dimanche 8 septembre 2019

& Crise d'identité



Il avait entendu dire que, dans la lointaine France, un chef de guerre lorrain avertissait ses ennemis en leur lançant un terrible " Ne me touche pas, je pique!" . Et cela, tout simplement parce que le sol de cette belle région était parsemé de chardons aux ânes dont les piquants acérés infligeaient d'âpres douleurs aux imprudents. Impressionnés par ce "Qui s'y frotte, s'y pique!", la plupart ne s'y frottaient point…

Dans une autre contrée de la vieille Europe, en Écosse, on respectait aussi le chardon pour ses piquants qui avaient sauvé le peuple, jadis.

Alors, pendant quelque temps, il se targua d'être une plante symbolique…

Plus tard, vint à passer un porc-épic. Longtemps, il avait cru que l'animal pouvait lancer ses immenses piquants contre ses adversaires mais à ce qu'il avait appris dernièrement, il n'en était rien. Au contraire, les piquants facilement détachables du porc-épic étaient ramassés par les peuples premiers qui s'en servaient pour faire de la broderie, du quillwork…

Alors, pendant quelque temps, il se targua d'être un petit porc-épic…

Et un jour, il fit la connaissance de Biddy le hérisson à ventre blanc! Ses maîtres qui l'avaient emmené en balade jusque là, faisaient une petite pause tout près et la jolie petite boule de piquants doux avait trottiné sur le chemin avant de repartir à l'aventure.

Alors, pendant quelque temps, il se targua d'être un petit hérisson à ventre blanc…

Plus tard, il se targua d'être une châtaigne que l'on pouvait griller et vendre dans des cornets en papier les soirs d'hiver en criant "Chauds, les marrons! Chauds!"

Et comme personne ne le croyait, alors il se targua d'être un marron d'Inde et de figurer dans les plus belles pages de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert...

"Ras-le-bol!" lui lança un jour la propriétaire du jardin. "Tu es juste un datura. Enfin, le fruit tout sec d'un datura. On t'a planté là, à côté des patates et des aubergines parce que tes feuilles attirent les larves de doryphores et qu'elles crèvent dès qu'elles te goûtent. Bon, elle est finie ta petite crise d'identité? Tu sais, tu aurais peut-être séché moins vite si tu avais un peu réfléchi. C'est pas moi qui le dis, c'est Publius Syrus: "Le temps de la réflexion est une économie de temps"...



http://libellune.com/v2/2012/08/30/datura-herbe-du-diable/
Aquarelle de Libellune

samedi 31 août 2019

& On m'avait dit

Jadis, quand j'y pensais, il m'était difficile, voire impossible, d'associer cet état à quoi que ce soit de connu de mes petites cellules grises.

D'anciennes gens, estimables ou pas, m'avaient avisée que c'était bien; d'aucuns avaient même osé le "très bien!", ponctuant leurs propos par un incontournable "Tu verras!"

Fichtre!  Cornebidouille !

Je vois !

"Pinaise!" comme dirait Omer Simpson... Non, non, ce n'est pas bien, ni même très bien, c'est GÉNIALISSIME!... 

Demain, 1er septembre 2019, je serai officiellement retraitée de l'Education Nationale mais dans ma tête et dans ma vie, je suis en retraite depuis le 5 juillet ! Et depuis cette date, je suis dans une espèce de bulle spatio-temporelle que dont je profite sans modération.

Etre en retraite c'est être vraiment soi-même, enfin ! On prend le temps, on prend son temps pour mieux le partager, on le donne, on en perd pour mieux en trouver et surtout, on ne le tue pas, au contraire, il passe très vite, si vite...

Comment peut-on redouter d'être en retraite ? Comment peut-on craindre de s'ennuyer ?
Mes petites cellules grises fourmillent de projets, d'idées...

Pendant quarante années, j'ai accompagné, guidé, conseillé des centaines d'enfants avec un plaisir immense et leur présence m'a octroyé un sublime "déni de vieillesse"...

Il me faudra bien encore quarante années pour mener à bien tout ce que je veux faire et pour doucement vieillir... 

& Le p'tit tordu

Tu réunis des feuilles, des billets, des mémoires,
Rigolo tortillon d'acier galvanisé,
On te tord, on t'écartèle, sans être sûr de te revoir
Mais tu es prêt à tout pour solidariser.
Bleuté ou doré parmi les simples
Où fièrement tu te glisses,
Neveu lointain de Dame Épingle
Es-tu sûr de toi, petit trombone au cou lisse?




dimanche 21 juillet 2019

& Quand la retraitée se souvient...

Pour empêcher la chaleur accablante de l'été de pénétrer dans la maison, les persiennes ont été fermées tôt dans la journée par la sœur aînée.
Dans la soirée, la cadette s'est affairée dans la cuisine pour préparer une rafraîchissante citronnade. 
Elle a ensuite déposé la carafe glacée et six grands verres sur un plateau de papier mâché laqué noir qu'elle a apporté sur la table basse du salon.

Les deux sœurs ont invité pour l’événement, deux fillettes et leurs parents. Tous se sont installés devant la télé, les gamines se sont assises sur le tapis tandis que les adultes ont pris place sur le canapé et les fauteuils.
Le temps s'est écoulé au rythme lent du balancier de la grosse horloge.
Les yeux rivés sur les images en noir et blanc du petit écran, personne ne parlait à l'exception de Jean-Pierre Chapel et de Michel Anfrol, commentateurs de l'O.R.T.F.

Le mot "torpeur" a alors pris tout son sens : "Ralentissement général des manifestations de la vie". Même les moustiques ont interrompu leur vrombissement exaspérant.

A Villeneuve-sur-Lot, en cette nuit du 21 juillet 1969, à l'unisson de tous ses voisins de Terre, une gamine de presque 8 ans a applaudi le premier pas de l'Homme sur la Lune.

Aujourd'hui, la gamine vient de prendre sa retraite...



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