Depuis des générations, traditionnellement, à l'heure où l'on raconte les histoires du soir, le premier des trois petits cochons construit sa maison avec de la paille.
Aux origines de ce conte qui, heureusement, n'a rien d'étiologique, le cochon pouvait sans inquiétude parcourir la campagne et ramasser ici ou là quelques gerbes blondes pour dresser sa frêle cabane et les petits enfants d'autrefois suivaient attentivement l'histoire sans s'étonner de rien.
Mais aujourd'hui, y'a un problème et il ne vient pas du loup - qui rôde dans nos campagnes vosgiennes et alpines, à ce qu'on dit - mais de la paille! Et les petits enfants d'aujourd'hui ont de quoi se poser des questions...
Jadis, avant la mécanisation des travaux agricoles, les nombreux moissonneurs d'un même village unissaient leurs efforts et coupaient puis liaient les gerbes pour les disposer en faisceaux (souvent de dix gerbes). On laissait alors le blé sécher durant quelques jours dans les champs puis on ramassait les gerbes qu'on engrangeait méticuleusement avant de le battre soit au fléau soit dans la grosse batteuse mécanique*. Enfin, on pouvait fêter joyeusement la fin des moissons. Durant cette période de grande activité collective, Messire Porcinet avait maintes occasions de prélever dans les parcelles moissonnées de quoi construire son abri.
Mais de nos jours, un seul homme moissonne un immense champ en si peu de temps que les grains sont immédiatement engloutis dans la trémie de l'énorme moissonneuse et que la paille, si elle n'est pas moulinée, est modelée, ficelée, empaquetée, plastifiée, mise en petites bottes, en grosses bottes, en balles rondes, en gros tas et ce, en quelques heures... A peine le temps de dire ouf! et le champ est nettoyé, prêt à être labouré.
Dans ces conditions, quand et où voulez-vous que notre petit cochon trouve les matériaux nécessaires à la construction de sa maison ? Comment peut-il récupérer de la paille pour se protéger du grand méchant loup ? Il a de quoi faire sa tête de cochon avant de la perdre, non?
Comme moi, vous êtes prêts à vitupérer et à vilipender les paysans, pas vrai ?
N'en faites rien, diantre!
En fait, les agriculteurs ont changé leurs méthodes de travail juste pour venir en aide au petit cochon qui trouve désormais sa maison toute faite, préfabriquée en quelque sorte et qui ne craint plus du tout le souffle du loup... Naf-Naf a juste les portes et les fenêtres à percer dans les murs de paille et à s'occuper de la déco ! On n'arrête pas le progrès!
Et il a même le choix ... De vrais châteaux de paille, non?
* Merci au coucou pour ses précisions agricoles...
Hou là ! Mais tu vas trop vite, aimable meunière ! À te lire, on pourrait presque croire qu'autrefois, on ramassait les miches dans les champs…
RépondreSupprimerOn coupait le blé, on le mettait en gerbes, en meules, puis on dépiquait : la machine arrivait à la ferme, monumentale, avec son servant juché en haut. Les gerbes défaites y étaient englouties, à la base sortait le blé ici, la balle là, la paille au bout… Des costauds venus de toutes les fermes voisines emportaient sacs et paille… C'était une énorme et laborieuse fiesta qui durait tout le jour, on mangeait presque comme à la noce… Quand j'étais gosse, j'ai "participé" plusieurs étés encore à la moisson. N'empêche que ton texte est un plaisir, comme toujours !
♪le coucou♪
RépondreSupprimerTu as raison, j'ai oublié le battage...Pfff! Mes ancêtres doivent en être fort marris!
Je corrige immédiatement mon texte et te remercie de ton message.
Très belle journée à toi, même s'il pleut!
Bises d'Ep'
Epamin' en poétesse paillo-porcine et Le coucou en fin connaisseur agricole : les deux font la paire et les cochons seront bien gardés ! :)
RépondreSupprimer♫ Christophe ♫
RépondreSupprimerLa poésie paillo-porcine...je ne connaissais pas mais cela me plaît bien...
