dimanche 11 octobre 2009

& La meilleure façon de marcher...

... Ou de courir, c'est de pouvoir le faire!

Une immense et chaleureuse accolade à tous ceux qui passent par ici et qui sont privés de l'usage de leurs membres suite à un accident ou qui sont victimes d'une maladie handicapante.



Il y a quelque temps, une stupide chute dans les escaliers (et pourtant, j'adore les escaliers!) a momentanément diminué mes capacités, non pas intellectuelles (quoiqu'en disent certaines langues moqueuses...) mais motrices. Je me suis alors souvenue, pendant plusieurs semaines, que j'avais deux genoux et deux chevilles... Pas grave, la chute, rassurez-vous: à ce jour, l'Epamin' réépaminée gambade de nouveau comme un (vieux) cabri!

Comme à chaque fois que mon corps souffre, je me rappelle qu'il existe, mais le reste du temps, je l'oublie un peu, voire totalement..., pas vous?


Nous oublions
qu'il est à notre service
24 h/24,
qu'il connaît
par cœur son travail,
qu'il agit sans rien
nous demander,
même la nuit,
qu'il réagit quand il nous sent en danger,
qu'il anticipe,
qu'il récupère,
qu'il organise la circulation intérieure,
qu'il gère les informations extérieures,
sans nous enquiquiner par des questions du genre :
"Qu'est-ce que je fais maintenant?"
ou " Y'en a pour longtemps?"
ou encore " C'est comme ça qu'il faut faire?"...

Quoi que nous fassions, il se débrouille, il invente des stratagèmes pour nous sortir d'affaire, il fait ami-ami avec nous alors qu'on le trahit assez souvent, il nous fait la vie belle, il nous fait aimer la vie jusqu'au moment où, incapable de gérer nos bêtises, nos excès, nos imprudences ou par un injuste coup du sort, il nous lance un, puis deux, puis trois (voire davantage) avertissements pour qu'on fasse attention... puis nous abandonne.

Adolescente, j'ai lu "L'homme qui marchait dans sa tête" de Patrick Segal et cet ouvrage m'avait bouleversée.
Aujourd'hui, c'est toujours avec la même admiration totalement dénuée de pitié que je regarde ces hommes, ces femmes et ces enfants porteurs de handicap qui luttent à chaque instant contre la maladie, contre eux-mêmes, contre la société, contre les autres, pour vivre... tout simplement avec leur Grand Corps Malade...

C'est pourquoi,
le plus souvent possible (quand j'ai le temps!),
si un jour, je n'arrive plus du tout le faire
ou moins bien ou moins vite ou moins précisément,
je ralentis mon pas et je savoure avec gourmandise le plaisir de marcher,
de descendre les escaliers (puis de les monter),
de trottiner, de sautiller (ben oui, y'a pas d'âge pour sautiller!),
de courir (pas vite mais c'est quand même courir!),
de m'asseoir, de me lever,
d'effacer le tableau, de prendre une craie dans ma main,
de feuilleter les pages d'un livre,
de pianoter sur mon clavier d'ordi,
d'étendre le linge,de repasser,
de mettre la table,
de préparer le repas,
de me laver les mains,
de me laver les dents
(et le reste aussi d'ailleurs ;o))
et de frôler, de caresser, de prendre dans mes bras,
&...&...&...&...&...&...
& de vivre chaque instant à 3000%.

La vie est belle,
il ne faut pas en perdre une miette!

11 commentaires:

  1. merci tendre amie de nous le rappeler
    je t'embrasse
    je serai absente pour qq temps sur le blog (VOYAGE D'ETUDE)
    prends soin de toi et aussi de notre ami ROGER.
    BISOUS

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  2. Ep' (you there) Moi je veux que tu chantes.... en live sur ton blog!! Bizen

