Jadis, ma maîtresse lançait parfois cette phrase lorsqu’elle découvrait une de nos pages de cahiers couverte de taches d'encre, de trous de gomme et de lignes d'écriture irrégulière.
De même, on aime à dire qu'on ne mélange pas les torchons et les serviettes et qu'on donne un coup de torchon quand on ne s'applique guère pour le ménage ou qu'on zigouille un zigoto qui dérange...
Et pourtant, un torchon, malgré tout ce qu'on dit sur lui, quelle belle invention, moi, je dis ! ...
Il paraît que jadis, mais vraiment jadis jadis, on ne torchonnait ni ne torchait, on bouchonnait... Oui, oui, m'sieur-dame, un bouchon de paille ou de foin bien serré, bien tortillé et vas-y que j'te frotte... Pour les chevaux, que voilà une douce et naturelle façon de se faire panser mais pour nos popotins d'humains... On était bien loin du papier toilette triple épaisseur, super douceur, alvéolé et enrichi à l'aloe vera...
C'est seulement au quatorzième siècle que l'on aurait imaginé qu'un morceau de toile très grossière pouvait remplacer le bouchon de fétus, trop pointus pour le cucul... Il était temps...
Et tant qu'à faire, pourquoi ne pas garder cette idée de mauvaise toile pour d'autres usages ? S'essuyer les mains, essuyer la vaisselle, nettoyer les carreaux, épousseter... L'ère du torchon était enfin arrivée!
Et là, deux tendances s'affrontent:
- Tendance torchon-torchon, en chanvre, en lin, en drap, qu'on trouve dans un trousseau de mariage, ourleté par les fines mimines de la gamine, le soir pendant la veillée au coin du feu ou sur le pré en gardant les meuhs et délicatement brodé de ses initiales ou bien le beau torchon, acheté en tant que torchon dans un magasin de torchons (éventuellement de serviettes mais qu'on ne les mélange pas!);
- Tendance torchon "vintage", torchon "collector", descendant direct d'une pièce de linge vieux, comme
mes robesune taie d'oreiller usagée et découpée, une chemise en coton ou en lin élimée et "dépecée", un vieux tee-shirt ou un très très vieux pyjama "Bonne nuit les petits".
Ces torchons en linge recyclé nous donnent bonne conscience, pas vrai ? Ils nous évitent de nous séparer trop vite d'un tissu qu'on aimait bien. Ne souriez pas, je suis certaine que vous pensez comme moi... ☺
Et je dirais même plus: on peut recycler un vieux torchon qu'on aime bien! Si, si! On peut s'en servir comme tissu de sol (mais non, pas comme serpillère, c'est en Belgique et au Canada qu'un torchon serpille!), comme applicateur de cire, comme essuyeur de savon noir, comme lustreur de parquet...
En voici la preuve :
Et je dirais même plus: on peut recycler un vieux torchon qu'on aime bien! Si, si! On peut s'en servir comme tissu de sol (mais non, pas comme serpillère, c'est en Belgique et au Canada qu'un torchon serpille!), comme applicateur de cire, comme essuyeur de savon noir, comme lustreur de parquet...
En voici la preuve :
Du plus loin que je me souvienne, ce torchon a fait partie de mon environnement. Je l'ai vu dans la cuisine de mes parents quand j'étais toute gamine, sur la table, sur l'épaule d'un grand, près de l'évier, accroché au mur...
Plus tard, pendant longtemps, je l'ai aperçu dans l'armoire à linge de mes parents, repassé et plié, empilé avec ses congénères aux côtés des piles d'essuie-mains et de serviettes de table. En pique-nique, je me souviens qu'il emballait souvent le pain ♥
Puis, lors de leur déménagement, mes parents ont fait du tri et Soeurette et moi avons reçu moult objets de notre enfance, selon nos préférences. C'est à cette époque que je suis devenue, entre autres, l'heureuse propriétaire de ce torchon.
Torchon de ménage, de poussière, de carreaux, longtemps il fut. Comme je ne parviens toujours pas à le jeter, je l'utilise désormais pour les basses besognes, entendez par là, l'entretien du sol et de mes escaliers de bois.
