Quand j'ai vu la première, je roulais à 130 km/h et j'ai cru que c'était une blague...
Quand j'ai vu la seconde, j'ai pensé qu'elles faisaient partie d'une campagne publicitaire monumentale...
Quand j'ai vu la troisième, toujours à toute vitesse, j'ai cherché à comprendre qui elles étaient...
Quand j'ai vu la quatrième, de près et à moindre allure, elle m'a révélé leur identité: des poubelles !
Pourquoi, avant même de savoir ce qu'étaient ces trucs, je les avais trouvés "sympathiques" ?
Et tout de suite, j'ai compris ! J'aimais bien ces énormes ballons sur le bord de l'autoroute car ils me faisaient penser à des p'tites mémés des aires, à des grosses grands-mamans encapuchonnées!
Autrefois, en Lorraine, lorsqu'elles travaillaient dans les champs, dans les vignes, au paquis*, au jardin ou sur l'usoir**, les femmes (une grande partie de mes ancêtres, donc!) protégeaient leur tête et leur nuque des brûlures du soleil en portant une halette (ou hâlette si on a l'accent lorrain!).
Cette jolie coiffe de travail en toile claire, montée sur une légère armature en osier, formait un petit auvent rafraîchissant autour du visage des travailleuses. De plus, leur cou était bien à l'abri des ardeurs du soleil sous une bande de tissu froncé, le bavolet. La halette lorraine ressemble au kissnot oléronais.
On trouve des halettes dans une comptine chantée à la Saint-Nicolas:
Saint Nicolas, mon bon patron,
Apportez-moi des macarons,
Des biscuits pour les p'tites filles,
Des marrons pour les garçons,
Des mirabelles pour les d'moiselles,
De beaux rubans pour les mamans,
Du tabac pour les papas,
Des lunettes pour les grands-pères,
Des halettes pour les grands-mères
Un pot de fleurs pour ma chère sœur
Un baiser pour mon petit cœur.
Apportez-moi des macarons,
Des biscuits pour les p'tites filles,
Des marrons pour les garçons,
Des mirabelles pour les d'moiselles,
De beaux rubans pour les mamans,
Du tabac pour les papas,
Des lunettes pour les grands-pères,
Des halettes pour les grands-mères
Un pot de fleurs pour ma chère sœur
Un baiser pour mon petit cœur.
Et on trouve même aujourd'hui d'énormes halettes sur les aires d'autoroutes!
Certes, elles ne sont pas en toile claire, l'armature en bois n'est pas à la bonne place et elles ne protègent aucune frimousse féminine mais ne trouvez-vous pas que ces énormes poubelles ressemblent à des halettes ?
J'aurais donc pu intituler mon billet "Les halettes des haltes" !
Attention ! Ma Dalton ne porte pas une halette !
* paquis (ou pâquis): petit espace de pâturage à la limite du village, transformé parfois en zone de petite agriculture ou de jardinage.
** usoir : en Lorraine, espace qui se trouve entre la maison et la rue et sur lequel on entreposait le tas de fumier, les outils agricoles... C'était en quelque sorte la vitrine de ses richesses...
Cartes postales anciennes : Delcampe
Photo de la halette de la halte: Epamin'
beaucoup moins romantique que toi,ce que tu compares à une halette, je le vois comme un casque d'armure. Tu as bien de la chance d'avoir des poubelles aussi originales dans ta région ! Dans la nôtre,ce serait bien utile car le nombre de touristes en été les font déborder bien souvent.
RépondreSupprimerQue ces chères petites dames avaient de l'allure !
Même aux champs ou à Oléron, elles étaient jolies !!!
Merci pour ce billet ci qui me ramène à ma grand - mère.
Belle journée et BIZZZ de DOUCY.
C'est vrai, ça ressemble également à un casque ou même à ces détestables cagoules piquantes dont nous affublaient nos parents jadis....... mais qui, je le reconnais, nous tenaient bien chaud!
SupprimerCes poubelles ne sont pas lorraines, Doucy! Je crois que je les ai vues l'été dernier en remontant de la Côte d'Azur, peut-être en Bourgogne... Il faudra que je redescende pour vérifier!
Bises d'Ep'
J'aime les mots et celui-ci je ne le connaissais pas , merci!
RépondreSupprimerMoi aussi, j'aime les mots et c'est ma grand-mère qui m'a appris celui-ci ainsi que "kissnot".
SupprimerA bientôt ici ou ailleurs!
Voilà de gentes dames qui doivent avoir une drôle d'haleine ! :~)
RépondreSupprimerTu me fais bien rire, Tant-Bourrin !
SupprimerJe ne trouve rien à répondre à un si bon mot si ce n'est bravo !
Superbe histoire de coiffe, et beau coup d’œil !
RépondreSupprimerMerci pour ton message chaleureux, PH!
SupprimerJ'ai fait partie, jadis, d'un groupe folkorique et j'avoue que revêtir les tenues des paysannes d'antan était assez émouvant...
Bon courage avec la neige!
