mercredi 30 juillet 2014

& La Bérézina

De Sandy
Comme chaque année, dès que les belles demoiselles s'étaient enrobées de lumière dorée, qu'elles s'étaient parées de sucre et gorgées de jus, on était en campagne mais pas de Russie malgré le titre!…

A l'inverse du promeneur qui a juste à tendre la main pour cueillir et croquer le beau fruit des vergers de Lorraine, le ramasseur de mirabelles s'éreintait du matin au soir pour grappiller une à une les jolies petites billes jaunes tombées sur les bâches. 

Dans les "grandes cultures" (c'est ainsi que ma vieille cousine appelait les fermes de taille imposante), où secoueur et système de ramassage furent petit à petit entièrement automatisés, on était bien loin de notre petit chantier de ramassage, de nos interminables campagnes de récolte familiale durant lesquelles on secouait les dizaines centaines de mirabelliers, branche par branche, avec de longs et pesants crochets et où l'on déplaçait, d'arbre en arbre, les lourdes bâches qui fleuraient bon… la punaise écrasée !

Sous les mirabelliers plantés par les aïeux, on la percevait la rotation du soleil, moi, je vous le dis… Au frais le matin (c'est que ça démarrait dès potron-minet le chantier de ramassage!), au fur et à mesure que le soleil montait et tournait, nous, nous nous épluchions comme des oignons, surtout si le verger était à l'adret du coteau… 

Sous les chauds rayons du soleil d'août, on finissait très souvent la journée en tee-shirt et en short, sauf les jours d'orage et de pluie diluvienne où l'on se protégeait avec de grands sacs poubelles… Si légèrement vêtues, les gamines que nous étions redoutaient d'être envoyées faire "la Bérézina"… C'est ainsi que mon cher grand-père appelait l'autre côté des clôtures, l'au-delà des fils barbelés, le parc du voisin, la zone non protégée dans laquelle, souvent, séjournaient, justement ce jour-là, quelques bovins plus ou moins chahuteurs surtout les jours d'orage…
 
Pour nous taquiner, les grands nous y envoyaient et par-delà les fils de fer barbelés, il paraît qu'on ramassait très vite… Nous ne mettions pas non plus beaucoup de temps pour rejoindre le verger protégé mais dans notre précipitation, nos bras, nos cuisses et nos mollets étaient souvent égratignés par les piquants acérés des clôtures. Une fois de retour, on nous annonçait en rigolant que le Mimile, le Roland ou l'André avaient changé leurs taureaux de parc le matin et que nous ne craignions rien…

Aujourd'hui, quand j'entends le mot "mirabelle" ou "Bérézina" ou lorsque je vois des fils de fer barbelés le long d'une prairie, même si je songeais à oublier, je me souviendrais !
Mirabelles! Version "cousinade début années 80". Nos aïeux taquins reposent en paix...
La dame au fichu , c'est L. du jour L...


MIC du 24/03/2014
mot: rotation
image:
fils de fer barbelés
citation :
"Qui songe à oublier se souvient."  Proverbe français

mercredi 23 juillet 2014

& Pays en marche

Le marcheur de Sidi Bou Saïd (Lilicouleurs)
Marche.
Marcher.

Tant d'efforts et de persévérance pour apprendre à marcher.
Irremplaçable force pour se lever, pour oublier la quadrupédie et se tenir bien droit sur ses deux jambes. 
Merveilleux équilibre pour rester debout, pour mettre un pied devant l'autre, alternativement, jusqu'au dernier pas de son chemin de vie.
Incroyable énergie pour se mouvoir sans choir dans une direction précise, pour aller d'un point à un autre, sans cesse.
Innombrables connexions nerveuses pour que notre corps soit en état de marche, marche bien et marche droit.

Mais une fois que l'on sait marcher, on oublie que marcher c'est tout ça!

Marche.
Marcher.

Appuyer simplement sur le bouton de mise en marche pour que ça marche.

Facile mais qu'est ce qu'on râle quand ça ne marche pas!

Marche.
Marcher.

Se mettre en marche, être en marche, suivre le sens de la marche, assurer la bonne marche: des efforts à fournir, des idées à défendre, des dates à honorer, les autres à écouter, à comprendre ou à combattre...


Certaines marches mènent les pas de l'homme vers un avenir meilleur !
- La longue marche de Martin Luther King, la marche du sel de Gandhi - 
Hélas, pas toutes !
- Le périple des Dix Mille, la longue marche de Mao - 
...

