De Sandy |
A l'inverse du promeneur qui a juste à tendre la main pour cueillir et croquer le beau fruit des vergers de Lorraine, le ramasseur de mirabelles s'éreintait du matin au soir pour grappiller une à une les jolies petites billes jaunes tombées sur les bâches.
Dans les "grandes
cultures" (c'est ainsi que ma vieille cousine appelait les fermes de
taille imposante), où secoueur et système de ramassage furent petit à petit
entièrement automatisés, on était bien loin de notre petit chantier de
ramassage, de nos interminables campagnes de récolte familiale durant lesquelles
on secouait les dizaines centaines de mirabelliers, branche par branche, avec de longs et
pesants crochets et où l'on déplaçait, d'arbre en arbre, les lourdes bâches qui
fleuraient bon… la punaise écrasée !
Sous les mirabelliers plantés par
les aïeux, on la percevait la rotation
du soleil, moi, je vous le dis… Au frais le matin (c'est que ça démarrait dès
potron-minet le chantier de ramassage!), au fur et à mesure que le soleil montait et
tournait, nous, nous nous épluchions comme des oignons, surtout si le verger
était à l'adret du coteau…
Sous les chauds rayons du soleil
d'août, on finissait très souvent la journée en tee-shirt et en short, sauf les
jours d'orage et de pluie diluvienne où l'on se protégeait avec de grands sacs poubelles…
Si légèrement vêtues, les gamines que nous étions redoutaient d'être envoyées
faire "la Bérézina"… C'est ainsi que mon cher grand-père appelait l'autre
côté des clôtures, l'au-delà des fils barbelés, le parc du voisin, la zone non
protégée dans laquelle, souvent, séjournaient, justement ce jour-là, quelques bovins plus ou moins
chahuteurs surtout les jours d'orage…
Pour nous taquiner, les grands nous y envoyaient et par-delà les fils de fer barbelés, il paraît qu'on ramassait très vite… Nous ne mettions pas non plus beaucoup de temps pour rejoindre le verger protégé mais dans notre précipitation, nos bras, nos cuisses et nos mollets étaient souvent égratignés par les piquants acérés des clôtures. Une fois de retour, on nous annonçait en rigolant que le Mimile, le Roland ou l'André avaient changé leurs taureaux de parc le matin et que nous ne craignions rien…
Pour nous taquiner, les grands nous y envoyaient et par-delà les fils de fer barbelés, il paraît qu'on ramassait très vite… Nous ne mettions pas non plus beaucoup de temps pour rejoindre le verger protégé mais dans notre précipitation, nos bras, nos cuisses et nos mollets étaient souvent égratignés par les piquants acérés des clôtures. Une fois de retour, on nous annonçait en rigolant que le Mimile, le Roland ou l'André avaient changé leurs taureaux de parc le matin et que nous ne craignions rien…
Aujourd'hui, quand j'entends le
mot "mirabelle" ou "Bérézina" ou lorsque je vois des fils de
fer barbelés le long d'une prairie, même si je songeais à oublier, je me souviendrais !
MIC du 24/03/2014
mot: rotation
image: fils de fer barbelés
citation : "Qui songe à oublier se souvient." Proverbe français
Mirabelles! Version "cousinade début années 80". Nos aïeux taquins reposent en paix... La dame au fichu , c'est L. du jour L... |
MIC du 24/03/2014
mot: rotation
image: fils de fer barbelés
citation : "Qui songe à oublier se souvient." Proverbe français
Ah la mirabelle, ce petit joyau de l'été... merci Ep' ;-)
RépondreSupprimerC'est ça, tout à fait: un joyau !
SupprimerSi tu aimes,va savourer "celles-ci Sourire d'Ep'!
Je lis cette belle évocation des travaux d'été d'antan associant les enfants et j'ai le décor en tête puisqu'il me semble en revenir (Magnières, Mattexey, Rozelieures... et un peu plus loin plus haut dans les Vosges) - La saison approche, à Rozelieures, le producteur de mirabelles fauchait-tondait sous les arbres. Vu tout de même quelques enfants et aïeux, mais surtout une maison sur deux à vendre ou vide.
