samedi 24 août 2013

& Belle, grande et toujours bien coiffée


C'était une zirafe. Une grande copine à la petite Sophie (celle qui fait "pouic pouic" quand on appuie sur son ventre!) .
Elle était très grande comme toutes les zirafes.
Elle avait de très beaux yeux de zirafe. 
Avez-vous déjà remarqué comme les zirafes ont de beaux yeux avec de longs cils ? Comment ça, vous n'avez jamais regardé une zirafe dans les yeux ? C'est vrai, c'est pas fastoche: faut déjà avoir une zirafe sous la main - enfin sous les yeux -... faut la prendre par le cou... faut réussir à mettre ses yeux en face des siens et ce, sans choir...
Bon, bref, c'était une très belle zirafe, grande et toujours bien coiffée. Ben oui, depuis le temps qu'on dit "peigner la girafe"...


Et qui peignait la zirafe ? Qui, jour après jour, la pomponnait, la choyait, la dorlotait afin qu'elle fût la plus belle ? Atir et Youssef !

L'histoire est réelle : deux pauvres gars furent chargés durant de longues années de peigner une zirafe... mais pas n'importe quelle zirafe !

Elle était née dans la savane africaine, un jour. Un autre jour, sa mère mourut et un autre jour encore, on captura la jeune orpheline.
Un homme de pouvoir, habilement conseillé par un consul (comme quoi des con-seils de con-sul, parfois, ça sert !), se mit en tête d'offrir la jeune zirafe à un autre homme de pouvoir, pour l'amadouer (il était sûr de lui faire plaisir en lui offrant une zirafe...).

Comme une zirafe, ça prend plus de place qu'une douzaine de petites cuillères en vermeil, on prépara une expédition. Des peigneurs de girafe, des vétérinaires, des vaches laitières (pour nourrir le bébé girafe!), un trou dans le plancher du pont pour passer la tête...
"Ici, le Caire. Les passagers à destination de Marseille sont priés d'embarquer quai n° 5. Départ immédiat. N'oubliez pas de baisser la tête dans les coursives. Merci."
Pour la première fois dans l'histoire de la navigation, la figure de proue, en forme de girafe, était au milieu du bateau...




















La belle zirafe arriva à Marseille le 14 novembre 1826. Pour se remettre de la traversée, elle prit ses quartiers d'hiver dans la cité phocéenne chez un notable.
Puis, au printemps, elle "monta" à Paris, à pinces, plutôt à sabots... Plus de 800 kilomètres, les papattes emmitouflées dans des pantoufles et un petit manteau sur le dos... J'imagine les foules aux villes étapes et sur le bord du chemin: une version animalière du Tour de France!



La belle joua la star à Paris dès le mois de juin. Pas au Moulin Rouge, ni à la Comédie Française ni aux Bouffes Parisiennes mais au Jardin des Plantes et le 9 juillet 1827, Charles X, roi de France, put enfin voir son cadeau, le grand présent du vice-roi d'Egypte, Méhémet Ali : Zarafa, la première zirafe ayant foulé le sol français!
Et bien avant les modes actuelles et les produits dérivés de Batman, Dora et Johnny, on assista à la girafomania... On mettait des girafes partout et comme aujourd'hui, ce n'était pas toujours de bon goût!
















L'abus de lait de vaches étant mauvais pour la santé des girafes, Zarafa mourut de tuberculose bovine le 12 janvier 1845 et...on empailla Zarafa!











Des livres, des articles et même un dessin animé (2012) font vivre encore aujourd'hui la fabuleuse histoire de la zirafe Zarafa, belle, grande et toujours bien coiffée!













10 commentaires:

  1. J'ai vu "Zarafa" avec deux de mes petits enfants, puis je leur ai offert le livre, ils ont beaucoup aimé.

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    1. Ce qui est bien quand on est grand-parent, c'est qu'on fait des "trucs" de petits (dessins animés, pâte à modeler, coloriage, découpage, dînette...) et que ça passe inaperçu...

      Bises d'Ep' et bon dimanche!

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  2. Triste histoire comme celles de tous ces animaux trimballés pour exposition et créer l'événement.
    On faisait la même chose avec des hommes et des femmes "exotiques" !
    Tout cela participait à la politique de conquête de nouveaux territoires pleins de "merveilles".

    Est-ce que les peigneurs de girafes étaient chargés de repeindre les zèbres ? ;o)

    Belle collection historique que tu nous présentes.

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    1. L'ignorance et les "valeurs" de chaque époque font commettre, en effet, bien des atrocités et des injustices. Je crois avoir déjà cité sur mon blog, en billet ou en commentaire, l'excellent ouvrage de littérature jeunesse de François PLACE "Les Derniers géants". Lis-le et tu ne regarderas plus jamais un scientifique de la même manière...

      Quant aux peigneurs de girafe, on ne peut pas simultanément être coiffeur et peintre en bâtiment...

      Bon dimanche!

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  3. J'adoooooooore ta zhistoire de zirafe !!!
    GROS BECS

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    1. Et en plus, c'est une histoire vraie!
      Bises et bon dimanche!

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  4. Tout un événement à cette époque!
    Certaines mauvaises langues ont dit que cette agir-rafle regardait toujours les gens de haut....bien qu'elle ait la vue basse..???

    Câlinsss!!!!

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    1. Ce sont les notables qui ont dû l'avoir mauvaise: pour la première fois, justement, on les regardait de haut... Et toc!

      Bises d'Ep'!

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  5. Comme ce billet est intéressant ! Lorsque mes enfants étaient petits, le but de nos promenades était le château de la Barben en Provence. Là, se trouvait un zoo et les girafes faisaient partie de ce monde animalier. Il est vrai qu'une tête de girafe est belle, ses yeux aux longs cils sont langoureux, ses 2 petites cornes veloutées sont mignonnes à souhait et sa langue... très longue pour cueillir sa nourriture... est bleue.
    Merci pour ce beau récit .
    BIZZZ de DOUCY.

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    1. Merci pour ton commentaire qui, comme à l'accoutumée, est joliment tourné.

      Certains de mes élèves ont également la langue bleue, parfois: lorsqu'ils mangent une certaine friandise ou qu'ils ont trop mâchouillé... leur stylo bille!

      Si un jour, j'emmène mon petit-fils au zoo de la Barben, je ne manquerai pas de penser à toi... Par ici, c'est plutôt le zoo d'Amnéville pour nous: ça fait moins loin (hihihi!)!

      Grosses bises d'Ep' et bon dimanche !

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