mercredi 2 décembre 2009

& Bruits de bois

J'aurais vraiment aimé être une fée des bois,
et on ne rit pas, s'il vous plaît, là, de l'autre côté de l'écran...

J'aurais pu habiter dans un joli champignon tout blanc et tout rond, boire l'eau fraîche des sources claires, manger des fraises des bois et des myrtilles, lire à la lueur des lucioles, dormir sur un lit de mousse toute douce, parler avec Blanche Biche et le Goupil, voleter discrètement au-dessus des promeneurs du dimanche et pourquoi pas, tendre quelques pièges taquins à certains chasseurs qui oublient parfois de respecter les bonnes manières en usage dans les sous-bois.

Pas de bol, la fée Epamine n'existe pas mais je n'ai pas tout perdu. Certes, je ne suis pas fée des bois mais mes parents m'ont offert, comme cadeau de naissance, un prénom qui m'en donne l'illusion quand je traverse une forêt: je suis fille des bois...

En plus de ce prénom, beaucoup de doux et chauds souvenirs me lient à la forêt. Chaque saison d'enfance m'a emportée dans les bois en famille, avec des amis, avec des anciens, avec mon grand-père, seule...
Et la saison d'hiver, c'était celle où on "faisait du bois"...

Le silence feutré des sous-bois enneigés, les voix humaines qui résonnent entre les arbres, les bruits de hache et leur écho, les craquements douloureux de l'arbre qui tombe, le crépitement des flammes qui réchauffent les frimousses et les doigts engourdis, le crissement des pas dans la neige, les rires qui tintinnabulent comme les grelots au cou des rennes du Père Noël... Que du bonheur dans mes oreilles d'enfant!

Puis, plus tard, venait le moment de couper et de rentrer le bois.
Installation spectaculaire de cette énorme scie circulaire à table que seul mon grand-père savait manier! Le lancement des larges courroies, la mise en marche du moteur, le bruit lourd des gros rondins posés sur le plateau, le grincement strident de la lame blessant le bois puis le bruit sourd des bûches lancées sur le tas de bois dans un nuage de sciure...
Ensuite, il fallait placer correctement les bûches dans la brouette pour aller jusqu'au bûcher et là, l'honneur et la fierté de ranger le bois pour l'hiver suivant...

Lorsque j'entends aujourd'hui le son si particulier d'une scie circulaire, j'attends... et j'entends le bruit de la bûche qui tombe sur le tas de bois.
Devant mes yeux, mon grand-père est là, penché sur le plateau de la machine et j'ai douze ans!

Réserve de bois (Photo Epamin')

17 commentaires:

  1. Ah le bois comme il nous réchauffe!
    Quand on le coupe!
    Quand on le transporte!
    Quand on le scie!
    Quand on le refend!
    Quand on le range!
    Quand on le brule!
    Quand on nettoie la cheminée!

    Et puis il chauffe les coeurs enlacés devant la cheminée.

    Je vous souhaite une chaude soirée,
    Pierre

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  2. Je ne peux plus me réchauffer devant un feu de bois sans me retrouver itoument projeté quarante ans en arrière, quand gamin, je savourai le spectacle des flammes dans la vieille ferme délabrée des grands-parents... Une jolie madeleine proustienne !

    Joli billet encore une fois... :~)

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  3. comme je te comprends ! j'ai passé des dimanches entiers à chercher des champignons avec mon père , et ramasser ,pour les croquer ,les délicieuses faines ( personne ne sait plus ce que c'est) les hautes futaies de la forêt de Compiègne étaient illuminées de bleu au Printemps par les tapis des jacinthes sauvages : quelle merveille!!.
    aujourd'hui ,V coupe à la tronçonneuse les arbres morts de chez nous et je pousse la fameuse brouette ..et le feu réconfortant ronfle dans le poêle de la cuisine;
    Merci aux arbres!!

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  4. Tu m'as donné envie de remettre une bûche dans mon fourneau !
    J'y vais de ce pas...

    Je vis dans une région où la forêt est partout, et je ne me lasse pas de me régénérer à son contact.
    Longues promenades entre les arbres, feu qui réchauffe le coeur et l'âme et qui réjouit les yeux aussi: il ne faut pas se priver de ces petits bonheurs, qui ne sont en aucun cas réservés à l'enfance !

    Merci Epamin ' (Ou Sylv....???)
    J'hésite entre Sylvie, Sylviane, Sylvaine...toutes filles de la forêt...

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  5. Ton histoire de Roudoudou sur le blogue de Grimmimi Sue m'a attiré.Alors, Nanou aurait bien aimé aussi être une fée des bois. Elle aime tes histoires. Elle en invente elle aussi... C'est que Nanou a gardé son coeur d'enfant.

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  6. Epamin',

    Les yeux rivés sur l'écran, je ne peux m'empêcher de lire mot à mot toutes tes esperluettes qui me transportent partout. Dans les bois, les forêts, les boîtes de nuit, les maisons et en même temps me rappellent parfois des tendres souvenirs.

    10 cordes de bois, livrées devant la maison, qu'il faut fendre, rentrer, corder. Et plus tard, un soir d'hiver frisquet, devant un bon souper aux chandelles, mon amoureux craquera une allumette et ce sera le temps de rêver...

    Merci Epamin' c'était délicieux!

