mardi 31 août 2010

& Août

Pardon à tous ceux qui viennent ici pour sourire, pour s'étonner, pour se distraire car d'habitude, ici, c'est léger, amusant, serein, couleur ciel bleu et tout ça, et tout ça...
Dans ce billet, ça ne sera pas possible.

En effet, en cette fin d'août, je suis triste, comme toujours, depuis toujours...
Rassurez-vous, cette morosité n'est liée ni à la rentrée qui approche (bien au contraire !) ni à l'été qui touche à sa fin, non, non! C'est simplement que le mois d'août, pour moi, c'est le mois des douleurs.

D'abord, ce furent les insupportables et longues douleurs de ma mère lorsque j'ai décidé de venir au monde en cet auguste mois puis les mêmes atroces douleurs lors de l'arrivée de ma petite sœur, quelques années plus tard.
Ensuite, mes premières douleurs de fille (vous savez, l'arrivée des Anglais...) me firent entrer dans la cour des grandes.
Puis, toujours en août, commencèrent et finirent deux histoires qui auraient dû durer toujours...

Enfin et surtout, c'est le mois de sa mort!

Adolescente insouciante, j'ai vu la maladie l'affaiblir, le briser, le détruire et l'emporter et ma vie ne fut plus jamais la même.
Il avait veillé sur mes premiers pas, m'avait tenu la main pour monter puis pour sauter les escaliers, m'avait installée sur mon tricycle, m'avait fait sentir les roses et montré les coccinelles, m'avait ouvert les portes de son atelier, m'avait appris à faucher... Il avait enchanté mes jours de vacances, avait parsemé mes matins de framboises, de groseilles, de noisettes, de fraises des bois et de petits pois fraîchement cueillis et il avait peint mille arc-en-ciel dans mon ciel d'enfance.
Puis, un matin d'août, à l'aube, après de longs mois de souffrance, il s'endormit enfin paisiblement, pour l'éternité. 
Aucun mot pour dire!
On déposa quelques magnifiques glaïeuls de son immense jardin sur son lit, tout autour de lui.

Lui ai-je assez dit que je l'aimais? On ne dit jamais assez aux autres qu'on les aime!


Cette année, pour la première fois depuis sa mort, j'ai fait pousser des glaïeuls dans mon jardin! 
Sans doute l'hommage d'une grand-mère à son grand-père!

samedi 28 août 2010

& J'ai grandi de 70 cm

Il a eu 8 mois hier!
Lui, ce petitou adorable dont les yeux bleus magnifiques sont deux petites flaques de bonheur limpide...
Lui dont le sourire (sans dent pour le moment !) ressemble à celui du soleil que les enfants dessinent dans le coin de la feuille; vous savez, ce soleil éclatant qui a des fleurs au bout des rayons!...
Lui dont les babillages, les bavouillages, les galipettes et les fossettes sont autant de rouleaux de réglisse, de pastilles Vichy, d'anis de Flavigny à déguster.


Sans le savoir et sans le vouloir, mon petit-fils me fait grandir. Pas en taille rassurez-vous, mais dans ma tête!
Je vis et je vois la vie différemment depuis qu'il est là (et même depuis 9 mois avant son arrivée!); rien, plus rien n'est pareil qu'auparavant. Le soleil est toujours là, même si le ciel est noir d'orage ou gris de pluie...Et il y a, en plus, le doux sourire de maman de ma fille...

Être mamie: quelle belle aventure!

mardi 24 août 2010

& Copains comme cochons

Jadis, je trouvais ça  magique!

Plus tard, j'ai tenté de comprendre.

Aujourd'hui, j'admire.

La première fois que je les ai vus ensemble, il y a très longtemps, j'ai vraiment pensé que leur lieu de vie était un espace enchanté tant leur promiscuité me semblait improbable. Ils partageaient le gîte, le couvert, l'ombre, l'eau claire et vaquaient à leurs occupations journalières sans jamais se gêner... 
Et pourtant ! Ils ne parlaient pas le même langage, n'étaient pas de la même race, n'avaient pas les mêmes rites et ne respectaient pas les mêmes lois... Malgré toutes ces différences, ils vivaient ensemble, en bon entente et dans le respect des habitudes de chacun.

Quelques années plus tard, j'ai appris que ce mélange des genres était bénéfique aux uns et aux autres: ce que ne veulent pas manger les uns (et qu'on appelle les "refus") est apprécié par les autres, la répartition des espaces à vivre se fait selon les besoins de chacun, le tempérament placide des uns apaise et modère les fougueux emportements des autres et les êtres sans famille ont, malgré tout, de la compagnie.
En plus, il paraît que c'est bon pour l'environnement...