Et tu as raison: garder les cochons avec Le coucou, cela doit être une belle occupation de vacances (hihihi!)
Les tentes "Quechua" ont remplacé les cabanes en paille depuis belle lurette ];-D
RépondreSupprimer♫ Andiamo ♫
RépondreSupprimer"Queue d'choua" ou "queue d'cochon"?
C'est rigolo ces "paillés" décorés !
RépondreSupprimerLes "batteries" étaient de très gros moments de travail pour tous et toutes mais je ne garde en mémoire que la lumière du soleil jouant dans les enveloppes des grains de blé, poussées dans l'air estival par la soufflerie mécanique !
En ce qui concerne la maison en paille, ma fille et mon (presque) gendre en ont bâti une en vrai, une qui ne craint pas le loup !
;o)
Très belle page, et quelle envolée, digne d'une maîtresse d'école qui sait ce qu' écrire signifie.
RépondreSupprimerA propos de l'homme seul dans son champ, nous avons près de chez nous, l'unique ferme ayant résisté aux promoteurs. 8O hectares cultivés par un homme seul, à part pour les récoltes. Mais, il faut savoir, malgré son courage qu'à lui seul, il empeste aussi l'air avec une espèce d'avion terrestre dépliant d'immenses ailes et crachant le pesticide,dans ces champs, sans le moindre regret. Bien sûr, nous avons le droit de respirer ce bon air, gratuitement. Plus de coquelicots, plus d'insectes, plus de papillons. Le plus grave c'est qu'il y a de l'autre côté de la route de ces immenses champs, un campement des gens du voyage, avec de vrais gens, bien en vie, des jeunes, des moins jeunes, des très vieux et qui ne disent rien mais qui n'en pensent pas moins. Oui, c'est vrai, nous avons fait des progrès dans le domaine des travaux agraires, mais dans celui du respect humain, je n'en suis pas aussi sûr.
Bonne soirée, chère Epamin'
Je t'embrasse bien amicalement.
Roger
il y a encore quelque temps, j'aimais dresser en jolis petits tas espacés , l'herbe coupée dans le pré par V et sa grosse tondeuse .
RépondreSupprimeravec un long râteau souple et de grands gestes que j'imaginais plutôt gracieux je me sentais ainsi en phase avec les "faneuses" d'antan ( avec les ampoules en prime dans la paume des mains , j'ai toujours eu horreur des gants)
je fignolais ces meules ,
me disant que ce foin pourrait bien être utile à quelque chose ou quelqu'un...mais hélas , personne n'en a eu besoin.. j'ai longtemps admiré cette installation bucolique , et peu à peu , le vent à emporté les herbes sèches .;
depuis, je laisse le foin sécher tout seul ...
Superbe article, Epamin ' sur un conte qui reste un des préférés des tout-petits ...et quelles belles photos !
RépondreSupprimerEh, eh...faudrait demander aux trois petits cochons ce qu'ils pensent de ces nouvelles méthodes...mais j'y vois au moins un avantage, moi : c'est que le loup peut toujours souffler, souffler et taper du pied, la maison d'aujourd'hui est autrement plus "costaud" que celle d'hier !
Je ne voudrais d'ailleurs pas recevoir une de ces "boules" ou "bottes" sur la tête, ça doit vous aplatir en moins de deux !
Où est donc passée la "légèreté" d'antan ? :-)
♫ Yanik ♫
RépondreSupprimerPoétique ton récit du battage!
Waouh! Quelle superbe idée de se construire une maison en paille ! Ce matériau est-il l'isolant de la maison de tes enfants ou bien ont-ils vraiment construit une jolie cabane ?
((J'espère que cette construction ne les a pas mis sur la paille...))
OK! Je sors!
Belle journée à toi!
♫ Roger ♫
RépondreSupprimerSouvent, trop souvent, le progrès nuit à l'Humanité... et ce processus a démarré dès la préhistoire !
Belle journée à toi.
