J'ai compris qu'elle m'aimait toujours le jour où elle m'a enfermé dans une boîte. Laissez-moi vous raconter...
Ce jour-là, elle me retira de mon étagère et me coucha délicatement dans un grand carton puis referma doucement le couvercle et ce fut l'obscurité.
Vu mon grand âge, ma peau en vichy bleu déchirée en maints endroits, le velours de mon museau plus qu'élimé et ma langue en lambeaux, j'étais certain que cette boîte était mon cercueil et que ce serait ma dernière demeure...
Eh ben non!
Après quelques mouvements inattendus qui, pendant de longues minutes, me bringuebalèrent de gauche et de droite, le calme revint puis j'entendis des voix d'enfants...
J'en fus tout ému car cela me rappela lorsqu'elle était toute petite et qu'elle me parlait au creux de l'oreille (z'avez vu la taille de mes oreilles? Elles pouvaient en contenir des secrets!).
Alors un adorable jeu de questions-réponses commença au dessus de ma maison en carton (pirouette-cacahuète!) puis, du fond de ma boîte, j'entendis ces réponses:
Brusquement, les rabats du carton s'écartèrent et elle me prit entre ses mains... puis me serra sur son cœur comme elle faisait quand elle était une petite fille. Cela amusa les enfants.
Elle me tourna vers eux et lança: " Les loulous, je vous présente Roudoudou, mon doudou!"
Et je vis dans les yeux des bambins, des paillettes et des étoiles: la maîtresse avait un doudou!
Elle me présenta sous toutes les coutures (c'est le cas de le dire!) : les déchirures et points de suture dans le tissu à carreaux bleus et blancs, les petits bouts de kapok qui me servaient d'entrailles, ma longue queue de chien en peluche (Attention! Je suis un chien et non un ours, pas un "teddy-bear"; faut pas confondre!), ma truffe en plastique noir fixée toujours solidement au bout de mon museau, mes yeux orangés dans la lumière, mes deux larges oreilles, mes pattes de velours (bien que je sois un chien!) et les deux petits millimètres de feutrine, qui sortaient de ma bouche, unique vestige de ma belle langue rouge d'autrefois.
Dans ces mots, dans ces gestes, dans sa douceur, je retrouvai l'enfant qu'elle avait été et je lui fus reconnaissant, en cet instant, de ne m'avoir jamais ni abîmé, ni malmené, ni martyrisé ou oublié, depuis le jour si lointain de notre rencontre...
Aujourd'hui, alors que j'approche, comme elle, la cinquantaine, j'ai toujours bon pied, bon œil. Certes, ma peau tiraille de plus en plus mais comme je ne fais guère d'exercice, les vieilles cicatrices ne se rouvrent pas.
Je suis toujours sur mon étagère et je suis heureux.
Je sais qu'elle m'aime et qu'elle m'aimera toujours.
A lire: "Otto - Autobiographie d'un ours en peluche" de Tomi Ungerer
Eh ben non!
Après quelques mouvements inattendus qui, pendant de longues minutes, me bringuebalèrent de gauche et de droite, le calme revint puis j'entendis des voix d'enfants...
J'en fus tout ému car cela me rappela lorsqu'elle était toute petite et qu'elle me parlait au creux de l'oreille (z'avez vu la taille de mes oreilles? Elles pouvaient en contenir des secrets!).
Alors un adorable jeu de questions-réponses commença au dessus de ma maison en carton (pirouette-cacahuète!) puis, du fond de ma boîte, j'entendis ces réponses:
"Oh non, jamais je ne le jetterai!",
"Oui, c'est mon plus vieil ami!"
"Il connaît tous mes secrets!"
"Il n'est plus très beau mais il est depuis toujours avec moi!"
"J'y tiens beaucoup!"
"Je l'aime!".
Et les enfants s'écrièrent tout à coup: " C'est votre doudou!""Oui, c'est mon plus vieil ami!"
"Il connaît tous mes secrets!"
"Il n'est plus très beau mais il est depuis toujours avec moi!"
"J'y tiens beaucoup!"
"Je l'aime!".
Brusquement, les rabats du carton s'écartèrent et elle me prit entre ses mains... puis me serra sur son cœur comme elle faisait quand elle était une petite fille. Cela amusa les enfants.
Elle me tourna vers eux et lança: " Les loulous, je vous présente Roudoudou, mon doudou!"