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  7. J'ai toujours eu très peur de l'énorme scie circulaire chez ma grand mère :)

    SNAKE

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  8. Bonjour,
    j'ai lu ( quelque part ) que ce pays ci, aux origines, n'était qu'une immense forêt. Par contre je n'aime pas les hommes qui coupent coupent et coupent sans relâche de nos jours et souvent sans grande utilité. Partout où je vais, en ville, en campagne, dans les rues et jardins...L'Homme de la maison ou les hommes de nos chères Municipalités (!!) se déchaînent sur les arbres et cela me laisse souvent ou pantois(e) ou excédée. Un arbre gêne ? En sont-ils sûrs ces hommes prétentieux ? Ne serait-ce pas plutôt le contraire...?

    Merci à toi fille des bois et aussi pour tes chouettes mots chez nous.
    Lôlà

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  9. J'aimais bien Marie, Marie Laforêt.

    Cent lignes pour demain ? OK !

    J'espère que mon com. va passer ce sera le troisième !!!

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  10. Mais, vous êtes réellement un fée des bois, en tout cas moi je ne vous prendrais pas pour une folle dingo si vous affirmiez mordicus une telle chose, la preuve, vos quelques mots si bien fournis, m'ont placé grâce à votre plume enchanteresse, quelques perles de rosée dans mes yeux tous émerveillés !
    Merci la fée Epamin !

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  11. je n'ai pas ri, derrière
    mon écran !

    quand j'étais tout gamin,
    je me perdais tout au fond
    du jardin ...
    derrière ce jardin :
    des champs, des bois ...

    et je partais à la chasse
    aux fées !

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  12. D'abord, un immense merci à tous!

    Ensuite, un petit mot pour chacun...

    @ Pierre Delphin =>

    Je ne sais comment vous êtes arrivé dans mes esperluettes mais cela me fait bien plaisir et je vous souhaite la bienvenue, ici, près du bon feu de bois.
    J'ai juste survolé votre blog de mots mais je compte profiter de ce week-end pour feuilleter les pages de votre dictionnaire original...
    Belle soirée à vous.

    @ Tant-Bourrin =>

    Chez mes grands-parents, c'est la vieille cuisinière en fonte qui prodiguait sa chaleur et j'entends encore le bruit de la bouilloire qui chuchotait sur le coin du feu...
    Pensée amicale pour le petit gamin devenu grand...

    @ Croukougnouche =>

    Toi aussi, tu pousses la fameuse brouette? La roue grince-t-elle?
    Je n'ai jamais mangé de faînes. Quel goût ont-elles? Celui des châtaignes?

    @ La Licorne =>

    Ah, mettre une bûche dans le feu! Geste ancestral et irremplaçable qui me procure un plaisir immense. Cela pourrait bien être le thème d'un petit billet...
    A bientôt, La Licorne, ici ou chez toi, au détour d'une de tes petites merveilles.

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  13. @ Nanou la Terre =>

    Il y a Roudoudou et roudoudou...
    A lire plus tard, ici, quand j'aurai enfin serré sur mon cœur le tout-petit qui fera de moi une mamie.

    Merci pour ton petit mot et ton nounours, là, dans la marge, à droite! Tu es ma trentième petite image alors voici un sourire rien que pour toi :)

    @ Grimimi Sue =>

    Plein de chaleur humaine et de chaleur tout court dans ton commentaire et je t'en remercie.
    Ton message aussi est délicieux...
    Roudoudou se présentera quand je serai mamie pour de vrai...Je te ferai signe et nous parlerons ensemble de nos Roudoudou...
    Pensées amies.

    @ Snake =>
    Voui, ça faisait très peur... la taille, le bruit, l'effervescence autour de cette machine, le danger permanent...mais quel souvenir!
    Merci pour tous tes petits mots, ici et ailleurs.

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  14. @ Lôlà =>
    En lisant ton commentaire, je pense au texte de Francis Cabrel "L'arbre va tomber" et aux idées souvent étranges des hommes.

    Pas difficile de mettre des chouettes mots en commentaire sur un chouette blog...

    @ Andiamo =>
    Trois essais pour papoter avec l'Epamin'! Je suis flattée et te remercie pour ta persévérance.

    Marie, ce n'est pas mal... mais ce n'est pas la bonne réponse!

    Bon we près de ton moulin à eau!

    @ Mathilde =>
    Oh, gentille Mathilde, je suis vraiment touchée par vos mots pleins de poésie !
    Je suis heureuse si mes petits billets mettent des perles de rosée dans votre regard... C'est tellement mieux que des larmes!

    @ мя. м. a dit...
    Je me doutais bien que tu ne rirais pas, toi qui a souvent le nez dans l'herbe et qui a dû voir plus d'une fée sous les feuilles de violettes ou dans les corolles des fleurs de sous-bois.

    Pensées d'Ep'

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  15. paysanheureux4/12/09 22:12

    Ému ! C'est malin ! Pleins de souvenirs reviennent en " entendant" la scie circulaire... Mêmes moments vécus chez mon grand père... Puis avec mon père... Ces immenses courroies qui faisaient tourner les machines sur lesquelles on mettait de la résine pour qu'elles ne sautent pas... Les moteurs qu'il fallait lancer !
    Tout cela est loin et si récent en même temps ! Le pétrole, c'est jeune !

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  16. Yeeeeeessssss!
    J'ai fait piquer les yeux au paysan heureux! C'est vrai, j'avais oublié la résine...
    je revois les mains de "nos" grands-pères empoigner la grosse courroie de chaque côté et la tirer de toutes leurs forces pour enclencher le système...
    Heureuse d'avoir rendu le paysan heureux le temps d'un billet!

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  17. les faînes , d'après ce dont je me rappelle, se rapprocheraient d'un goût de noisette avec un côté plus âpre, c'était très joli ces alvéoles dans chaque "coque"

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Vous êtes désormais un p'tit bout de ma vie...
Merci d'être passé(e) par ici!

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