Que voilà des poubelles au design patrimonial. Pas encore par ici. Bien vu la comparaison. A quand les poubelles en forme de coiffes adaptées aux régions ?
RépondreSupprimerLa quichenotte était encore portée par certaines grands-mères charentaises, jusqu'aux années soixante (je l'ai vu, mais oui ...).
Sur Wiki, on a plusieurs propositions pour l'origine de ce nom. Pour ma part, j'ai toujours entendu l'explication à partir de "kiss not", une coiffe anti bisous anglo-saxons (la Guerre de Cent Ans a laissé des traces)!
Lorsque ma grand-mère m'expliqua ce qu'était un "kissnot", (chapeau anti-bisous, comme tu le dis si bien!), elle se garda bien au début de me donner la version locale "quichenote" (ça faisait trop quiche lorraine). C'était sans doute, avec "big pig", l'un des rares mots british que ma mamie connaissait...
SupprimerSi l'on en vient aux poubelles coiffées, il faudra de la place pour certaines (je pense aux Alsaciennes, par exemple!!!).
C'est très intéressant, ce que tu nous racontes, Epamin.
RépondreSupprimerBon week-end!
Bon week-end à toi aussi, Richard et merci de ta visite qui fait plaisir!
SupprimerBonne soirée!
Plutôt rigolotes, ces poub'halettes ! :-D
RépondreSupprimerMais beaucoup moins élégantes que ces dames d' antan...
Bises, Epamin'...
NiNa-Lou
Hihi, "poub'halettes", j'aime bien!
SupprimerÉlégantes, nos ancêtres, certes, mais que cela devait être contraignant...
Bises d'Ep'
Chouette ta petite histoire et merci de nous l'a faire partager...
RépondreSupprimerBisous et bon WE ,ici sous la neige.
Thérèse
Avec la neige de ces dernières jours, elles doivent être bien jolies les poub'halettes des autoroutes: des coiffes noires coiffées de blanc!
SupprimerBon week-end et bises d'Ep'
Je découvre tes poub'halettes. Une amusante comparaison avec les coiffes d'antan. Le designer y a peut-être songé :-)
RépondreSupprimerBISOUS
Peut-être... mais je crois que le designer a dû surtout respecter le cahier des charges...
RépondreSupprimerAinsi que me l'a fait remarquer (hors antenne!) une personne fort avisée, j'ai omis de préciser qu'il s'agit là de poubelles destinées essentiellement aux routiers. En effet, du haut de leur cabine de conduite, il leur est aisé de jeter leurs détritus dans ces énormes poub'halettes lorsqu'ils quittent les aires de repos. Ils ne sont pas contraints de sortir de leur camion.
Merci pour ta visite, Marité et à bientôt!
Bises d'Ep'
Joli "reportage" comme quoi même une poubelle peut fournir un joli sujet, dans la vie il n'y a rien à jeter.
RépondreSupprimerTout à fait Andiamo, c'est ce qu'on appelle le recyclage !
SupprimerBon dimanche et sois prudent si ça glisse devant ta maison...
Pour une fois que les poubelles sont poétiques... le début de ton texte est comme une devinette mais je n'avais pas trouvé la réponse, je me demandais vraiment de quoi il pouvait bien s'agir, cette silhouette me fait aussi penser à la redoutable héroïne de BD Carmen Cru !!!
RépondreSupprimerbise
Bien vu pour Carmen Cru...
SupprimerBon dimanche à toi et si tu penses que ça glisse dans la prairie, reste ici!
Bises d'Ep'
Pour un envoi, c'est un envoi et de haute volée. Ton inspiration est en alerte H.24 pour notre plus grand bonheur.
RépondreSupprimerLorsque j'ai lu "les Ptites' mémés des aires " j'ai cru que tu allais nous parler d'Aimé Césaire. Oui, je sais, je gamberge un peu trop des fois. Mais la photo de l'aire d'autoroute était la clé. Pour Césaire, il faudra attendre. Je suis sûr que tu aimes ce grand poète.
Je t'embrasse bien amicalement.
Roger
Un vrai grand plaisir de te retrouver dans mes esperluettes: merci de ta visite et de tes mots amicaux!
SupprimerDésolée de t'avoir un peu déçu avec mes grosses poubelles, mais M. Césaire, ce sera pour une autre fois!
Bises d'Ep'
Merci de m'avoir fourni le sens original de "halette" dont j'entendais parler ma grand-mère (57-Knutange), née sous l'Occupation allemande (1906), mais de langue française.
RépondreSupprimerDonner à quelqu'un "un coup sur la halette" c'était (et c'est toujours, pour les Lorrains) lui donner un coup sur la nuque avec le tranchant de la main. (coup du lapin).
Cordialement.
Bonjour et bienvenue dans mes esperluettes!
RépondreSupprimerJe suppose que comme la mienne, votre grand-mère prononçait le mot "halette" avec un fort accent lorrain...
Belle journée en Lorraine ou ailleurs !
Ep'