Maurice et Théophile H. sont jumeaux. Ils travaillent ensemble à la mine et habitent côte à côte dans la cité minière avec leur femme et leurs enfants.
Certains revinrent mais ils étaient presque morts, au dedans comme au dehors!
Que se passe-t-il, Epamin'?
Et on inscrivit des mots forts sur les édifices: "A NOS HÉROS", "A NOS MARTYRS"...
Puis, un à un, par ordre alphabétique, les noms et les prénoms des hommes "morts pour la France" furent gravés en lettres dorées dans le marbre.
Ces innombrables fils, frères, pères, oncles, neveux, cousins, amis, disparus dans la boue et dans le sang, trônent triomphalement et à tout jamais au milieu de la place des villages, tout près des Hôtels de Ville, sur une plaque dans les salles de Conseil municipal ou encore dans les églises.
Oui, et même si cela peut paraître stupide, les monuments aux morts font partie de mes petits bonheurs et pour plusieurs raisons:
- ils appartiennent à notre patrimoine populaire au même titre que les écoles de Jules Ferry, que les ponts, que les lavoirs, que les puits, que les voies romaines, que les sentiers de GR...
- dans chacune de nos communes, ils sont la trace commune de notre histoire commune;
- ils laissent aux générations suivantes des noms, un témoignage, une preuve tangible des souffrances de nos aïeux et sur l'inutilité des guerres.
- ils nous donnent à réfléchir sur les valeurs de la société des années 20 et sur les nôtres...
- ils sont le fruit de souscriptions locales (moyen de financement assez peu répandu de nos jours, voire inconcevable, isn't it ?).
- enfin et surtout, chaque monument a sa propre histoire et je me plais à imaginer les conditions dans lesquelles ils furent édifiés.
Beaucoup de communes ont choisi l'obélisque, simplement, et l'ont orné d'un casque, d'une couronne de feuilles de chêne (Ah, les braves citoyens!), d'une couronne de laurier (Oh, les braves militaires!), d'une croix de guerre (bof! mais à l'époque ça valait 10 bons points, au moins!), d'une palme (une seule souvent, deux parfois mais c'est pas pour faire de la plongée!) et souvent d'un coq, perché tout en haut et parfois peint mais pas toujours du meilleur goût!!
Certains monuments se retrouvent à l'identique dans plusieurs communes car ils ont été manufacturés pour des raisons évidentes d'économie. On n'a pas trop de sous en 1920!
Ailleurs, et selon ce qu'il est advenu aux enfants de la commune, les scènes sculptées par des artistes, plus ou moins célèbres, représentent un Poilu courageux ou martyr ou héroïque. Il est en mouvement ou prend la pose, comme pour une photo; il est seul ou avec ses compagnons d'armes ou son chien; il est à l'agonie ou court vers la mort; il crie victoire ou pleure un camarade...
On voit aussi les veuves éplorées et les petits orphelins; parfois, c'est Marianne qui garde la tête haute, vaillante, la baïonnette ou la grenade à la main ou bien, elle est effondrée, endeuillée, voilée et pleure ses enfants morts.
Selon les régions, les sculpteurs ont raconté des histoires différentes : parfois, on prie, on se recueille et la foi l'emporte; on pleure, on hurle son chagrin et c'est la douleur qui s'impose; ici, la colère est tenace; là, on prône le pacifisme; ailleurs, on travaille et les civils sont mis à l'honneur...
Tant de communes, tant de morts, tant d'histoires...
Pour moi, observer, admirer, "décoder" les monuments aux morts, c'est un peu comme lire un livre d'histoire...
Et si mercredi prochain, vers 11 heures, vous ne savez pas quoi faire, allez donc à la cérémonie commémorative du 11 novembre...
Quand tout le monde sera parti au vin d'honneur, offert par la commune ou par les anciens combattants, prenez le temps de lire les noms des p'tits gars d'ici, morts là-bas et faites quelques belles photos du monument aux morts...
Vous participerez ainsi au devoir de mémoire...