Bises d'Ep'
♫ Croukougnouche ♫
RépondreSupprimerMais si tes petits tas d'herbe ont été utiles... Pense à toutes les petites bêtes qui y ont trouvé un abri, de la chaleur, des matériaux pour leur nid, de la nourriture...
Ah! Le râteau du faneur! Mon grand-père nous en fabriquait à notre taille quand nous étions petits mais les ampoules, au creux de nos mains, avaient une taille normale...
Bises d'Ep'
♫ La Licorne ♫
RépondreSupprimerMerci pour tes compliments!
Comme tu le dis, la taille des bottes de paille est énorme et sans la machine, l'homme ne peut plus travailler...
On devrait peut-être revenir à des tailles plus accessibles à l'homme, non?
Belle journée à toi et bises d'Ep'.
Chouettes tes châteaux de paille...
RépondreSupprimerMerci de ton passage sur le blog ,oui la chanson (c'est la cloche ...) rappelle de bons souvenirs le patronnage de la paroisse et le scoutisme j'aimais quand on la chanter en canon....il y a quelques années...
Bisous et douce journée ....
Thérése
C'est vrai que la vie des petits cochons n'est pas drôle, plus de paille, mais celle ci serait bien fragile lorsque le loup viendra souffler sur la maison du cochonnet, tout cela tue la poésie de mon enfance...merci de ton gentil coucou chez moi, j'ai apprécié ta visite et te souhaite la bienvenue dans mon monde un peu décalé, pfff...bise et bon après midi...
RépondreSupprimer♫ Thérèse ♫
RépondreSupprimerTu commences, ...je fais la seconde voix, d'accord!
C'est rafraîchissant de savoir que d'autres personnes éprouvent les mêmes petits plaisirs simples que nous...
Bises d'Ep' et bel après-midi!
♫ Le Pierrot ♫
RépondreSupprimerTon univers...décalé? Que nenni! Je n'y ai trouvé que des images et des mots pleins de fraîcheur, d'enthousiasme et de sensibilité...
Et un papy gaga ne peut pas être décalé; il a juste gardé (ou retrouvé)son cœur d'enfant...
Belle fin de journée et à bientôt, ici ou ailleurs!
Bises d'Ep'
Qu'il est bon de te lire chère Epamin' car on sent au travers des mots, les odeurs, on entend les bruits d'antan, on se rappelle les hommes en sueur et les chevaux piaffant pour éviter les taons. Tout une époque bien révolue même pour Porcinet qui vit souvent désormais en batterie. Dans mes rêves les plus fous j'aimerais parfois me retrouver au milieu de la nature encore vierge.
RépondreSupprimerLe modernisme est là et il faut rentabiliser ! J'ai horreur de ce mot !...
Merci encore pour ce super billet et ces superbes chateaux de paille.
BIZZZ de DOUCY.
♫ Doucy ♫
RépondreSupprimerMerci pour ton très joli et très gentil message. En te lisant, on sent ton émotion à l'évocation de ces souvenirs.
Très belle fin de soirée et bises d'Ep'
Maison en paille : une vraie de vrai ! http://maison-paille-beruges.blogspot.com/
RépondreSupprimer♫ Yanik ♫
RépondreSupprimerNe serait-ce point là la "cabane" en paille de tes enfants?
Quand je disais qu'il s'agissait désormais de châteaux de paille...
Un grand bravo pour cette idée géniale où tout est habilement et écologiquement pensé...
Je suppose que tu as mis "la main à la paille"...
Bises d'Ep'
Oui, mais quand même, parfois je me demande quel âge que j'ai, vu mes songes, et mes bêtises...mais bon, ça semble te plaire, alors chui bien content...re bises tout plein...
RépondreSupprimer♫ Le Pierrot
RépondreSupprimerNous serons très vieux avant d'avoir eu le temps de faire tout ce qu'on voulait: alors, ne perdons pas un seul instant et faisons ce que nous voulons tant que nous le pouvons...
Bises d'Ep'