirme une idée que j'avais auparavant. La douleur, la solitude, la tristesse, les souffrances de l'âme et du corps sont, hélas, propices à la création de textes magnifiquement poétiques où les mots se touchent, se croisent, se répondent et s'illuminent pour dessiner l'âme meurtrie.

Peut-être faut-il avoir subi le poids d'une souffrance pour mieux apprécier la légèreté du bonheur, quand il arrive, enfin!

Jules Laforgue (1860-1887),
Spleen (Le Sanglot de la terre, 1901)

Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau.

En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie.
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.

Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah! sortons, je verrai peut-être du nouveau.

Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...

Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul je ne puis dormir et je m'ennuie encor.

7 novembre 1880

Paul Cabet, "Mil huit cent soixante et onze" statue en marbre Musée d'Orsay (Photo Epamin')

6 commentaires:

  1. Eh oui! Tu as raison, les blogs sont souvent autant de refuges à la mélancolie…, même lorsqu'ils proclament la joie de vivre. Les gens heureux n'ayant pas d'histoire, on peut douter qu'ils aient quelque chose à raconter, ou simplement l'envie de le faire.
    Joli billet!

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  2. Tout juste, Auguste.. oups...le coucou! Une vie tranquille, toujours, doit être un peu vide... Par contre, quand la vie nous a fait de très méchantes blagues, pendant assez longtemps, qu'est ce que ça fait du bien de rire ou de sourire de tout...
    Merci pour le compliment et très belle journée de samedi à toi sur et dans ton clavier(s)...

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  3. tout juste Epamin', il n'y a pas meilleure inspiration que le spleen créatif. Nous sommes ainsi faits. Quant l'ombre se propage, il nous reste souvent que l'écriture comme seul refuge.

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  4. J'ai lu quelques lettres d'amour de Victor Hugo... Grande déception! Peu voire pas d'envolées lyriques pour l'être aimé alors que j'ai la chair de poule quand je lis ses poèmes pour les êtres chers disparus! L'âme écrit donc mieux quand elle souffre.
    Bon ben je vais devoir arrêter mon blog car si j'ai souffert beaucoup et longtemps, je ne souffre plus guère aujourd'hui...(hihihi!)

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  5. C'est rigolo, j'avais fait un article un peu similaire sur mon précédent espace virtuel. Et pour le vivre un peu moi même, il est clair que quand tout va bien, on est franchement moins inspiré. Quoi que... ^^

    Bonne fin de journée, l'esperluette, et j'aime beaucoup ta nouvelle présentation, au fait... Je trouve que c'est parfait comme ça!

    =^.^=

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  6. Carrément parfait! Wouaouh! Je suis comblée!
    J'm'avions pas rappelée de ton article! J'espère que j'avions point trop plagié la Mnee...

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Vous êtes désormais un p'tit bout de ma vie...
Merci d'être passé(e) par ici!

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