Allez, Mister Torchon, on va se faire les escaliers avant l'heure du jambon au torchon car ce n'est pas l'heure de mettre la viande dans le torchon...
Et quand on pense ne plus pouvoir rien tirer d'un torchon, on peut encore en faire du papier torchon.
Et les maîtresses disent: " C'est un vrai torchon!" devant le cahier en papier recyclé.
Salut Ep'... ah oui ce torchon-là en classe, rô quand je gommais, je gommais, quand je tachais, je tachais avec cette fichue plume à l'encrier, le buvard rose ne faisait pas de miracle... chez nous on dit essuie de vaisselle et passer la loque ou le torchon pour le sol.... ;-) Joli billet... merci, jill bises
RépondreSupprimerJoli!
SupprimerEn un seul commentaire, tu évoques les torchons d'écolier, l’essuie de vaisselle et la loque belge ou canadienne...
Bien joué, Jill!
Bises d'Ep'
Ce torchon là, c'est du durable, du vrai, pas d'la provocation, et plus il est vieux, mieux il essuie, et pis les trous, il s'en fout, torche quand même. Par chez nous, l'UFF (Union des Femmes Française) offrait un torchon qui d'abord pendant une année faisait calendrier, puis ensuite, dans une longue seconde vie, torchonnait tout ce qui passait à portée. Et si je te disais qu'à vélo, au jardin, sur les sentiers, je m'éponge le front dans... y'a pas mieux ? Devine !
RépondreSupprimerJe recherche depuis des années le "torchon-calendrier", affiché au mur de la cuisine de ma nounou, devant lequel j'ai appris mes tables de multiplication pendant mes goûters de mon année de ce1... Le mois de janvier représentait une dame qui repassait... un torchon!
SupprimerJadis, tous les braves travailleurs avaient un "torchon-chiffon-foulard" autour du cou avec lequel ils essuyaient tout ce qui devait être torchonné... Pas fous les anciens!
Sourire d'Ep'
Alors on cherche et peut-être en chemin trouvera-t-on aussi le "torchon-tables de multiplication", qui sait !
SupprimerEncore plus absorbant que le torchon, j'ai rattrapé de justesse ce que maman allait jeter récemment et qui qui me torchait les fesses de son coton blanc. Depuis, ces langes blancs m'accompagnent à nouveau... plus haut qu'avant cependant.
Ah, la douceur et le pouvoir absorbant de ces langes en coton, bien blancs après qu'on les ait fait bouillir... Irremplaçables, à tout jamais...
Supprimer☺ d'Ep'
Pour le coup, ce n'est pas un torchon que ce billet !!!
RépondreSupprimerJe crois me souvenir que mes enfants ont hérité eux aussi des beaux draps brodés par ma grand-mère, des serviettes de tables chiffrées si grandes que l'on pouvait en faire des petites nappes et bien sûr des torchons. Pour essuyer les verres, rien de mieux que ces vieux tissus qui ne laissent pas de trace. Mais je sens la confusion me gagner car ce n'est pas un héritage "doré" que ces vieilleries et sans doute était-ce pour les souvenirs des bons et loyaux services qu'ils ont rendus. Un torchon qui ne laisse pas de peluche sur la verrerie, n'a pas de prix !!! Aujourd'hui "un essuie-verres" n'a que le nom et n'éponge rien. Alors comme toi je coupe mes vieux draps pour en faire les "lavettes" comme on disait chez moi. Pour faire les vitres, rien de tel que ces vieux chiffons ! Certes il y a les lingettes "microfibres" mais si elles sont efficaces, elles ne dureront pas aussi longtemps que nos vieux textiles.
Quant au "bouchonnage" dont tu nous parles, il fallait avoir une peau à toute épreuve M.D.R.!
Bravo et "torchonne bien" à l'occasion.
BIZZZ de DOUCY.
Le linge de "nos grands-mères" durera plus longtemps que celui que je lèguerai à mon petit-fils, ça c'est certain! ;o)
SupprimerA moins que ce torchon quadrillé rouge et blanc existe toujours...
