D'abord, ce jour-là, il faut être avec des gens qu'on aime pour pouvoir rire, échanger et rivaliser de Oh! et de Ah! toute la journée.
Puis, il faut scruter le ciel, déterminer le sens du vent, estimer les risques de pluie voire de neige. Ensuite, il faut s'équiper en conséquence. Le mieux, c'est une paire de bottes en caoutchouc, un vieil anorak (avec capuche, évidemment!), des gants et un ou deux cabas.
Enfin, comme tous les ans en cette fin du mois d'octobre, il faut s'armer de grande patience pour atteindre l'objectif. Plus de 150 000 personnes au même endroit, dans le même sens, au même moment, cela occasionne quelques ralentissements au niveau de la circulation, évidemment!...
Mais cela provoque aussi les premiers fous riresquand on regarde les passants qui passent,
les vendeurs de tickets de parking qui placent,
les dames en escarpins à talons aiguilles dans la bouillasse
et quand on traverse en voiture les champs cahoteux transformés "en parking de palace"...
Et quel bonheur, quel sentiment de victoire,
une fois qu'on a garé la voiture pas trop loin du champ de foire,
que l'on atteint enfin cet espace festif et commercial
et qu'on sait qu'on va passer une bonne journée en famille.
Condition sine qua non: il faut aimer la foule, les chocs frontaux ou latéraux avec autrui, le bruit, le mélange plus ou moins savant des odeurs de saucisses, d'andouillette, de crottin et de bouses de vaches, de gaufres et de crêpes, de fromages authentiques...
Pendant deux jours, aux abords de ce petit village lorrain (spécialement aménagé désormais), des camelots et des visiteurs de toute la France se retrouvent pour vendre et pour acheter au cours de cette foire qui était autrefois un simple marché aux bestiaux et de draps et qui se déroulait au cœur du village.
Certains éléments sont immuables depuis que je me promène dans cette foire et cela nous fait toujours rire:
- les tenues de star sexy et totalement inadaptées pour le lieu et bonnes (car totalement fichues!) à jeter à la fin des 10 kms de foire,
- les familles qui, après des heures de crapahutage, se retrouvent au détour d'une allée et s'enguirlandent à grands renforts de noms d'oiseaux, (sur le champ de foire, les communications par portable sont quasiment impossibles!)
- les petites dames ou petits monsieurs qui achètent en début de foire deux ou trois énormes couettes et ont un mal de chien toute la journée pour se faufiler dans les allées avec leurs paquetage,
- les échanges plein d'humour avec certains camelots dont la faconde est inimitable,
- les pyjamas avec des pieds comme ceux des bébés mais pour les adultes (voui, et le monsieur qui les vend est trop rigolo!),
- les vendeurs d'épluche-légumes, de brosses magiques, de grattoirs à vitres, de mitounes anti-brûlures... infatigables, inépuisables, attractifs, convaincants et convaincus,
- le soir, le retour de nous tous vers les parkings, alors que nous ressemblons aux rois mages chargés de paquets, de sacs et de cabas prêts à craquer...
Je ne sais plus depuis combien de temps je vais à cette foire annuelle et séculaire mais j'ai plaisir à y retourner chaque année.
Par instants, je m'imagine être une dame d'antan non pas en robe de velours, le cou coincé dans une fraise ou portant une collerette en éventail (mes origines sont paysannes et j'en suis fière!) mais en sabots, portant une chemise de chanvre ou de lin, une robe de droguet, un tablier et un châle et choisissant un morceau de dentelle pour orner ma coiffe du dimanche.
A l'année prochaine, là-bas!
Champ de foire (Photo Flickr)
je ne connaissais que les marchés du dimanche, à la limite la fête foraine du 14 juillet... et puis j'ai découvert "la fiera del Levante" à Bari; c'est un peu/beaucoup comme ta foire Lorraine... j'imagine les stars en escarpins....
RépondreSupprimer:)
J'aime beaucoup les escarpins qui font le pied joli et fin...mais pas dans le crottin!
RépondreSupprimerTrès belle journée à toi, si loin d'ici!
Poussay en Lorrain se dit Woodstock en Anglais non? Bizen
RépondreSupprimerwaouah! ça a l'air impressionnant ça !
RépondreSupprimerconcilier modernisme et traditions, c'est bien ça ...
:)
Faire la foire, c'est bien connu,donne un mal de tronche pas possible. Je me demande si les porteurs de couettes, n'achetaient pas un placebo destiné à calmer leurs migraines.
RépondreSupprimerSous la couette, l'inconnue se révèle et le mâle* disparait, surtout quand il est court sur pattes, comme moi.
Roger
* s'écrit, aussi, mal.
@ Bizen : Presque sauf qu'ici, sur ce champ de foire, c'est l'herbe des prairies et les jambons qu'on fume... Biz to Bizen
RépondreSupprimer@ Arf : Impressionnant vu de haut mais sur le plancher des vaches, c'est plutôt amusant. ;o)
@ Roger : j'aime bien l'expression "porteurs de couettes"... :o)
comme tu racontes bien epamin' !!!!
RépondreSupprimertu m'as fait rire, j'ai imaginé tous tes personnages. Comme toi j'aime ce genre de lieux qui mélangent toutes sortes de gens !
bonne foire à toi et amuse toi bien :-)
Merci pour le gentil compliment, Karine...
RépondreSupprimerTu ferais certainement de splendides photos dans cet espace coloré, animé et plein d'humanité...
La foire fut bonne et les rigolades nombreuses...
Faire la foire bien oui pourquoi pas mais tout d'abord une aspirine oui
RépondreSupprimerSi mal de tête, il y a avant, ...la foire soigne! ;o)
RépondreSupprimerBoudiou que cela doit être super agréable d'aller à cette foire avec vous pour passer un moment effectivement joyeux, où les marchés de cette envergure sont à eux seuls la représentation théâtrale de toute la société réunie ou presque ! Les marchés, que du bonheur, à condition effectivement d'être adaptable pour se faufiler gaiement dans cet univers haut en couleur et hors du commun !
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