Aujourd'hui, quand je passe à côté d'une prairie où paissent ensemble bovins et équidés, je souris, j'applaudis... et je m'interroge.
L'homme, qui se dit doué d'intelligence (nous sommes quand même des Homo sapiens, pas vrai?), n'est pas capable de vivre en bonne intelligence avec ses congénères  (vous faut-il des exemples?...) alors que des animaux de familles, de genres, d'espèces et de races différentes cohabitent 24h/24h dans un espace clos, sans s'entretuer.
Ces "gens" là respectent les mères avec leurs petits, ne se bousculent pas pour arriver le premier, boivent ensemble sans s'insulter,  laissent dormir ceux qui dorment, tolèrent les différences, ...

Faut-il donc, pour agir avec sagesse, être bête à manger du foin?

Illustration: Toupies Lanka Kade

mardi 17 août 2010

& Folies bergères

Sur une scène d'un beau vert tendre, décorée de guirlandes de fleurs et d'arabesques dessinées par le vent, elles dansent.
Dans une chorégraphie mille fois répétée, elles suivent la maître de ballet. Chaque jour, elles bougent, se trémoussent, avancent, tournent, se regroupent, se dispersent, s'alignent...
Elles s'observent du coin de l'œil pour garder les distances et maintenir l'harmonie des lignes.
Elles craignent un peu l'habitué au regard noir qui les guette et qui pince leurs mollets quand elles ne respectent pas le rythme ou quand elles improvisent une sarabande.
Mais ce qu'elles redoutent le plus, c'est le jour du déshabillage!
Sans prévenir, on les attrape l'une après l'autre, on les maintient fermement et on leur retire leur jolie robe de laine douce. En un instant, elles perdent leurs formes avantageuses, leurs courbes moelleuses et retournent sur scène dans le plus simple appareil...

Mais le spectacle n'est plus le même! 
Je préfère voir, dans la prairie, Mesdames les brebis  (leur maris et leurs petits) avec leurs beaux habits!

Illustration : French Cancan (Macha)

mardi 10 août 2010

& La danse des sept voiles

Elle ne s'appelait pas Salomé; elle n'en avait ni la beauté, ni la renommée et j'ose espérer qu'elle n'en avait pas, non plus, la cruauté.
Et pourtant, comme la fille d'Hérodiade, la dame maniait les voiles avec beaucoup de féminité et les retirait un à un, avec lenteur. En respectant toute une gestuelle savamment étudiée qui donnait à penser aux spectateurs qu'ils verraient, tôt ou tard, quelque chose d'intéressant, elle laissait tomber au sol les étoffes légères, les velours colorés, les dentelles travaillées, les satins et les plumetis, les tulles et les taffetas...
Mais, à l'inverse de la belle Salomé (belle, belle, z'avez vu sa photo? Si ça se trouve, elle était moche comme un pou...), la dame, quelques instants après que les voiles aient chu, réajustait immédiatement d'autres tissus et masquait de nouveau son intimité par de l'organdi, de la mousseline, de la toile ou du calicot.
Étrange, me direz-vous! Plus que vous ne pouvez l'imaginer...
Non seulement la nudité ne durait guère mais ce phénomène se répétait quotidiennement et, pour couronner le tout, le choix des matières, des couleurs et des motifs était des plus contestables!
Imaginez une épaisse dentelle bleue délavée représentant  un dauphin bondissant associée d'une part à un velours cramoisi et d'autre part à un morceau de pseudo toile de Jouy verte.. ou bien un carré de boutis gris "drapé" près d'un tissu à gros tournesols jaunes rehaussé d'un patchwork de carrés tricotés...

Je n'exagère pas: c'est le spectacle que m'a offert (heureusement, gratuitement!) pendant un an, ma voisine d'en face, en changeant tous les jours (ou presque!), les pans de rideaux de ses fenêtres et de sa porte d'entrée vitrée... Pour chacun des trois battants de fenêtres et pour les deux battants de la porte, elle choisissait des tissus différents, quotidiennement... 
C'est le jour des dauphins bleus en dentelle que j'ai commencé à observer la danse des sept voiles de ma voisine...
Les sept voiles (Photo Flickr)

samedi 7 août 2010

& Si on prenait un petit T ?