Marche.
Marcher.

Marcher quand on n'a que ses pieds pour aller ailleurs. Marcher quand la vie est trop rude, trop dure pour avoir un autre moyen de transport. Marcher quand les distances et le temps sont à taille humaine.


Là-bas, ils marchent.
Sous l'implacable chaleur, malgré le jeûne, ils marchent.
Jeunes, vieux, femmes, hommes, ils marchent.
Le long des routes ou sur les sentiers brûlants, ils marchent.
Longeant les haies de figuiers, près des grands champs d'oliviers, ils marchent.
 Près des murs blancs et des portes bleutées, ils marchent.
 Sous les buissons de jasmin et de bougainvillées, ils marchent.
Dans les allées des marchés et au pied des mosquées, ils marchent.

Tunisien, Tunisienne, sans cesse, tu marches...
La Tunisie est en marche!

lundi 21 juillet 2014

& Ça fait un but!

Pas de foot dans ce billet... 
et d'une, ce n'est pas ma tasse de thé (ni mon sirop d'orgeat!), 
et de deux, la France n'est pas championne du monde,
et de trois, je parlerai du foot quand les footballeuses auront le même pourcentage d'antenne que les footballeurs... et toc!

Non, je vais vous parler d'autre chose...

Jadis, quand Soeurette et moi étions gamines, nous vivions à Aix-en-Provence.
En fin de journée, dès le printemps, plusieurs fois par semaine, aussitôt que mon père rentrait de son travail et que les devoirs étaient terminés, nos parents nous offraient un menu à la carte. 
Non, nous n'allions pas au restau (ça, on en parlera dans un autre billet...) mais ils nous proposaient soit des cailloux, soit du sable, soit des rochers.
Entendez par là:
- soit une escapade sur une aire de tas de gravillons que nous gravissions avec ravissement;
- soit une petite virée à la mer, juste pour courir pieds nus dans le sable et faire quelques pâtés-châteaux voire quelques châteaux-pâtés;
- soit une balade au pied de la Sainte-Victoire pour escalader les rochers et s'enivrer des senteurs inimitables de la garrigue.

Selon l'humeur, nous embarquions alors dans la Simca 1100 et nous allions passer une heure ou deux, en famille, dans le petit paradis que nous avions choisi.

Et régulièrement, nous allions au zoo... ou simplement vers le zoo; "ça faisait un but" en attendant la merveilleuse période des journées piques-niques à la campagne!

Voilà deux semaines, notre petit loulou est venu passer quelques jours chez nous pour notre plus grand bonheur. Quelle joie de l'avoir avec nous ! Du haut de ses quatre ans et demi, il met du soleil dans nos cœurs car tout l'enthousiasme: les balades à pied et en voiture, les jeux de société, la cuisine, la peinture, le découpage, le foot (tiens, j'en parle quand même!), le vélo, le bricolage, les jeux de construction sans oublier les jeux sur écran, bien sûr!

Et cette année, comme l'année dernière et l'année d’avant, nous avons emmené notre petit-fils au zoo!
Un grand zoo où là aussi, les petites jambes de notre lutin trottinent sans jamais se lasser et où ses grands yeux bleus se posent partout et voient tout.
Sans doute l'emmènera-t-on l'année prochaine: un p'tit tour au zoo, ça fait un but!





jeudi 10 juillet 2014

& Air en stéréo

Route de vacances...
Pas l'autoroute, non, non, mais une jolie petite route départementale.

Véhicule sans climatisation : quand on a chaud dedans, vite, on ouvre sa fenêtre et l'air très chaud du dehors entre alors à l'intérieur...
Comme on a encore plus chaud qu'avant d'ouvrir, on ouvre toutes les fenêtres, en grand, en très grand pour faire un courant d'air et là, il devient absolument inutile de faire tourner le moindre CD car dans l'habitacle, il n'y a plus que l'air qu'on entend en stéréo et en boucle...

Ecoutez!

1. Selon l'espace par lequel vous laissez entrer l'air dans votre voiture,
vous devenez le concurrent immédiat des Sipolo
(inconnus des moins de 50 ans, n'est-ce pas?)
qui faisaient de la musique en soufflant dans des bouteilles,
en agitant des clochettes ou en tapant sur des verres plus ou moins remplis.
Modifiez l'espace d'entrée de l'air et vous faites varier la note...
Moins vous l'ouvrez, plus c'est aigu et ça s'aggrave si ça bée...