Et je vis dans les yeux des bambins, des paillettes et des étoiles: la maîtresse avait un doudou!
Elle me présenta sous toutes les coutures (c'est le cas de le dire!) : les déchirures et points de suture dans le tissu à carreaux bleus et blancs, les petits bouts de kapok qui me servaient d'entrailles, ma longue queue de chien en peluche (Attention! Je suis un chien et non un ours, pas un "teddy-bear"; faut pas confondre!), ma truffe en plastique noir fixée toujours solidement au bout de mon museau, mes yeux orangés dans la lumière, mes deux larges oreilles, mes pattes de velours (bien que je sois un chien!) et les deux petits millimètres de feutrine, qui sortaient de ma bouche, unique vestige de ma belle langue rouge d'autrefois.
Dans ces mots, dans ces gestes, dans sa douceur, je retrouvai l'enfant qu'elle avait été et je lui fus reconnaissant, en cet instant, de ne m'avoir jamais ni abîmé, ni malmené, ni martyrisé ou oublié, depuis le jour si lointain de notre rencontre...
Aujourd'hui, alors que j'approche, comme elle, la cinquantaine, j'ai toujours bon pied, bon œil. Certes, ma peau tiraille de plus en plus mais comme je ne fais guère d'exercice, les vieilles cicatrices ne se rouvrent pas.
Je suis toujours sur mon étagère et je suis heureux.
Je sais qu'elle m'aime et qu'elle m'aimera toujours.
A lire: "Otto - Autobiographie d'un ours en peluche" de Tomi Ungerer
Roudoudou (Photos Epamin')
Il est beau ton doudou dis donc ! Ce doit être un bien sentiment que de pouvoir replonger son nez au creux du compagnon de ses nuits enfantines et d'en respirer encore l'odeur... Je ne me souviens hélas pas avoir eu de doudou mais, heureusement, Tant-Bourriquet en à un qu'il gardera lui aussi, je l'espère, toute sa vie. Bien que son état soit un peu moins reluisant que celui du tien ! :~)
RépondreSupprimerun through de mes moires -O)
RépondreSupprimerMerci Tant-Bourrin! Cela va faire très plaisir à Roudoudou de savoir que tu le trouves beau!
RépondreSupprimerSurprise: je croyais que le doudou de Tant-Bourriquet serait... Bourriquet!
Non? Non! C'est Oui-Oui!
Un Oui-Oui couvert de marques de tendresse!
MR. M., mes moires, ici, sont douces et pelucheuses: j'aime! ;o)
RépondreSupprimerBonnes vacances à toi!
Je ne me souviens plus : ai-je ou n'ai je pas eu un doudou ?
RépondreSupprimerThat's LA question !
Je te l'ai dit je ne suis pas très fidèle, même à mes souvenirs !
Je suis très émue par ce que tu as écrit.
RépondreSupprimerMoi je l'ai récupéré in extremis....
On l'a renommé "l'Ancêtre"
Tout plat, un zieu en moins, mais tout l'amour en plus. Oh, Tout ce qu'il a vu...tout ce qu'il a entendu...!!
Lôlà
PS
Hé ! je vois mon atelier-couleurs "courantdair" chez toi ! Merci !
@ Andiamo
RépondreSupprimerSi tu as eu un doudou, tu l'as aimé un jour et cela te rendait heureux à ce moment-là: c'est là l'essentiel!
@ Lôlà
RépondreSupprimerQuel joli nom que "l'Ancêtre" même avec un zieu en moins.!
Ben voui, j'ai affiché ton "courant d'air", c'est tellement vivant et coloré là-bas! (de rien!)
Que de souvenirs associés à ces doudous chéris par tant de petites têtes blondes. Avec mes amitiés.
RépondreSupprimerSouhaitons que ce ne soit que des souvenirs heureux...
RépondreSupprimerBon week-end!
C'est superbement écrit, une perle épaminesque, j'en ai les larmes aux yeux ! Merci pour ce très beau billet.
RépondreSupprimerJe transmets ton émotion et tes compliments (merci!) à Roudoudou!
RépondreSupprimerun
RépondreSupprimerbaiser
frOm
bxl
-O)
Idem, MR.M.
RépondreSupprimerô ô, ce chien (vous avez vu, j'ai bien compris, ce n'est pas un ours en peluche, mais bien un toutou) me rappelle vaguement quelque chose dans la prise de vue, mais cette publication fort originale n'a évidemment rien à voir !!!
