Il n'est pas coutumier que j'exprime dans mes esperluettes des idées négatives, que je me fâche, que je m'insurge...
Mais aujourd'hui, je n'en puis mais...
Yé n'en pè plou!
N'en déplaise à ceux dont mes propos, ici ou ailleurs, heurtent la sensibilité, mais je veux dire que, comme beaucoup beaucoup de mes collègues, je suis une bonne instit. De plus, j'aime toujours autant mon métier et ce, malgré (ou à cause?) de mes 30 ans de carrière.
Je fais de mon mieux, toujours, avec les moyens qu'on me donne et les réformes qu'on m'impose, pour que tous les gamins qui me sont confiés acquièrent les connaissances et les compétences qui les aideront à devenir des hommes et des femmes à l'aise dans leur vie d'adultes.
Cette année, j'ai 28 élèves et l'an prochain, l'effectif montera à 30. Belle classe, me direz-vous et vous aurez raison! Plein de projets dans ma tête pour mes futurs loulous...
Hélas, j'apprends par ailleurs, que les subventions allouées par la mairie seront sans doute revues à la baisse, que le Conseil Général ne peut plus nous verser son aide substantielle pour les sorties pédagogiques, que les prix des fournitures ont augmenté, etc...etc...
Tout cela n'est pas très grave, je vous l'accorde et ma colère ne se porte pas sur ces points de détail car depuis 30 ans, j'ai appris à me débrouiller avec 2 F (ça fait drôle de parler en francs!) 6 sous (surtout lors du passage à l'euro!).
Ce qui me fait sortir de mes gonds aujourd'hui, c'est d'entendre dire pour la énième fois, et depuis quelques jours en prenant comme modèle les problèmes de la Grèce, que ce sont les fonctionnaires qui grèvent le budget de la nation et qu'il faut réduire les effectifs...
J'approuve cette idée: certains postes de fonctionnaires sont totalement inutiles et l'argent réservé aux traitements des fonctionnaires représentent des sommes colossales, mais DE QUELS FONCTIONNAIRES PARLE-T-ON?
Au bout de 30 ans de carrière, mon salaire (indemnité de direction comprise!!!!) est de 2361,97 euros! Je suis satisfaite de ce montant car je n'ai pas choisi ce métier pour faire partie des nantis (heureusement!) ni pour avoir des vacances (contrairement à ce que pensent moult personnes qui n'avaient qu'à choisir ce job si les vacances leur manquent tant!...).
Instit, je n'ai pas accepté de repasser le concours pour être professeur des écoles (demande-t-on à un artisan-boulanger qui fait du pain depuis 30 ans de repasser son CAP de boulangerie??) : j'ai juste été "intégrée" dans le corps des professeurs des écoles ("être intégrée dans le corps."..quand serai-je désintégrée????) et mon indice s'en trouve minimisé. Voui!
Et quand je serai à la retraite, si cela existe encore quand j'aurai atteint l'âge (à quel âge d'ailleurs pourrai-je prétendre à ma retraite? No se!), j'ignore la somme qui me permettra de vivre et si j'aurai assez de petites pièces jaunes pour offrir une glace à mon petit-fils!
Nous sommes des centaines dans cette situation...Certes, nos salaires sont honorables (quoiqu'un technicien supérieur (ou plutôt un cadre, si j'en crois mon ami Andiamo!) dans la même entreprise depuis 30 ans doit avoir des revenus mensuels bien supérieurs aux miens!) et nous n'avons pas à nous plaindre, ce me semble, face aux salaires de misère de bon nombre de nos concitoyens.
Cependant, j'enrage de savoir qu'on nous met, encore et toujours, au pilori, nous, les fonctionnaires du bas, ceux des petits bureaux, des guichets, des cours de récré, des archives, des fonds de couloirs alors qu'une poignée d'individus, de hauts fonctionnaires, grassement payés pour leurs "activités", cumulent les mandats (donc les indemnités!) et toucheront (ou touchent déjà!) des sommes exorbitantes pour leurS retraiteS.
Diminuons avec justice et équité, ces revenus, pas toujours justifiés, destinés à une minorité de citoyens français (et ce quelque soit leur bord politique!), supprimons les postes de fonctionnaires réellement inutiles à la bonne marche de notre société mais de grâce, préservons les fonctionnaires qui ne volent pas leur salaire et dont l'absence nuirait grandement à l'équilibre des chances et de la France...
Bon sang, où est passée la
polis, la vraie!