lundi 28 octobre 2013

& Conversations d'automne



" Salut !
- ...
- J'ai dit : "Salut!"
- Mmmm...
- T'arrives d'où, toi ?
- Hein ?
- J'ai dit :  "T'arrives d'où, toi ?"
- J'en sais rien !
- Tu ne sais pas d'où tu viens ?
- J'ai pas envie d'en parler !...  Et toi, d'où tu viens ?
- Y'a deux jours (j'ai compté les nuits!), je me suis arrachée du sommet du grand érable que tu vois là-bas... J'te dis pas la descente de ouf ! 
Un bon coup de vent et hop, c'était parti pour le grand saut. Quelques centaines de copines, les jours d'avant, avaient pu virevolter tout en douceur, doucement décrochées et emportées par un petit vent léger. Moi, je n'ai pas eu cette chance. J'ai été violemment arrachée de ma branche pendant l'orage et la bourrasque m'a emportée. Ensuite, j'ai voltigé dans tous les sens, comme une folle, puis j'ai atterri au bout de ce chemin. Et là, à l'instant, un petit coup de vent m'a poussée jusqu'ici, à côté de toi... Et voilà !

- Ben dis donc, t'en dis des trucs en peu de temps...


- C'est que, vois-tu, je sais que d'un instant à l'autre, je peux être emportée par le vent. Si je parle lentement,  je n'aurai pas le temps de finir de raconter mon aventure...
- Donc, tu viens d'un arbre ?
- Oui. Pas toi ?
- Non ! Mais comme toi, j'étais en hauteur, avec mes copines. On était bien aligné, les unes derrière les autres, sous la lumière... De temps en temps, on avançait d'une place. Puis à un moment, je me suis retrouvée devant. Tu peux pas savoir comme j'étais fière d'être enfin la première!
- Où elles sont passées tes copines qui étaient avant toi?
- Ben, jusqu'à ce que je tombe, j'en savais rien et puis j'ai compris le système: à chaque fois qu'on avançait d'une place, c'était que la première était tombée. Et je te dis pas la dégringolade... Pas de vent doux, pas de tapis de mousse pour amortir la chute... Non, non ! Je suis tombée la tête la première sur un toboggan en métal. De là, j'ai été propulsée contre une porte qui s'est brutalement ouverte et j'ai été saisie brusquement.




- Par quoi ?
- Aucune idée. C'était une espèce de grosse pince à cinq griffes colorées de bleu pailleté. Sans m'y attendre, une autre griffe bleutée m'a arrachée la tête et lentement, je me suis sentie disparaître. J'étais comme absorbée, comme vidée...
- C'est atroce ton histoire. Mais comment es-tu arrivée ici ?
- Je ne sais pas. Longtemps, j'ai été tenue par les griffes bleues. Puis, lorsque j'ai été complètement vide, j'ai été écrabouillée. Longtemps après, on m'a lancée en l'air de je ne sais où et je suis retombée ici.
- C'est super ! Alors comme moi, tu vas te décomposer et être utile à la nature ? 
- Hélas, non! Je ne crois pas ! On m'avait dit qu'un jour, quand je serais vide, on me transformerait, on me "revaloriserait", on me recyclerait à condition que j'arrive dans une poubelle verte. Mais ici, sur ce bord de chemin, je vais mettre des années, des siècles pour disparaître..."

La conversation s'arrêta là car le vent d'automne emporta soudain la petite feuille d'érable...






Quelques jours plus tard...

"Mamie, regarde !
- Quoi, mon chéri?
- T'as vu, Mamie ? Y'a des gens qui ont jeté leur canette par terre au lieu de la mettre dans une poubelle verte !
- Oui, ils sont stupides mais on va arranger ça. On va la prendre dans notre sac poubelle en plastique et quand on arrivera à la maison, on la mettra dans notre poubelle verte.
-  D'accord et on racontera à Papi ce qu'on a fait..."

 Et la canette en aluminium, toute émue au fond du sac en plastique, versa sa dernière larme de soda.





vendredi 25 octobre 2013

& La mémère a cent ans...

Lisse et pâle comme était la peau des belles dames d'antan, la centenaire est peu marquée par les ans. On sent, ici ou là, un grain de peau un peu rugueux, une petite cicatrice brune, quelques minuscules taches de vieillesse mais si peu... Et pourtant, cent ans de lavage, de frottage, de gommage, de maquillage et de démaquillage, ça use un peu...


