mardi 11 août 2009

& Tout là-bas!

Il s'en va, les poings dans ses poches crevées... le vagabond, le chemineau.
Il vient de loin, de très loin et ses pieds dans ses souliers troués racontent son long chemin, les flaques, le froid, les pierres, les feuilles mortes, la boue, le soleil...

A pied, sans rien d'autre que son courage pour tout bagage, il va de ville en village.

Il marche sur les chemins pierreux, sans un mot, sans faiblir. Pas à pas, il s'éloigne d'un pénible hier et avance, plein d'espoir, vers un meilleur demain.
Même s'il dort à la belle étoile, dans le fossé, dans les sous-bois, sous les ponts, dans son ciel de gueux, il n'y a pas souvent de "bonne" étoile.

Bientôt, il frappera aux portes, proposera son aide, demandera l'aumône. Parfois, on se moquera, on l'ignorera, on le jettera...
Avec de la chance, il fera le bûcheron, le valet de ferme, le berger, le vannier, le palefrenier... Il aura sans doute un bol de soupe, un morceau de pain et un coin de paille au fond d'une grange. Peut-être une pièce...

En attendant, le pauvre hère marche... Que ce soit sous le chaud soleil de l'été ou sous la bise rude de l'hiver, il marche... Il marche au milieu des feuilles d'automne qui tourbillonnent... Il marche sous les arabesques des hirondelles qui font le printemps...
Il marche...
Et au détour d'un virage, au sommet d'une butte, le clocher tant attendu apparaît au bout de l'horizon. Il est là, tout là-bas, planté juste au bout du chemin, érigé comme un mât de cocagne, et à ses pieds, habitent mille espoirs.

C'est en pensant à tous ces vagabonds, à tous ces manants à qui la fortune n'a pas souri, que j'ai toujours un indicible petit bonheur lorsque j'aperçois un clocher au bout de la route, là-bas, tout là-bas...

Ville de Gijounet (Photo Daviou)

5 commentaires:

  1. C'est rudement bien écrit. On sent bien ta belle humanité là. Bises epamin' :)

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  2. So glad...

    Merci pour tes compliments qui me touchent (et c'est pas des bêtises, "tiens"!)

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  3. Alors, encore une fois, je rougis et je te dis un grand merci.
    A tout bientôt...

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  4. Je découvre avec dix ans de retard ma photo qui a servi à illustrer ce merveilleux problème, j'en suis très fier d'autant plus que durant ma petite enfance, un troubadour chansonnier passait dans les villages et contre une assiette de soupe il nous chantait une de ses composition .

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Vous êtes désormais un p'tit bout de ma vie...
Merci d'être passé(e) par ici!

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