RépondreSupprimerBises et belles vacances
Rozelieures?... Nos ancêtres virent donc les mêmes paysages...☺ C'est beau, les vallons lorrains, hein? Ton vélo a apprécié?
SupprimerFaucher-tondre sous les arbres des vergers, ça, on ne faisait pas: on avait les bouses!!!!, ;o)
Les villages lorrains, les "villages-rues", ont perdu leurs habitants lorsque le remembrement a affaibli les petits propriétaires (une douzaine de vaches, de nombreux lopins éparpillés, une faible mécanisation, une fin de carrière proche...) au profit d'exploitants plus jeunes, souvent réunis en GAEC, qui n'habitaient pas forcément sur la commune.
La destruction des nombreuses haies qui nous donnaient des mûres le long des chemins quand on allait chercher les vaches m'a véritablement bouleversée. Sans doute l'émotion d'une fille du bocage morvandiau :(
Merci pour ta lecture et ton commentaire.
Bises d'Ep' et bon mois d'août, où que ton guidon t'entraîne.
Pas sûr que le pépé ait eu le temps de vraiment apprécier la région et ses richesses sous le feu de l'artillerie allemande le 25 août 1914... d'autant qu'il s'est retrouvé face contre terre traversé d'une balle... Il n'a pas été achevé par les Ulhans vu son grade d'officier... et nous sommes là :-)
SupprimerQuelle terrible bataille que ces combats autour de Rozelieures ! Par ici, dans le pays haut également, la fin du mois d'août vit certains de nos villages et de nos villes sombrer dans l'horreur. Tous ces massacres, ces incendies, ces actes de barbarie perpétrés n'ont pas servi de leçon... Hélas ! Que nos petits et leurs descendants n'aient pas à vivre de telles atrocités!
SupprimerSi je comprends bien, tu es là parce que pépé avait du galon! A quoi ça tient la vie, hein,
Profite bien de celle que tu as !
Bises d'Ep'
Durant ma semaine folle entre filles, nous avons parlé de la beauté de certains mots, et, aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai cité le mot "mirabellier" je le trouve magnifique, rond en bouche, odorant et très évocateur.
RépondreSupprimerEt je tombe sur ton billet, et il n'y a pas que moi qui tombe...il y a aussi mes bras!
La photo version peinture a l'huile est très réussie.
Les mirabelles sont à la Lorraine ce que les pêches sont au midi de la France, il faut voir les vergers au printemps, un enchantement.
Très joli billet, Ep. Mais c'est un pléonasme chez toi.
Kiss céleste
Normal que "mirabellier" roule et parfume les mots de celui qui le dit... Les perles dorées qui pendent à ses branches fondent dans la bouche et embaument l'air.
SupprimerMerci, merci pour tes jolis mots tout remplis de connivence et de douceur...
Bises d'Ep'
Précieux instants et "madeleine" en forme de mirabelles.
RépondreSupprimerC'est vrai que le texte et la photo de "l'équipe au tracteur" éveillent beaucoup de souvenirs à toutes celles/tout ceux qui ont une enfance campagnarde. Sans compter la bonne odeur des prunes puis de tarte aux prunes .... je me souviens même des guêpes, pirates du jour.
As-tu déjà goûté une madeleine aux mirabelles ? C'est plus meilleur que bon :)
SupprimerLe tracteur et la fine équipe se trouvent dans la rue que l'on voit dans la bannière de mon blog mais pas à la même époque... La colline, le clocher et les arbres: mes valeurs sûres!
Bises d'Ep'
Très chère Ep' .
RépondreSupprimerQue ton billet est beau ! Que ces fruits couverts de cette poudre inimitable me rappellent les étés d'antan où la famille était réunie pour cette récolte incomparable. Que cette photo reflète la bonne humeur malgré la fatigue et que de souvenirs elle réveille en moi. Que la campagne est belle quelque soit la région car notre pays est riche en cela et là où la terre nous apporte ses bienfaits, il ne peut y avoir que du bonheur. Tous ces chers petits villages où il faisait si bon vivre, retrouveront-ils un jour cette solidarité entre les habitants et cette douceur tranquille qui donnait envie de vivre là ?