Bises d'Ep'
Et oui, dans l'torchon tout est bon ! ;o)
RépondreSupprimerJoli billet sans faux pli sur lequel on a plaisir à repasser tant la matière en est agréable.
Joli commentaire, Yanik, fort bien torché !
SupprimerSourire d'Ep'
je connais ces torchons et comment ils étaient tissés dans les caves dans le nord de la France
RépondreSupprimerC'est intéressant! Je vais me documenter sur ce point géographique. Merci pour l'info.
SupprimerComme disait Coluche, le grand philosophe du vingtième siècle, on ne mélange pas les torchons avec les fourchettes!
RépondreSupprimerEn tous cas, tu as le don de donner du lustre aux objets de la vie quotidienne auxquels on ne fait plus attention...
Pauvres torchons, relégués souvent aux tâches les plus ingrates tandis que les serviettes avaient le droit de tamponner délicatement les lèvres des belles dames à la salle à manger.
Moi ce que j'aime, c'est les faire bouillir, à l'ancienne, pour qu'ils redeviennent bien blancs...ce n'est pas très écologique, le programme à 90 ° mais ça sent très bon une fois sec.
Merci pour ce joli billet cent pou cent epaminesque...
Étendre du linge qui "a bouillu", c'est vrai que c'est plaisant! Et si en plus, c'est sur un long fil dans le jardin ou la cour, c'est que du bonheur...
SupprimerJ'aime bien les jolies choses que tu dis dans ton commentaire... merci pour ces mots emballés dans un joli torchon brodé...
Bises d'Ep'
Plaidoyer pour un torchon... ça c'est du titre accrocheur ))
RépondreSupprimerTrop bavard zéro pointé... Ton cahier c'est un torchon... Qu'est ce que ce langage ? (quand mes personnages dans mes rédacs parlaient comme moi dans la rue) .. Et bien voilà comment on fabrique des usines à cancres ];-D
Après la guerre nous avions des cahiers fabriqués avec du papier que même les plus courageux n'auraient pas voulu pour se démaquiller le fouine ! Avec des bûches (mais oui) au milieu des pages, quand la plume Sergent Major ou Comtoise arrivait dessus, elle refusait l'obstacle et PFIUUU, la jolie traînée noire (
Et oui mon cahier était un torchon, mais j'avais le plus beau lance pierres !!
J'ai souvenir d'avoir eu, moi aussi, du papier dans lequel on voyait des "bouts" de sciure qui m'enquiquinaient pour écrire bien avec ma plume Sergent-Major (si, si, j'ai appris à écrire avec un porte-plume...). Mais moi, je n'avais pas de lance-pierre pour faire un pied de nez aux taches de mon cahier...
SupprimerBises d'Ep'
J'adore ton histoire de torchon! Et j'avoue l'avoir dit parfois ; "Ton cahier est un vrai torchon "et même qu'un jour un de mes grands m'a dit : " j'ai des jolis torchons chez moi avec les villages d'Alsace peints dessus " Bien fait pour moi .
RépondreSupprimerBien ri avec le papier à l'aloe vera .Pour cet usage , j'ai connu le papier journal .
Comme Andiamo , j'ai eu en 1949-1950 , des cahiers avec des " bûches " .
Mais revenons à tes torchons .Celui que tu nous présentes , c'est un peu ton doudou .Fais gaffe à ne pas te le faire piquer car il est super chouette.
On en apprend dans ton post et dans les coms .Je sais maintenant comment on fabrique les cancres !
Et les bouts de torchon pour essuyer l'ardoise
Bravo Ep' Bonnes vacances et bises bourbonnaises
Commentaire avisé comme d'habitude et plein de jolis traits d'humour. Merci, Nicole pour tes mots et tes bises bourbonnaises.
SupprimerBises d'Ep'
J'aime les torchons ! Votre texte est bien intéressant. Torchon et ... chiffon ? J'ai autant de chiffons que de torchons, car j'évite d'utiliser du papier de cuisine.
RépondreSupprimerBon week end.
La nuance entre chiffon et torchon est des plus subtiles en effet... Sujet à discuter... Sourire d'Ep'
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