RépondreSupprimerUn petit bijou tout simplement !!!
Quelle chance ils ont vos élèves de vous avoir comme institutrice !!!
C'est plein de trésors chez vous, et en vous !!! Une double caverne d'Ali Baba !!!
Moult félicitations pour ce blog merveilleux !!!
Merci Mathilde pour tous ces compliments!
RépondreSupprimerJ'ai beau chercher, je ne vois pas du tout à quoi peut vous faire penser cette photo de mon Roudoudou, que j'ai prise en août... J'aimerais beaucoup que vous éclairiez ma lanterne, s'il vous plaît...
Encore merci pour vos mots qui m'encouragent à continuer mon blogounet!
Un petit texte charmant et très correct de Tomi Ungerer, (il écrit parfois des textes très "hards").
RépondreSupprimerA ce jour, je ne connais que son côté "nounours"!
RépondreSupprimeroui, il est beau ton doudou! j'ai gardé aussi une "minouche" grise ,toute rappée, le ventre vide , que j'ai un peu rembourrée il y a quelques années, je n'aurais jamais eu le cœur de la jeter..
RépondreSupprimerQuand on s'appelle Croukougnouche, il est impossible de jeter sa Minouche...
RépondreSupprimerBises
Bon bien, je vous éclaire alors :
RépondreSupprimerhttp://bienplusquedesmots.blogspot.com/2010/01/ne-jamais-se-fier-aux-apparences.html
Bonne nuit Epamin !!!
Nous avions décelé, dès nos premiers échanges bloguesques, certaines similitudes d'émotions, de goûts et de centres d'intérêts entre vous et moi, mais à ce point là!
RépondreSupprimerJ'avoue avoir eu les larmes au yeux en découvrant votre cliché sépia, si semblable au mien!
J'espère que vous n'avez pas pris ma photo pour du plagiat, car vu les dates, on pourrait le penser...
Or, j'ai pris mon Roudoudou en photo en août, le jour où je me suis offert mon Lumix...
Pas de plagiat, juste deux sensibilités parfois très proches.
Bonne nuit à vous, Mathilde!
Epamin, je n'ai pas pensé une seule seconde qu'il pouvait s'agir de plagiat, ma remarque allait dans le même sens que vous, pour vous signifier que nous portons un même regard sur certaines choses et donc pour souligner nos nombreuses affinités plus qu'insoupçonnées mais bien réelles pourtant ! Comment pourrais-je penser à du plagiat ? Vous avez suffisamment de personnalité pour n'avoir à copier personne !!!
RépondreSupprimerJe vous crois les yeux fermés quand vous dites que votre photo a été prise en août ! Pas une seconde je me permettrais de mettre votre parole en doute, et puis, de toute façon, je vous l'ai déjà dit, c'était juste pour vous faire une petit clin d'oeil !
Faîtes de beaux rêves Epamin !
Avec votre doudou ?
Belle journée à vous, Mathilde!
RépondreSupprimerEpamin'
RépondreSupprimerJ'ai lu, dimanche, la belle esperluette de ce bon vieux Roudoudou. Il est chanceux d'avoir cette douce Epamin' dans sa vie de chien mais j'ajouterai que tu as eu un confident discret qui savait écouter et te consoler.
Je réalise qu'après la lecture, j'ai reçu un appel d'une mamie seule qu'on avait invitée au resto avec nous et qui voulait nous remercier... De là vient l'oubli.
Salut Roudoudou! Mais avant de partir, je te confie un secret, lève l'oreille et écoute bien.
Un jour, il y aura un petit loulou qui te racontera des esperluettes de gars...
Becs chinois xx Je t'aime déjà...
Chère Grimimi,
RépondreSupprimerComme toujours, ton message est empreint de douce tendresse et tes allusions régulières à mon petit-fils me touchent beaucoup. (il est adorable, tu t'en doutes!)
Comme nous étions convenues de "causer" de nos roudoudou(-s ou -x?) respectifs, je craignais juste que tu sois passée à côté de mon vichy bleu, d'où mon 'tit message sur ta fenêtre.
Douce nuit de la part de Roudoudou plus des bises épaminées.
Bonsoir Epamin'
RépondreSupprimerJe ne voudrais manquer aucune de tes esperluettes... et je te saluerai toujours, c'est essentiel et primordial.
Becs chinois Xx + XX
Je suis toute "zémue" par ce gentil message.
RépondreSupprimerUne très grosse bise épaminée!