BIZZZ de DOUCY.
Les petits villages ne sont plus ce qu'ils étaient et nous souffrons de les voir vides ou occupés par des personnes qui n'ont plus l’âme paysanne mais qu'importe, ils vivent dans nos cœurs et les âmes chéries qui les traversent encore, en période de mirabelles, les font revivre dans nos souvenirs...
SupprimerBises d'Ep'
Qu'elles sont bonnes les mirabelles de Lorraine !
RépondreSupprimerQuelle belle équipe en tracteurs et ces déplacements pas tout à fait aux normes étaient courants .
Pas de mirabelles dans mes bouchures et peu d'arbres fruitiers .Donc j'ai ramassé plus de patates que de mirabelles !
C'est vrai qu'on nous associait aux travaux de l'été surtout quand la rentrée était le 1er octobre.
Merci Ep' pour ce post plein de douceur mirabellière et de gentille Berezina .
Bravo Ep" .Bises bourbonnaises
nicole
J'ai bien ri avec l'histoire du taureau que Le Mimile avait changé de pré .
Quand les anciens étaient là, la récolte nous emmenait dans la charrette tirée par Mignonne, un gros percheron que nous accrochions à l'ombre des arbres, loin de nous pour éviter les mouches et les taons (on avait déjà les guêpes et les punaises!); puis, le tracteur a remplacé la Mignonne et quand tous les hommes ont disparu, la grande charrette a fait place à un petit godet plus facile à manier... Qu'est-ce qu'on a ri dans ces campagnes mirabellières...
SupprimerC'était bien les travaux d'été quand on était tout petit: on gagnait une pièce qu'on utilisait pour acheter des roudoudous le lendemain quand le boulanger passait...
Le taureau du Mimile: des épopées dignes d'Homère...
Bises d'Ep'
Dans mon enfance , c'était Poulette qui m'emmenait , un percheron que je revois roux , presque rouge ( sûrement moins rouge que mon souvenir ).Le tracteur n'est arrivé à la ferme qu'en 1964( un petit gris ) .C'est plus ma soeurette qui a fait des transports en tracteur ..
SupprimerMerci encore pour cette évocation .Bises bourbonnaises
nicole
Poulette ! Trop mimi!
SupprimerAvec notre Mignonne (rouge poulette, si, si!), il y avait aussi Marion (gris pommelé) et Mascotte (biscotte). Les trois étaient attelés ensemble pour tirer les lourdes charrettes de paille, de foin ou en période de vendanges. C'était bien quand la campagne sentait le crottin, hein ?
Bises d'E^p'
de tels souvenirs ne peuvent s'oublier et on peut dire que c'était le bon tps
RépondreSupprimerC'était un autre temps car celui que nous vivons aujourd'hui n'est certes point le même mais il possède aussi de chouettes avantages. ☺
SupprimerSourire d'Ep'
Euh à Paris les mirabelles hein ? à part à la Mouf' !!
RépondreSupprimerUne belle histoire qui sent l'été, les joues rouges et les genoux couronnés, un récit qui se dévore sans faim, comme la tarte aux mirabelles.
Une jolie évocation du réflexe de Pavlov sur la fin ];-D
Comme j'aimerais visiter Paris en ta compagnie et connaître tous ces endroits aujourd'hui oubliés par les people et qui détiennent pourtant tant de notre histoire...
SupprimerUne de mes ancêtres parisiennes (celle qui abandonna le petit paris) logeait passage Montgallet et travaillait comme domestique Avenue de la Grande Armée.
Je suppose qu'elle ne sentait que l'odeur des mirabelles, elle...
Merci pour ton commentaire andiamesque...
Sourire et bises d'Ep'
Oui c'est près de la Nation, si tu "montes" à Paris préviens moi , envoie un pigeon voyageur, tu as mon adresse mail on se voit et j'offre le café ];-D
SupprimerMerci, dès que je monte, j'expédie mon volatile!
SupprimerBises de merci!
Sourire d'Ep'