Eh bien non ! Malgré son grand âge, la vieille dame est toujours rayonnante dans la lumière du soleil et régulièrement, elle se parfume de douces fragrances de lavande, de muguet ou de violette.
Elle tente d'être discrète et reste souvent dans un petit coin de la pièce, sans bouger. Pudique, elle se voile parfois la face mais elle devient toujours l'objet de l'attention de tous ceux qui l'approchent.
Ses douces rondeurs d'antan la rendent attendrissante et son style art nouveau fait d'elle une reine de beauté au charme désuet, un peu comme les belles dames peintes par Mucha.


Bien solide sur ses petits pieds, elle supporte encore aujourd'hui de lourds fardeaux et reçoit sans fléchir tout ce qu'on lui impose.
Les petits enfants l'adorent car elle a toujours un petit banc près d'elle et comme elle est petite, elle leur inspire confiance.
Elle a partagé l'intimité de nombreuses personnes mais en dépit de tout ce qu'elle a vu et de tout ce qu'elle a entendu, elle n'a jamais dévoilé aucun des secrets qu'on lui a confiés.


Certaines personnes peu respectueuses de nos aînées la laissent toute seule dehors, la considérant comme une simple potiche, comme un vulgaire pot de fleurs. C'est sans doute que leur centenaire est moins bien "conservée" que la mienne !





Car voyez-vous, la belle centenaire à qui je rends hommage dans ce billet, c'est... ma p'tite baignoire. Une vieille baignoire sabot en fonte émaillée, toute habillée de carrelage, coincée au fond d'une toute petite pièce et qui a été installée dans cette maison dans les années 1910. Ma propriétaire n'a pas voulu enlever cette baignoire et finalement, j'en suis ravie... 
De même, le petit lavabo est d'époque: pas très pratique mais rustique!

Ma mémère a cent ans...



... et elle ne fuit pas!

Oeuvres d'un des maîtres de l'Art Nouveau: Alphonse MUCHA

mercredi 23 octobre 2013

& Ciel de Raylambert

Le livre commençait par les points cardinaux.
Sur la moitié supérieure de la page, on voyait une petite école communale, à la façade claire parcourue d'une jolie treille et dont la toiture de tuiles mécaniques était surmontée d'une girouette (titre de la leçon oblige!). 
Dans la cour, des écoliers proprets en culottes courtes et robes ajustées jouaient aux billes, à chat ou papotaient avec le maître. 
Dans l'angle du mur, une pompe à bras pour rafraîchir les gosiers ou nettoyer les mains et au fond de la cour, les cabinets des filles, les urinoirs des gars et le grand cabinet du maître.
Un tilleul pour faire de l'ombre, le drapeau tricolore au-dessus de la porte d'entrée...
Dans la rue, une charrette tirée par un cheval croisait une 4CV et deux commères qui comméraient près de l'école...


Autoportrait de Raymond Lambert, dit Raylambert




Sous l'image, des questions d'observation et tout en bas, trois lignes de résumé à apprendre.


Dans les pages suivantes, on voyait cette même petite école en plan puis le plan du village...
Ensuite venaient les saisons racontées comme une bande dessinée en quatre tableaux puis la météorologie : le beau temps, la pluie, le froid, la tempête !

Eh bien, vous ne me croirez peut-être pas mais lors de la dernière grosse averse qu'on a "essuyée", lorsque j'ai vu le ciel, j'ai pensé au ciel de pluie de mon livre de géographie de CE2 ! 
Vi, vi, vi !






Chacune des illustrations de ce livre de géographie intitulé "Promenons-nous" restera à tout jamais gravée dans ma mémoire. Je me souviens de la colline, de la côte à falaise à marée haute et basse, de la plaine, de la rizière, du campement targui, du glacier, des eaux d'infiltration, de l'oasis (c'est pendant cette leçon que j'ai appris ce qu'était un "chadouf"), de la mine de charbon, de la forêt vierge...


C'est fou le vocabulaire que j'ai acquis grâce à ce livre de géographie (et bien sûr, grâce à Mme Rémond, ma maîtresse de CE2 !).
Et je vous parlerai, dans un prochain billet, de mon livre d'histoire... 



