samedi 26 mars 2011

& Les corolles de mon coeur

Jadis, lorsqu'elle était encore parmi nous, je prenais mon téléphone en ce mois de mars et composais son numéro dès que la première fleurette de mon forsythia s'épanouissait.
Depuis qu'elle est partie - comme tu me manques, Mamie!-, je vois fleurir mon arbuste en solitaire et sans écho.

Jadis, lorsqu'il était encore parmi nous, j'adorais aller me promener avec lui dans les bois, en compagnie de ma petite sœur et de mes cousins car il connaissait les meilleurs endroits pour faire d'énormes bouquets de Primula veris alias le coucou des bois!
Depuis qu'il est parti - comme tu me manques, Pépère!-, j'ai beaucoup de mal à trouver des coucous dans les forêts.

Jadis, quand j'étais encore enfant, nous partions le week-end, en famille, cueillir les jonquilles dans les prairies de Gérardmer. Nous revenions à la maison après avoir décoré notre rutilante Simca 1100 de dizaines de ces fleurs aux pétales d'or et nous étions fiers de nos nombreux bouquets. Le lundi matin, j'en offrais toujours un gros à ma maîtresse.
Depuis cette belle époque, sa cueillette varie selon les départements et elle est régie par des arrêtés préfectoraux.
Le ramassage des bulbes est interdit et dans le meilleur des cas la cueillette ne doit pas dépasser ce que la main peut contenir. Il faut laisser les feuilles car elles permettent aux bulbes de se régénérer.

Je m'étais résignée et depuis ces temps éloignés, je regardais   avec nostalgie ces petites corolles chères à mon cœur.

Eh bien cette année, en ce mois de mars, mon cœur est heureux  :

- Dans l’immense jardin qui entoure sa nouvelle maison, ma fille possède trois forsythias. L'année prochaine, je sens qu'il y aura du téléphone dans l'air quand les arbustes revêtiront leur habit doré de printemps!

- Pour la première fois depuis très longtemps, une de mes élèves m'a offert cette semaine un magnifique bouquet de coucous des bois, pâles et délicats, les pieds bien emballés dans du papier aluminium et du coton mouillé mais gracieusement liés par un morceau de raphia noué. Pendant quelques instants, j'ai eu 10 ans, comme ma petite Margaux!

- Lundi dernier, une autre de mes élèves m'a apporté un joli bouquet de jonquilles. Une douce et émouvante image de voiture décorée de fleurs jaunes est passée devant mes yeux...

Décidément, il y en a de belles histoires de cœur dans la corolle des fleurs!

samedi 19 mars 2011

& Ni oui, ni non mais c'est d'accord!

Il en est des mots et des expressions comme des êtres vivants!
Ils naissent un jour, ici, là, par hasard puis se déplacent.
Ils s'épanouissent, grandissent, se développent, font des rencontres, se mélangent, se colorent...
Puis, peu à peu, ils s'étiolent, s'amenuisent pour disparaître et tomber dans l'oubli.

Comme les noms gravés dans la pierre des cimetières, les mots reposent donc pour l'éternité dans les pages de nos dictionnaires.

J'entends beaucoup, depuis quelque temps, une expression qui m'intrigue. J'en ignore bien sûr l'origine et je ne me souviens absolument plus de la première fois où je l'ai entendue.
Elle est très très très fréquemment employée par les jeunes adultes ayant entre 20 et 30 ans. Si, si, je vous assure...
Je n'ai pas encore entendu mes petits élèves de CM1 l'utiliser dans la cour ou dans les couloirs mais les situations scolaires de l'école élémentaire ne s'y prêtent peut-être pas vraiment...
Je suppose, par contre, que collégiens et lycéens usent et abusent régulièrement de cette expression pour ponctuer leurs SMS, leurs conversations téléphoniques et leurs papotages d'adolescents.
Quant aux copains et copines de mes parents septuagénaires, je ne sais s'ils ont également inscrit cette expression à leur lexique de séniors.

Je pense que dans tous les milieux, cette expression fuse en fin de conversation et souvent même, elle est répétée à l'envi... hihihi!  
Elle valide de manière absolue une action, un accord, un rendez-vous. Certaines personnes semblent, à l'instant même où ils la prononcent, investies d'une mission dont rien ne pourra les détourner. Pour certains, et j'exagère à peine, cela ressemble à la signature d'un pacte d'alliance.