Alphabet : chapitre 20
Un peu rigide certes, mais fort apprécié des Provençaux ("Té, vé, il est brave, ce pitchoun!"), le T est un chouette type.
Sans T,
pas de T. rex (le T roi);
pas de T-shirt (le maillot-T);
pas d'instant T (Bizarre, on ne dit pas l'instant I !);
pas de Mister T;
pas de T sur l'enveloppe sans timbre;
pas de T dans l'atelier du dessinateur;
pas de TGV;
pas de TF1 (bonne idée, finalement !);

Le T donne la sanT!
Le T écrit la liberT, l'égaliT et la fraterniT...et tous les autres mots en T qui enquiquinent les petits écoliers.

Le T offre le thé aux Anglais (et à tous ceux qui mettent du t dans leur thé à l'inverse de ceux qui  y mettent du ch ! Allez voir ici pour mieux comprendre).
Il est notre T d'oreiller (ou celle dans l'œil!) et notre premier T1 ou T2 (après, on oublie de compter les pièces!).
C'est le temps qui passe comme dans V = d / t , la empérature en degrés Celsius ou Fahrenheit et la grosse tonne de plumes moins lourde que la tonne de plomb.
Il facilite le tlépéage sur la route des vacances, a participé à l'invention du Tléphone, de la Tlévision, du Tléphérique, du Tlescope, du Tlégraphe, de la Tlécommande et permet la Tlépathie, le Tléguidage, les Tlécommunications et tant d'autres choses qui se passent de loin.  (Attention: Ne pas inclure Tlémaque dans cette liste: il ne s'agit pas d'un point de restauration rapide à distance!)

Avec T, ça  tinte, ça tintinnabule, ça tournicote, ça tartine, ça tarabuste, ça trottine, ça tripatouille, ça traficote,  ça tontine, ça tapote, ça tricote, ça tétine...

Pour faire des acrobaties, des opérations, des facéties ou de bonnes actions, le T s'associe au I.
Parfois, en souvenir des ces ancêtres grecs, il copine avec le h et fait naître Théo, Théophile, Théodora, Théa, Thalia, Théotime, Thérèse... fabrique des théorèmes, des théories, soutient des thèses et discute de théologie, de théocratie et de thermonucléaire .
Comme l'union fait la force, il travaille de temps en temps avec son jumeau : les lunettes ont ainsi deux branches, la brouette a deux manches, la biscotte et la butte ont deux côtés, la carotte et la hutte ont, en double, ce que vous voulez.
Discret mais efficace, en fin de mot, le T se tait.

Ah, au fait! C'est l'éT: n'oubliez pas d'en profiT!

T-shirt T.Rex (Photo CafePress)

lundi 2 août 2010

& Seul, tout seul

Seul, sans l'avoir décidé.
Solitaire, par obligation.
Ermite et pourtant au milieu d'un monde.
Agoraphobe? Fichtre, non!
Célibataire ? Allez savoir!
Enfant unique? Oh que non...
...mais peut-être le seul survivant de toute sa fratrie.
Malheureux ? Nul ne le saura jamais...
Hautain, non, mais altier, oui.

Il est seul, tout seul et il ne saurait dire depuis combien de temps, il est là.
Le mystère de sa vie vaut le détour et quand on le voit, les questions se bousculent dans nos têtes:
- Que fait-il là, tout seul ?
- Pourquoi est-il seul ?
- Quand, comment et avec qui est-il arrivé ici ?
- Comment a-t-il échappé aux folies meurtrières des hommes ?
- Pourquoi est-il encore debout après tant d'années ?
- Quelle est son histoire, quels sont ses souvenirs ?
- Combien de saisons verra-t-il encore ?
- Par quel heureux hasard prend-on encore soin de lui ?
- Qui le verra à terre ?


Ce vieux solitaire n'a pas de barbe, n'est pas chenu et tient debout sans canne, même sous la tempête. 
Il parle avec le vent, caresse les nuages, se nourrit de pluie, de ciel, de soleil et de terre et ouvre ses bras à des milliers d'hôtes en toutes saisons.
Que sa silhouette se dresse dans l'immensité d'une plaine, à flanc de coteau ou sur un éperon rocheux, elle transforme le paysage et lui donne une autre dimension.
Si le vieux solitaire pouvait parler, il nous dirait le temps qui passe, les colères du ciel, le travail et la sueur des hommes, le sang des champs de batailles, les amours cachées, les bruits du monde, les couleurs des saisons,  les sillons et les récoltes, les chants d'enfants,...


Je t'admire, arbre solitaire, arbre remarquable et te souhaite longue et belle vie...

Sculpture "Le bâton de vieillesse" (Photo Marbezy)
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