samedi 25 août 2018

& Rencontre

Je suis là-haut, sur "ma" colline, près du Signal battu par les vents et devant moi, à perte de vue, s'étendent les terres moissonnées, les pâturages et les bois, les villages aux toits écrasés de soleil et les petites routes sinueuses qui se faufilent entre les vallons.
De là-haut, le paysage est à la fois grandiose et paisible, vertigineux et humble, puissant et doux... 
J'en connais chaque courbe, chaque mouvement, chaque ondulation et les perpétuels changements imposés à la nature par la main de l'homme altèrent toujours un peu mon bonheur presque parfait d'être là.
Par cette belle après-midi d'été, comme à chaque fois que je monte sur cet éperon rocheux, je respire à pleins poumons, j'écoute le silence et le vent m'apporte parfois le tirelire d'une alouette volant en contrebas.
Comme à chaque fois, je me sens libre, vivante...

C'est alors que j'entends une petite voix derrière moi : "Bonjour ! T'as trouvé des étoiles, toi ?"
En me retournant, j'aperçois une petite fille accompagnée d'une jeune femme qui s'excuse poliment du comportement de la fillette.

"Mais je vous en prie! "
Et je reprends en m'adressant à la petite fille :
" Non, je n'ai pas trouvé d'étoiles car aujourd'hui, je n'en ai pas cherchées. Avant, on avait le droit de creuser le sol pour trouver des petites étoiles mais depuis quelques années, c'est interdit car les gros trous abîment la colline et les fleurs!
- Je sais. Maman me l'a dit !
- Donc tu es une grande fille raisonnable ! Bravo !
Et voilà la poupette qui commence à me poser des questions comme si elle m'avait toujours connue...
"Tu fais quoi comme travail ?
- Je suis maîtresse d'école. Je m'occupe des grands du CM2.
- Moi je vais rentrer en CE1 et ma sœur chez les moyens. T'en as beaucoup des étoiles d'avant ?"
...
Et pendant de longues minutes, le joyeux babillage de l'enfant égaie le silence du plateau. 
Tout y passe : les étoiles, bien sûr, mais aussi les vaches, sa petite sœur, ses grands-parents, les cousins, les vacances, le vélo, les mirabelles, la confiture de groseilles, le boulanger, les papillons, les robes de princesses, les fleurs des champs, les petits pois, la toile de tente, les raquettes....

C'est incroyable comme en si peu de temps, on peut penser à un si grand nombre de choses!

Une fois encore, en montant sur "ma" colline, j'ai rencontré la petite fille que j'étais et que je ne cesserai jamais d'être...




jeudi 23 août 2018

& Si près

Afin qu'ils eussent les dimensions adéquates et réglementaires,  Madame C., la grande responsable de l'atelier, reprit de nombreuses fois les mesures avec son mètre ruban qu'elle portait toujours autour du cou. A plusieurs reprises, elle tâta les différents velours, observa d'un œil avisé les innombrables échantillons de passementerie qui s'étalaient devant elle puis s'écria brusquement d'un ton solennel: "Vous prendrez ça et ça et ça avec ça!"

Aussitôt, on se retrouva dans une ruche. On entendit le cliquetis des ciseaux, le tacataca des machines, le bruit spécifique du pied-de-biche abaissé sur le tissu, le bruissement des étoffes transformées par des mains expertes et, au bout de quelques heures, ils étaient là!

Comme pour chaque cérémonie, on avait commandé à l'atelier le matériel nécessaire pour que tout soit parfait… et cette année encore, ce serait parfait.
Et cette année encore, comme il n'est pas difficile de nourrir des pensées admirables lorsque les étoiles sont présentes, les petites couturières, les habiles couseuses de coussins, auraient une larme à l'œil et des rêves plein la tête en voyant leurs coussinets passer si près des héros, lors de la remise des trophées aux vainqueurs… 

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...