Le puits, p-u-i-t-s (même au singulier!), eh bien, j'aime bien...
J'aime son orthographe étrange qui ne s'explique que par son étymologie:
- Puteus (non, non, pas grossier ce mot!) qu'ils disaient, les citoyens de la Rome antique quand ils parlaient de fontaine et de source !
- Puz, puiz ou puis qu'on disait quand on causait dans l'ancienne France. C'est pour cela qu'on a le puisard, puiser et la fille du puisatier.
- A la Renaissance, des grammairiens, sans doute revêches, vieux, snobinards et causant la bouche en cul-de-poule, soucieux d'antique authenticité, ajoutèrent le "t" étymologique pour faire plus latin et pour casser les pieds aux petits gamins dans les dictées... On peut toujours compter sur les grammairiens français pour faire dans la simplicité...
J'aime l'idée extraordinaire qu'ont eue les hommes d'antan de creuser, de creuser, encore et toujours, dans des conditions souvent difficiles, pour trouver de l'eau sans aucune certitude, parfois, d'en obtenir une seule goutte...
Il semble que ce fut une excellente idée puisque les hommes n'ont jamais cessé de creuser des puits puis (hihihi!) ils ont ensuite utilisé cette technique pour atteindre les gisements de charbon, de fer, de pétrole, pour mettre au jour toutes ces matières premières si longtemps retenues par la Terre...
J'aime la présence, la silhouette du puits qu'il soit au fond d'un jardin, dans la cour d'une ferme ou d'un château, dans le coin d'un pré, sur la place du village, au milieu de nulle part...
J'aime sa margelle basse ou surélevée, ses pierres savamment agencées qui lui donnent cette belle rondeur régulière...
J'aime les ferronneries, les manivelles, les poulies, les treuils, travaillés ou sobres qui ornent la margelle et qui sont autant de traces du travail des hommes.
J'aime son petit toit de tuiles, d'ardoises, de pierres plates ou de chaume.
J'aime le seau, vieux, fatigué, posé sur la margelle, vide d'eau mais rempli d'innombrables histoires, chargé de voix, de soupirs, de larmes et de rires.
J'aime la corde et la chaîne qui glissent, qui descendent dans les profondeurs de la Terre et qui remontent des litres de vie.
J'aime ce puits universel, ce puits creusé et rempli d'eau qui, pour tous les hommes de la Terre est synonyme d'efforts fournis, de vie, de partage (normalement!), de travail, de communauté, de rassemblement, d'espoir...
J'aime la place du puits dans les histoires et dans les contes: un enjeu pour la survie des hommes, un endroit de dur labeur souvent réservé à la gente féminine, une cachette inaccessible pour des secrets douloureux ou des objets nuisibles, un héritage à préserver, un passage obscur entre deux mondes ou entre deux temps, un espace empli de magie qui avale les méchants ou qui exauce les vœux des gentils, un lieu de rencontre bénéfique ou maléfique...
J'aime M. et Mme DUPUIS et la famille DUPUY et le vieux père DUPUITS qui, par leur patronyme, nous rappellent la place qu'avait le puits chez nos ancêtres.
J'aime "les puits de lumière", les vitraux, les fenêtres, la "flamande" lorraine par lesquels, bizarrement, la lumière provient du haut et non du bas; je me méfie des "puits de sciences" qui, pour certains, sont instruits mais pas forcément intelligents...
Et même si la vérité est au fond du puits, évitez de vous pencher trop, je tiens à vous!
Puits à Fatehpur Sikri, Uttar Pradesh, Inde (Photo Yann Arthus Bertrand)
Puits cent ! :)
RépondreSupprimerQue veux-tu que je répondes à un tel trait si ce n'est un banal "merci"?
RépondreSupprimerMon grand-père habitait l'angle de la rue des Puits et de la rue de la Paix dans sa commune, dans un tout petit village.
RépondreSupprimerEt dans cette même commune et celles avoisinantes, il avait trouvé tant de sources ...
Alors dans chaque puits que mes yeux croisent, je me dis que l'âme de mon grand-père voyage en paix.
Les puits ont des secrets qu'il convient de ne pas éveiller, mais si l'un d'eux vient jusqu'à toi alors que près d'une margelle tu es venue te reposer, ouvre bien ton coeur, tu seras alors le dépositaire d'un doux murmure ...
Bon week-end
Comme ce message est doux et apaisant à lire... J'y retrouve ton âme et ton talent de poète ...
RépondreSupprimerMerci et bon week-end à toi aussi!
Eh oui, le puits, c'est la vie, dans bien des endroits du monde...
RépondreSupprimerBel article et belle idée, merci, Epamine.
Je vous embrasse
Nathalie
Que de filons d'eau se sont entrecroisés dans les sillons poétiques et sociologiques de ton texte.
RépondreSupprimerTu as fait du cinéma dans ma tête. Là, j'entends un petit clapotis, le saut vient de toucher l'eau. Ce n'est pas une petit grenouille qui chante et attend l'ascenseur?
Zed ¦)
@ Nathalie : Votre visite dans mes esperluettes me fait toujours un bien grand plaisir... Merci pour votre petit mot!
RépondreSupprimer@ Zed : Je ne sais pas s'il y a de la poésie dans mon billet mais dans ton message, fa, f'est fûr!
Bonne soirée à vous deux!
Chère, épamin,
RépondreSupprimerMe revoilà. Je me demande si le type qui écrit à l'envers, là-haut,dans vos commentaires il est comme il écrit, court. Epamin, je plaisante et je sais que votre lecteur, il ne va pas fuir pour ça.
Bon, creusons avec les autres admirateurs...
Didactique, votre papier chère enseignante, mais savez-vous que c'est en creusant pour chercher de l'or qu'un Auvergnat( il en était à je ne sais plus combien de puits) a découvert l'Australie. Je sais, c'est moins connu que l'histoire de Christophe Colomb, mais c'est la réalité.
Ceux qui creusent, c'est pas ceux qui s'enrichissent et la guerre de l'eau est commencée. Ils vont bien réussir à nous éteindre le feu pour une poignée de sous. C'est triste quand même.
En Bretagne, je suis Breton à gros sabots, paille dedans et chapeau rond, nous avons beaucoup de fontaines et de puits. Autour de ces lieux de vie, sont nés de si belles légendes qu'elles ont engendré un peuple qui aime les entendre quand il ne les invente pas.
Si vous allez par là, un jour, vous trouverez un auditoire prêt à s'asseoir en rond, devant vous et à vous écouter leur raconter des histoires, de puits, bien évidemment et je serai là.
Fidèlement,
Roger
je repense au puits du Petit Prince ... quelque part dans le désert, si tu as soif ....
RépondreSupprimerpuits. (puis ??) bel hommage.