Vous avez trouvé de quelle expression il s'agit ? On ne dit pas oui, on ne dit pas non mais on fait savoir qu'on est totalement d'accord avec ce qui vient d'être dit... 

Et si vous me racontiez un petit truc sur cette expression ?... Et là, vous me répondez : "Ok, ça marche!"

mardi 15 mars 2011

& Conjugaison

J'écris,
Tu jardines,
Il marche,
Elle s'éloigne,
On papote.

Nous pleurons,
Vous imaginez,
Elles s'envolent,
Ils ont déménagé.

En ce début du mois de mars, certains verbes sont entrés dans ma vie et se conjuguent au présent ou déjà au passé.
Certains sont doux et tendres comme un sourire d'enfant, comme deux ripatons dans des petits chaussons bleus et d'autres m'arrachent et me déchirent le cœur ; certains sont chaleureux comme des mains qui se tendent et qui se serrent, comme des regards qui murmurent et d'autres brouillent mes yeux ; certains sont remplis de promesses, de projets, de voyages lointains et d'autres assombrissent ma vie...


Et pourtant, je souris...
Eh oui ! Ces deux petits petons marchent désormais dans le vert gazon, à côté des limaçons qui ne s'attendaient pas à promener leur maison sous le regard bleu d'un si joli petit garçon...
Eh oui ! Ma citadine de fille a acheté tantôt des bottes et un râteau...et va semer carottes et poireaux...
Eh oui ! Ils sont partis loin d'ici, mais dans cet ailleurs, ils ont plein de bonheur...

Au moment où je publie mon billet, j'adresse une pensée chaleureuse et pleine de compassion à ceux qui ont tant de peine, à l'autre bout de la terre...

samedi 19 février 2011

& Tri(ll)o

Et pourtant, il faisait encore nuit...
En ce froid matin de février, le ciel offrait toujours sa noirceur à mes yeux à peine ouverts et pourtant...
En ouvrant ma fenêtre (qu'est-ce que j'aime ce moment où je dis bonjour au monde entier, là, toute seule devant l'Univers!), j'ai souri.
A l'abri des regards, ils lançaient leurs trilles dans l'obscurité et donnaient une aubade au jour naissant.
Messire Chantecler et M.Turdus Merula  "se tapaient la converse" malgré la fraîcheur de l'air et l'heure matinale. L'un après l'autre, les deux oiseaux brisaient le silence du petit matin par leurs répliques et quand les oiseaux chantent, il fait moins froid...

Ravie par la magie de l'instant, je suis restée quelques minutes devant ma fenêtre ouverte et le ciel s'est doucement teinté de lumière dorée. C'est alors qu'est entrée en scène la petite Cyanistes Caeruleus...
 
Et croyez-moi, quand le merle jase, la mésange zinzinule et le coq coqueline de concert, dès potron-minet (ce minet là ne présente aucun danger pour les passereaux, quoique...), pas besoin de prendre des vitamines. 

Dessin Pinabel  

samedi 15 janvier 2011

& Mineur majeur

Balzac 00 01
Ces mots ne  vous disent-ils rien? Moi, je les ai entendus la semaine dernière et instantanément, j'ai re-eu dix ans (Qu'est-ce que je rajeunis sur ce blog!).
Bon, si j'ajoute : 79, (aujourd'hui, c'est 39!) avenue des Champs-Élysées... Toujours pas la moindre idée? Cela m'étonne!
Et si je vous dis qu'à ces mots est associée une petite ritournelle inimitable... Non, vraiment?


Mais si, vous savez bien : un adorable petit mineur tout vêtu de bleu avec un foulard rouge, son chapeau et sa  lampe de mineur... Il lance habilement son pic dans une cible, dans un décor de chevalements et de terrils... En même temps, on entend un indicatif que tout le monde connaît aujourd'hui... Voilà, ça vous revient!

Depuis 1952, tous les cinéphiles connaissent bien ce petit mineur qui ouvre le spectacle en annonçant les publicités. Et pourquoi lui?
C'est une simple et sympathique histoire qui a conduit ce petit travailleur des entrailles de la terre jusqu'aux salles obscures...
Un pionnier du cinéma publicitaire, Jean Mineur, veut marquer les esprits des spectateurs et ouvrir les pages publicitaires par un générique percutant.
Entre son patronyme si porteur de sens et sa région d'origine, Valenciennes, Jean Mineur trouve bien vite celui qui sera le symbole de son activité: un mineur!