S'ils vivaient encore, j'adresserais une chaleureuse lettre de remerciements à MM.:
  • Raylambert, auteur de tant d'illustrations (tapez Raylambert dans Google-images et vous verrez!),
  • René Bresson (illustrateur de mon premier livre de lecture "Rémi et Colette"), 
  • François Garnier (illustrateur de mon deuxième livre de lecture "Poucet et son ami l'écureuil"),
  • Henri Mercier (illustrateur d'encyclopédies pour la jeunesse),
  • Michel Demouy,  
  • Robuchon (pas le cuisinier mais le dessinateur!), 
  • Henri Dimpre,
  • Calvet-Rognat (les images pour les enfants sages),
  • ln Poirié (Hélène Poirier), 
  • Daniel Lordey... 
  • et à André et Madeleine Rossignol qui les ont édités
car c'est sans doute en partie grâce à eux si je suis devenue maîtresse d'école tant leurs dessins didactiques m'ont appris de choses que je voulais partager.
 

Maîtresse d'école depuis plus de trente ans maintenant, j'ai eu le plaisir de retrouver dans les cagibis, les vieilles armoires et les poubelles des écoles, certains des ouvrages qui avaient enchanté mon enfance et plusieurs d'entre eux trônent maintenant sur mes étagères.







PS : Je trouve que Raylambert avait des airs de Maître Capello... Pas vous ?

PS' : Suite à leurs commentaires et pour faire plaisir à Andiamo et Croukougnouche (et peut-être à d'autres!), voici quelques images de la méthode Boscher. Sachez, mes "petits", que votre méthode de lecture, dite "syllabique" et connue également sous le titre "La journée des tout-petits", est aujourd'hui éditée chez Belin. Elle a été laissée de côté quand la méthode dite "globale" a fait son apparition quand j'étais petite. Aujourd'hui, les panneaux muraux et les pages imaginés par Mathurin (oui, le M. devant Boscher, c'est l'initiale de Mathurin!) ont été réactualisés et sont utilisés pour aider certains gamins ou bien dans les familles.
Ce sont les adorables dessins de la célèbre illustratrice Jacqueline Duché qui ornent les premières éditions. Puis c'est "le" François Garnier de mon "Poucet" qui a montré son talent dans les éditions suivantes.
(Cliquer sur les images pour les voir en grand et pour bien réviser vos sons pour demain!)








samedi 19 octobre 2013

& Pour tous types de cheveux

Il existe des shampooings pour les cheveux normaux ou secs, pour les cheveux gras ou à pellicules,  pour les cheveux cassants ou abîmés,  pour les cheveux matures ou colorés. 
Il existe des shampooings contre la chute des cheveux, pour "hyperblondir" le blond, pour "ultraroussir" le roux, pour "extrabrunir" le brun, pour "reblanchir" le blanc et "déjaunir" le jaune, pour friser les baguettes de tambour ou pour raidir les frisottis... 
Les rayons "produits capillaires" des supermarchés sont aussi longs que la Galerie des Glaces de Versailles !

Mais après ce que j'ai vu au Zénith de Strasbourg et au Galaxie d'Amnéville, je vous affirme qu'il existe des produits uniques pour tous les types de cheveux...

M. Ep' m'a offert de bien jolies surprises pour ce mois d'octobre... Le 11/10, spectacle d'Indochine et le 15/10, Mylène Farmer... Oui, oui !  Et il paraît que ce n'est pas fini !
Ces deux grands concerts étaient époustouflants tant par le nombre de spectateurs que par la qualité de ce qui nous a été offert - enfin, c'est mon avis!  Pour des concerts vraiment différents, voir ici... et ici (hihihi!)


Eh bien, je puis vous assurer qu'à Amnéville comme à Strasbourg, Nicolas et Mylène conviennent aux chevelures  de toutes natures, de toutes couleurs et de tout poil, voire sans poil!  
Cela faisait chaud au cœur de voir, en plus des chevelures des 30-40 ans, les nombreuses têtes grisonnantes arriver en compagnie de coiffures colorées et hirsutes, les crânes chauves côtoyer les têtes enfantines des petits-enfants, les chignons push-up des adolescentes (Maman, elles t'ont piqué tes neigeuses!) dodeliner sur le même rythme que les cheveux méchés des mamies quinquagénaires, les pattes poivre et sel des papis sourire en même temps que les tempes tondues au sabot de 2 des gamins de 15 ans...

En ce qui me concerne, durant quelques heures, ces deux concerts m'ont retiré tous mes cheveux blancs !





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