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  3. La souffrance n'est pas un état naturel, mais elle fait partie de la vie.
    Pour aider une personne en souffrance, il faut descendre avec elle, tous les échelons de cette dégringolade pour tenter de comprendre son état. en sorte, faire un vrai diagnostic. Il faut alors, une fois ce palier atteint, remonter à la surface, et emmener la personne souffrante avec soi. Nous ne sommes pas fait pour comprendre naturellement ces voyages, mais on peut apprendre. La souffrance est initiatique. elle nous apprend la perte. La perte d'autonomie, qu'elle soit mentale ou physique, reste une épreuve très dure pour tout un chacun, nous qui l'avons connue, bébés, la revivre adulte, est une régression terrible.. Le constat d'impuissance à se déplacer, la dépendance à l'autre, être à sa merci, développe un fort sentiment de frustration chez le souffrant, le " patient" une perte de l'estime de soit,réelle, une dé-socialisation.
    La chute, l'accident, la dégringolade décrivent bien cette rupture du rythme de vie, dont nous sommes victimes souvent brutalement. Nous connaissons bien cela en art thérapie et la façon d'aider une personne à se tirer d'un mauvais , par le biais de l'art, est une solution que marche souvent.Encore une fois, l'art, l'amour, la compréhension, l'empathie, ressentis pour son alter ego souffrant, seront les éléments humains nécessaires à toute approche des problèmes de santé à régler. Les forces mentales seront réveillées, sollicitées , soutenues et les souffrances, parfois, sublimées. Certains soignants estiment qu'il n'est pas nécessaire d'avoir souffert , pour comprendre la douleur, la souffrance. Peut-être Alors, je crois que ces hommes, parfois cyniques, n'auront pas vraiment vécu.L'humanité de s'acquiert pas seulement dans les livres,je dirai, même, pas souvent. Il faut se frotter à la vie en grandeur réelles pour comprendre certaines situations.
    Comme le dit l'amie Lilia, de Sfax,certaines personnes naissent avec un potentiel de chance et traversent la vie, sans jamais manquer de rien, sans douleur, sans souffrance. Etre ainsi, c'est être une douleur aux yeux des autres, car la vie n'est pas égalitaire. Face à ces possédants, je passe mon chemin. ils ont tout je ne leur doit rien, sauf le respect.
    Je ne suis pas attiré par la douleur. La vision d'un homme à terre déclenche, chez moi, un instinct animal de sauvetage. Il faut que je l'aide. Je pense me voir en lui, capable de prendre une partie de sa douleur dans l'immédiateté du geste qui sauve, et ma femme est faite à l'identique.
    Un ami, critique littéraire, me décrivant , parlait de moi, comme " d'un poète urgentiste".
    Je ne vois la vie de chacun que comme une urgence dont il faut s'occuper, à chaque instant pour qu'elle perdure. A partir de là, l'urgence intègre la souffrance de l'autre, l'aide, la reconstruction. Sans doute est- ce du au fait de ma déconstruction enfantine, "dans" et "par" la violence, qui, après reconstruction et consolidation, me donne cette disponibilité d'esprit et de corps.
    j'avoue avoir passé des années à y penser, avant de pouvoir en charge la souffrance des autres dans mon atelier d'art thérapie. Voilà chère Epamin', ce que m'inspire ton papier de ce jour.
    Je t'embrasse très fraternellement,
    Roger

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  4. Ton commentaire est un bel écho à mon texte...merci, Roger!

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  5. J'en suis bien conscient aussi. En Afrique où j'ai vécu un an, il y avait beaucoup d'enfants estropiés.

    SNAKE

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  6. Envie de m'arrêter ici, parce que j'en connais un qui voyage dans sa tête et qu'il est très près de mon coeur ...
    Alors, pour lui, et pour tous les autres, je t'embrasse.

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  7. Snake

    Afrique, Amérique...Snake, le blog-globe-trotter!
    Belle soirée, là où tu es!

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  8. Franzesca

    De grand cœur, je t'embrasse, toi, lui et tous les autres...

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  9. Lilia

    Bises et pensées amicales

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  10. Bizen
    Ben voyons: chanter en live, moi, ici... Plus tard...
    Biz à Bizen

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  11. Malheureusement, sans la souffrance nous ne pourrions pas savourer ce qu'est le bonheur ! Mais effectivement, il ne faut jamais oublier en contre-partie que lorsque tout va à peu près bien, il faut savoir apprécier chaque instant à 3000% et relativiser ce qu'on nomme souvent à tort des problèmes !
    J'ai publié il n'y a pas si longtemps sur le sujet, une opération et un deuxième séjour en clinique m'ayant rappelée à l'ordre pour ne pas que j'oublie qu'il faut accueillir chaque instant précieux comme un cadeau de la vie, et non comme un dû !!!

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