Dans les années trente, l'emblème de Jean Mineur était un splendide et réaliste dessin d'un mineur, assis, le pic à la main, le "mineur de Jonas" en référence à son auteur.

Mais Jean Mineur est un homme d'action, un homme de son temps et  il souhaite moderniser son mineur afin de mobiliser les esprits d'après-guerre. Il sollicite Albert Champeaux, dessinateur publicitaire, qui crée alors le petit mineur atteignant sa cible, en plein dans le mille. Les annonceurs ne s'y trompent pas et Jean Mineur devient le maître de la publicité au cinéma.

Malgré les nouvelles technologies, le petit mineur lance toujours son pic et même si les messages publicitaires n'ont plus rien à voir avec ceux d'antan, dès que le petit bonhomme apparaît, on s'enfonce confortablement dans son fauteuil et on retrouve ses yeux d'enfant, devant le grand écran...

"Le mineur de Jonas" (Dessin Annie Vène)
Timbre "La publicité" (Collection perso d'Epamin')

mercredi 12 janvier 2011

& In memoriam

Elle ne nous reconnaissait plus!
Elle ne savait plus où elle habitait!
Elle avait tout oublié: son mari, son mariage, ses enfants, ses petits-enfants, les lieux, les noms, les dates...
Quelques bribes de son enfance ressurgissaient parfois et elle parlait de sa grand-mère comme si elle l'avait vue la veille.
Ma grand-mère avait effacé son histoire de sa mémoire. Elle avait perdu notre histoire en perdant la mémoire.

Au nom de tous ceux et celles qui, comme ma grand-mère, ne savent plus rien de leur vie et au nom de leurs proches, je remercie Roger Dautais pour son travail et son témoignage.



mercredi 5 janvier 2011

& De l'art de s'enguirlander...

Les fêtes sont finies, ça y est! On a repris le chemin de l'école, du bureau, du magasin...
A défaut de SMS envoyés durant la nuit de la Saint-Sylvestre, pendant tout le mois de janvier, on souhaitera de vive voix une bonne année aux personnes que l'on rencontre, on écrira de jolies cartes de vœux à nos proches et à nos amis, on adressera quelques mails ou quelques cartes virtuelles aux inconditionnels du net.

Mais si janvier est le mois de Janus, des mots doux, des souhaits chaleureux, des bonnes intentions et des grandes résolutions, décembre est le mois où l'on s'enguirlande. Comment, vous ne le saviez pas?
On s'enguirlande pour savoir chez qui on va passer Noël : chez Mémé Paulette ou chez Tati Josiane (tiens, j'en vois qui sourient!).
On s'enguirlande pour décider si on fête le Nouvel An chez des copains ou à la maison comme d'habitude (tiens, encore des sourires!).
On s'enguirlande dans les magasins à propos de ce qu'il faut mettre dans le caddie, de ce qui s'y trouve déjà et de ce qu'on aimerait y mettre!
On s'enguirlande pour tout et pour rien mais ça, c'est au sens figuré!

Décembre est aussi le mois où l'on s'enguirlande pour de vrai, au sens propre!
Les rues, les arbres, les ponts, les bâtiments publics et les ronds-points de nos villes, les portes, les fenêtres,  les balcons, les façades et les jardins de nos maisons prennent au mois de décembre (et parfois bien longtemps avant!!!) des allures de palais des mille et une nuits, de châteaux de contes de fées.
On accroche tout, partout! De la minuscule diode électroluminescente (mais si, vous savez, la  jolie petite DEL!) à l'énorme boule scintillante de mille feux, partout,  ça s'allume, ça brille, ça clignote, ça scintille, ça fait joli, ça cache la misère, ... ça use beaucoup de courant! En plus, le résultat n'est pas toujours très harmonieux...
"Trop" n'est pas synonyme de "beau"!


Personnellement, je préfère les sobres décorations en paille et en bois des pays nordiques et les discrètes guirlandes de DEL qu'on peut allumer dans le cœur des autres à Noël (et aussi tout le reste de l'année) plutôt que les milliers d'ampoules qu'on accroche à la façade des maisons...

Noël à l'école (Photo Epamin')
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