2. Vous longez une route bordée d'arbres 
ou de poteaux plantés à espace régulier : 
vous obtenez une modulation de fréquence sonore 
sans toucher le moindre bouton... 
Le son diffère sur un rythme régulier 
selon que vous passez devant un poteau-arbre 
ou devant rien!
Vouououm.... Rien........................
Vouououm.... Rien........................
Vouououm.... Rien........................
Vouououm.... Rien........................

(J'fais bien la rangée d’arbres du bas-côté, hein? ☺)

3. Croisez un camion et vous bénéficiez gratuitement et instantanément:
d'une augmentation progressive de l'intensité des instruments à vent, 
Notation musicale crescendo.svg
puis d'un Music dynamic fortississimo.svgplus ou moins inattendu qui vous bouche les pavillons et vous déplace le pupitre...
    et enfin, d'une diminution progressive de l'intensité du jeu de Maestro Eole
      4. De même, si vous ralentissez l'allure, 
      si vous roulez en mezzo, 
      vous entendez alors 
      les solistes du coin, 
      les cantatrices du lieu, 
      les ténors locaux: 
      les zoziaux, les meuhs, les merles, les coqs, les cloches, 
      les trompes des commerçants ambulants 
      et toutes ces voix précieuses du monde qui s'envolent dans les airs.


      5. Et comme de délicieux messages subliminaux,
      comme des soupirs entre les notes du vent,
      les odeurs d'herbe coupée, de tarte aux mirabelles,
      de terre mouillée, de tilleuls en fleurs,
      de crottin chaud, de foin séché,
      de linge propre, de pain de maïs...
      nous ouvrent les portes du monde.

      J'aime ouvrir les fenêtres en grand et battre la mesure de la vie au rythme du vent.

      jeudi 3 juillet 2014

      & VI

      I

      Si six scies scient six cyprès, six cent six scies scient six cent six cyprès...
      C'est mathématique!
      Parfaite illustration de la notion de proportionnalité...
      Si, si...


      II
      ☺☺
      Un troène
      Deux troènes
      Trois troènes
      Quatre troènes
      Cinq troènes


      III
      ☺☺☺
      Six ails ou six aulx?
      Peu importe, ça sent fort quand on les coupe!

      Cisailles ou ciseaux?
      Peu importe, ça fait "aïe!" quand on se coupe!



      IV
      ☺☺☺☺
      On l'attend avec impatience! 
      On le veut de toutes ses forces ! 
      Il est celui qui ouvre les portes!
      Il est celui qui amène la fortune!
      Il est à l'opposé de l'un comme deux est en face de cinq et quatre en face de trois...
      On le secoue!
      On souffle un sortilège!
      On le lance!
      C'est gagné!
      Dédé a fait un six au dé!  


      V
      ☺☺☺☺☺
      sextuplés... Sextius... sixte...
      hexagone, hexaèdre, hexamètre, hexoside...
      Faudrait savoir!
       Être hex-, est-ce être sext-?
      - Ben, si! C'est six!
      Comme un sot-six, le nard-six, le cas-six, l'ab-six, on-a-six, mes-dix-six...

       VI
       ☺☺☺☺☺☺

      Demain, ils partiront...
      Depuis quelques mois, ils n'ont plus que ce chiffre en tête: 
      la sixième...

      Vendredi, ils ont dansé une dernière fois dans la cour. 
      Vendredi, ils ont joué une dernière fois au chamboule-tout.
      Ils ont pêché une dernière fois leurs petits lots dans la sciure...

      Mes grands... Mon millésime 2013/2014...
      Mes loulous vont quitter notre école de quartier et entrer au collège. 
      Ils sont prêts pour la sixième 
      et pourtant, certains se sont arrangés pour me serrer très fort dans leurs bras pendant la fête...
       Le 4 juillet, demain, 
      ce n'est pas la commémoration de l'indépendance des États-Unis
      qui nous fera verser quelques larmes...

      Les quatre beaux six* de la cour vous saluent, mes grands...



      Dans la mythologie grecque, Philémon fut métamorphosé en chêne et Baucis en tilleul afin de pouvoir rester ensemble jusqu'à la fin des temps... Dans notre cour, nous avons 4 magnifiques tilleuls donc quatre baucis...

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